En rentrant la boule en ventre, n'étant jamais prête à le confronter, j'ai marché à l'allure d'un escargot. Tout en contemplant la lune à moitié pleine, j'ai la certitude d'avoir dépassé le couvre-feu. Mais par coup de chance aucun agent de police ne m'a intercepté. Le trajet de mon travail à mon domicile ne s'était fait qu'en une dizaine de minutes. Hier soir, j'en avais prit trente. Je déteste déjà ce couvre feu. La main sur la poignée, j'ai été face à un scénario encore jamais vu. Il était à terre dans le salon plongeant presque dans son vomi. J'eu presque l'envie de vomir à mon tour.
Dans l'optique d'aller l'allonger, je me suis prise un torrent d'insultes injustifiés lorsque je nettoyais ces dégâts sachant que si je ne le faisais pas, il ne l'aurai jamais fait. De mon intention, je l'ai porté à son lit et ai récolté une gifle pour l'avoir touché.
"Tu n'es qu'une salope."
"Une erreur humaine."
Ces insultes, à vrai dire, ne m'ont pas plus touchées que les centaines dernières. À force, ton cerveau se congestionne et vit avec ces mots tournant en boucle dans ta tête. Mais le résultat de son acte me vaut un bleu au niveau de la joue. N'ayant pas de maquillage, je me retrouve alors à porter des lunettes et une capuche sur le chemin pluvieux du travail. Heureuse, que nous ne soyons pas en été. Mais je ne peux m'empêcher de me tarauder l'esprit. Que vais-je dire à John ? Bryan ? Lensley ? Après de nombreuses théories sur l'explication de cette marque, je n'aurai qu'à dire que je suis tombée. La maladresse est toujours mon amie dans ce genre de situations. Elle a su me sauvé d'innombrables situations.
De nombreuses fois, justifiant des milliers de larmes, je me suis demandée : Qu'est ce que je vais bien pouvoir faire de ma vie ? Travailler et gagner à peine ce qui me sert à payer un appartement n'est pas une vie. Ne pas avoir d'amie, rire avec une amie n'est pas une vie. Beaucoup d'éléments ont changés. Beaucoup dont ma vision du futur. Les vagues souvenirs de mes pensées d'enfants, je me rappelle vouloir me diriger dans la médecine. J'aurai aimé être médecin, sauvée des vies, jurer sur le serment d'hypocrate de vouer ma vie à sauver les plus fragiles, démunies. Mais la vie décide de me laisser avec un père qui ne se souvient même pas de sa propre fille, le matin au réveil.
Le chemin du bar se fait rapidement et je ne peux m'empêcher de ressentir un sentiment de bien-être lorsque je suis entourée de cette éternelle musique de jazz. Le son de la trompette vient s'harmoniser avec les battements de mon cœur. La chaleur, les rires me procurent un sentiment de soulagement. John sert une table de trois clients ne me remarque pas. Contrairement à lui, Bryan, rencontre rapidement mes iris de son éternel sourire charmeur. Mais une chose a changé sur son visage. La malice dans ses pupilles. Sans en faire plus attention, que ce soit à Bryan ou à son comportement soudainement étrange, je pars dans les vestiaires me changer de mon tablier blanc. Capuche enlevée, lunettes également je prie tous les Dieux qu'aucune remarque ne soient faite sur ma joue.
Chaque client a sa commande alors je me dirige derrière le comptoir, à la recherche de mon chiffon. Derrière la cafetière. Sauf que cette fois-ci il n'y est pas. Où est-il passé ? Je l'avais pourtant mît ici hier soir. Je regarde les alentours pensant que le ménage en est la justification mais quelqu'un se racle la gorge, Bryan, derrière moi. Je me retourne alors comprenant à quoi était du cette malice dans ses yeux lorsque je suis arrivée. Il n'a rien trouvé de mieux que voler mon chiffon pour que je lui parle ? C'est pathétique. Mon regard se baisse inconsciemment au souvenir de mon bleu, j'essaie tant bien que mal de reprendre mon dû.
- Je te le rends à une condition m'affirme-t-il l'esprit vainqueur.
Cessant tout mouvement, mon corps me remercie de ne pas le faire souffrir en l'agitant à nouveau.
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Maudis-Moi
RomanceLa vie n'épargne peu de gens. Si ce n'est pour dire : Personne. Les aléas de la vie en détruisent certains et en reconstruisent d'autres. Mais que se passerait-il si deux âmes, brisés, pourtant si différentes, de prime abord, viendraient à se rencon...