XXII : Siblings

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... : Avant que vous ne poursuiviez Kenaya, je souhaiterais vous posez une question. Vous le permettez ?

Moi : Je vous écoute, répondis-je.

... : Dans quel état d'esprit êtes-vous aujourd'hui ?

Moi : Je ne sais pas trop, avouais-je. J'essaye d'aller de l'avant, d'oublier, d'être positive mais c'est difficile. J'aimerais vraiment en dire plus, seulement se serait gâcher l'histoire. Il est vraiment important pour moi que les gens, surtout ma famille, comprennent ce qui s'est réellement passé de façon chronologique .

... : Je comprend. Merci d'avoir répondu. Vous pouvez poursuivre.

Moi : À chaque fois que Lorenzo me frappait au point que je finisse dans un piteux état, il essayait de se contenir les semaines qui suivaient. Pour éviter les coups, il devait crier, rabaisser, insulter. Parfois il y'avait quelques gifles, des cloche-pieds, il me poussait, me tirait les cheveux, mais il tentait tant bien que mal de ne pas frapper trop fort. Je pense que c'était sa façon de se racheter même si en réalité ça n'a aucun sens. Ça reste de la violence, qu'elle soit physique ou verbale.

Elle acquiesça d'un signe de tête.

Moi : Je n'étais plus vraiment moi-même, je vivais constamment dans le stresse et la crainte. Je m'interrogeais, je me demandais si au final j'avais bien fais de quitter Londres. J'aimais Lorenzo à en mourir, certes, mais la vie à ses côtés devenait de plus en plus difficile à supporter et je ne savais plus quoi faire. Le contraste entre les moments heureux et les instants de tension rendait cet amour beaucoup trop complexe à mon goût.

Elle a de nouveau écrit dans son calepin.

Moi : On aurait dit que mon mari avait deux personnalités, ce qui me faisait repenser à ce que Livia m'avait dit par rapport à sa relation avec la fille qui s'était suicidée. La bipolarité, le changement de comportement... Ça me faisait peur pour moi-même, mais surtout pour mes enfants...


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7 ans plus tôt
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Lorenzo devait se rendre à Lisbonne pour affaires, du coup pour changer il avait décidé de nous emmener avec lui, Chiara et moi. Nous devions y passer la semaine et j'en étais ravie. Voyager était un privilège que je chérissais à chaque fois, car ça me permettait d'être loin de la Sicile et de découvrir de nouveaux horizons.

Toutefois, depuis quelques jours je dois avouer que je ne me sentais pas très bien. J'étais souvent fatiguée, j'avais des pertes d'appétits, des nausées, de la fièvre. Au début je n'y prêtait pas trop attention, je me disais que c'était passager, sauf que quand j'ai vu que ça persistait j'ai eu des doutes qui agrémentaient de plus en plus mes soupçons.

J'ai donc demandé, à l'insu de Lorenzo, à ce qu'on me fasse parvenir un test de grossesse, histoire de savoir si oui ou non j'étais enceinte. Je ne vous cache pas que j'angoissais.

Assise sur la cuvette des toilettes, j'hésitais à regarder le résultat. Chiara va seulement avoir 3 ans, c'est beaucoup trop tôt pour un deuxième enfant. Je priais intérieurement pour que ce soit juste un petit virus de rien du tout, et que je ne sois pas enceinte. Pas comme ça, et pas de si tôt.

Malheureusement pour moi, le destin ne semblait pas du même avis. Il y'avait bien deux barres sur le test, ce qui confirmait donc que j'étais enceinte. Sur le coup, je n'avais pas vraiment d'émotion. Avec l'atmosphère familiale instable dans laquelle je baigne, j'ignore si je dois le prendre comme une bonne nouvelle ou non. J'aurais vraiment voulu attendre un peu plus.

Jusqu'à ce que la mort nous sépare.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant