XLV : Paranoid

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Moi : Comme convenu, les enfants sont allés à Palerme avec leur grand-mère. Ça a été difficile, certes, mais je ne pouvais pas faire marche arrière. Je devais penser à leur bien-être et à leur sécurité, plutôt qu'à mes états d'âme. La séparation a vraiment été horrible pour moi. Sans eux pour m'apporter un semblant de réconfort, je me retrouvais encore plus isolée et vulnérable face à Lorenzo. Je pensais vraiment que c'était la seule option possible...

... : Comment ont réagis les enfants ?

Moi : Chiara était bouleversée. Elle m'en voulait terriblement. J'avais beau lui expliquer que c'était pour leur bien et juste pour un temps, mais elle refusait de l'accepter. Pour elle, je les abandonnais au profit de leur père que je préférais à eux. Aucun mot ou aucun acte de ma part ne semblait lui faire changer d'avis. Avec Lorenzo, c'était encore pire. Ma fille se renfermait davantage, refusant de me parler et manifestant son désarroi par des accès de colère et une tristesse profonde. Mais je n'avais pas le choix. Il fallait que je les éloigne de là.

... : Et Matteo ?

Moi : Il était trop jeune pour comprendre pleinement la situation, mais il ressentait le vide de notre absence. Les premiers jours, il a vraiment eu du mal. Dona Sofia disait qu'il nous cherchait constamment, ne comprenant pas pourquoi nous n'étions plus avec lui. Il fallait fréquemment qu'on l'ait au téléphone sinon il piquait des crises de colère, en faisant voir de toutes les couleurs à sa grand-mère. J'étais attristée par tout ça, mais je devais redoubler de vigilance et utiliser la ruse face à Lorenzo, si je voulais survivre. C'était la seule solution.

... : Est-ce que à partir de là, la violence a un minimum cessé ?

Moi : Non. Maintenant qu'il n'y avait plus les enfants, Lorenzo laissait libre recours à ses pulsions et à son comportement déviant. Il ne me frappait plus vraiment, mais il faisait autre chose... La violence était majoritairement verbale, ou sexuelle. Lorenzo intensifiait sa manipulation, utilisant ma vulnérabilité pour renforcer son emprise. Il me faisait croire qu'il était le seul à pouvoir m'aimer, me protéger et me promettait une vie meilleure si je restais à ses côtés et faisait preuve de loyauté à son égard.

... : Sans vouloir spoiler le reste de votre histoire, permettez-moi de vous demander depuis combien de temps est-ce que... tout ça c'est terminé. Depuis combien de temps êtes vous  définitivement séparés ?

Moi : Six mois et demi. Pourtant, même aujourd'hui, sa voix, ses insultes et ses menaces sont encore présentes dans ma tête. Je l'entend toujours... j'ai beau tout faire pour sortir cela de mon esprit, je n'y arrive pas. Mais j'y travaille.

... : C'est totalement normal. Et ça finira par vous passer, j'en suis certaine. Le plus important est que tout ceci soit derrière vous désormais.

Je n'ai pas pu m'empêcher de rire nerveusement. Sur le coup, ça pouvait paraitre malpoli mais ce n'était pas du tout mon intention.

Moi : Vous êtes sûre de ça ? Interrogeais-je, ironiquement.

Vu son expression faciale, il était évident que ma question l'avait perturbé.

... : Oui. Pas vous ?

Moi : Je ne suis plus sûre de rien, maintenant. Et ce sera surement ainsi pour le restant de ma vie. À force, j'ai fini par l'accepter. C'est comme ça.


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3 ans plus tôt
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Ça fait un peu plus d'un mois que les enfants sont partis, pourtant leur présence continue de hanter mon esprit. Le seul point positif dans tout cela, c'est que j'ai enfin pu guérir de la plupart de mes blessures. Je n'ai plus de plâtre, du coup je peux à nouveau marcher et me déplacer toute seule. J'en étais ravie jusqu'à ce que Lorenzo gâche tout en recommençant à me traiter de façon humiliante.

Jusqu'à ce que la mort nous sépare.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant