XXXV : Mirage

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Moi : Lorenzo était véritablement redevenu un bon mari, et un excellent père. Je n'aurais pas pu rêver mieux. Ça faisait 5 mois qu'il n'avait plus levé la main sur moi. Qu'il ne s'était plus mis en colère une seule fois. Ça semblait surréaliste, mais je chérissais chaque instant de cette nouvelle vie que Dieu m'offrait. Nous avions pris un nouveau départ, et ça avait sauvé notre couple et notre famille. En public comme en privé, il maintenait désormais une façade parfaite. Il veillait sur les enfants et moi avec sollicitude, intérêt et amour.

... : Diriez vous qu'il avait réellement changé ?

Moi : Pendant cette période, oui. Ça ne faisait aucun doute. Il n'y avait plus de tensions. Le calme et la paix régnait à la maison. Il passait beaucoup de temps avec Enzo, cherchant désespérément à trouver une solution à sa condition. Il avait même promis que je pourrais de nouveau finir mes études quand je me sentirais prête après la naissance du bébé. J'étais aux anges. J'allais enfin de nouveau pouvoir avoir une vie sociale en dehors de ma vie de famille. Rencontrer de nouvelles personnes, et me concentrer sur autre chose.

... : Remarquiez-vous quelques signes avant coureurs pouvant pousser à croire que tout cela pouvait cacher autre chose ?

Moi : Pas vraiment, non. Il ne faisait rien qui me fasse douter de son changement. Je l'aimais et je lui faisais confiance. C'est vrai que parfois il prenait des décisions sans me consulter, mais ça ne m'inquiétait pas plus que ça car je savais qu'il aimait bien avoir le contrôle sur certaines choses.

... : Quoi par exemple ?

Moi : Il continuait de choisir comment je devais m'habiller, me coiffer, qui je devais fréquenter ou non, ce genre de choses... Mais ce n'était pas nouveau alors il n'y avait pas de quoi s'alarmer. En plus les marques sur mon corps cicatrisaient. Certaines avaient même déjà disparu. Ça me réjouissais. Malgré mon ventre qui s'arrondissait, j'arrivais à me trouver belle. Je me reconnaissais un peu plus chaque jour. J'espérais que les choses soient toujours ainsi. Que rien ne vienne briser cet équilibre familial que nous battissions pour notre avenir. Je vivais sur un petit nuage.

Elle ajustait ses lunettes.

... : Tout ceci me laisse assez perplexe, mais je préfère vous laisser poursuivre avant de tirer une quelconque conclusion.

Moi : Et vous avez bien raison. L'amour c'est très complexe. C'est à la fois la plus extraordinaire et la pire chose qui puisse arriver. Théâtre. Comédie. Mensonges. Il n'y a pas de sécurité en amour, car chacun pense qu'il doit dissimuler qu'il ne peut être aimé tel qu'il est. Apparence. Fausse façade. Un grand amour, c'est un mensonge réussi et constamment renouvelé. Pourquoi est-il impossible de faire du bien à quelqu'un sans lui faire de mal ? Pourquoi est-il impossible d'aimer quelqu'un sans le détruire ?

... : Ce sont de très bonnes questions et si j'avais la réponse, je vous l'aurais donné. Cela dit, en amour, nous nous entêtons souvent à nouer des liens symptomatiques qui ne respectent pas les transformations et la réalité de notre état. Nous essayons alors de nous changer pour l'autre ; nous faisons tout et n'importe quoi pour être aimés. La faible estime de soi qui nous pousse à nous diminuer est souvent au centre de toute relation toxique.

Moi : L'amour est un chemin compliqué, rétorquais-je. Parce que, sur ce chemin, ou les choses nous conduisent au ciel, ou bien elle nous attirent en enfer. À votre avis, où est-ce que ça m'a conduit ?

Elle m'a regardé droit dans les yeux.

... : À vous de me le dire.

Moi : Vous le savez déjà... Sinon je ne serais pas là.


Jusqu'à ce que la mort nous sépare.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant