Chapitre XLII : Trahison

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Versant plusieurs larmes le long de ma lettre, je la plie en la mettant sous le lit, que je n'oublierai pas de remettre sur le bureau lorsque je partirai au front. Je prends, par instinct, une deuxième feuille en écrivant une lettre pour lui. Comme si ce que j'avais à lui dire ne pouvait se décrire comme le reste de sa famille.

« Enzo,

Que dire ? Je ne sais par où commencer. Je n'ai jamais eu de mal à déchiffrer le monde qui m'entourait ayant bien trop prit l'habitude de cerner les personnes avec facilité. Hors toi, tu es le « mystero » que je n'aurai jamais réussi à déchiffrer. Je ne sais quelles fut les raisons de ta haine envers moi dans mes débuts dans cette famille, pourquoi tu ne cessais de m'ignorer avec brio. J'ai encore bien trop de questions qui resteront en suspens mais je tenais à te remercier. Malgré ta carapace dur comme le fer et incassable comme le béton, j'ai vu en toi une chose que tu ne voyais sûrement plus. Une véritable personne. En Italie, lorsque tu m'as dit que tu étais une âme damnée, je n'en croyais pas un mot. Une âme damnée ne se dévouerai pas pour sa famille comme tu le fais. À ta manière. Même si tu en diras le contraire, on ne se défait jamais de la famille. Je suis désolée pour ce que tu as du vivre, t'étant isolé du monde réel. Mais tu as de la chance d'avoir encore une famille. Profite en tant qu'ils sont encore présents. Parce que cela n'a pas de prix. Le passé appartient au passé et grâce à vous, j'ai réussi à m'en délasser pour voir ce qui fut à ma portée depuis le début. En face de moi. Le présent et ses opportunités. J'ai vécu des choses avec vous que je n'aurai jamais espéré pouvoir vivre un jour. J'aurai aimé avoir le temps d'effacer les blessures de ton passé pour t'aider à reconstruire les cicatrices de ton futur. Grâce à toi, vous, j'ai voyagé dans tous les sens du terme, j'ai ri, j'ai été libre à ma manière. Et j'ai également partager mon premier baiser. Une drôle d'amitié pas vrai ?

Ps : Je ne t'ai, également, jamais remercié pour le livre de Gatsby que tu m'avais offert pour mon anniversaire. Merci, sincèrement. »

Je finis d'écrire à l'aide de ma plume, en déposant ce dernier sur le bureau. La vue embuée de larmes, je réussis malgré tous à plier cette feuille et la rejoindre avec sa congénère. Ainsi, je me déshabille en enfilant les premiers habits qui fut à ma portée et regarde la penderie des yeux. Sinara ris-je par sa folie des grandeurs. J'éteins la lumière de cette pièce et m'engouffre dans ce nuage flottant. Je n'oublie de mettre mon alarme. Quatre heures quarante cinq. Je regarde le plafond, dans l'obscurité ne pouvant m'empêcher de ressentir en sentiment d'apaisement. Je leurs ai dit ce que je n'ai pu avoir l'opportunité de faire. Je n'aime opter pour la pire des situations, mais cette option n'est pas à évincer. Le risque est plus grand chaque minutes qui s'écoulent.

Sûrement une heure plus tard, j'entends la porte du rez de chaussée émettre un bruit. Est-il de retour ? Sans même le vouloir, je garde l'œil ouvert sur la porte. Les pieds dans les escaliers émettant du bruit se rapprochant. De ma porte, de moi. Est-ce Sinara ? Une ombre me signalent qu'une paire de jambes se trouvent derrière. Les secondes s'écoulent, sans que cette dernière ne s'ouvre. L'ombre s'efface, les pas s'éloignent. « Mystero » Sans réfléchir plus que je n'ai plus le faire tout le long de cette journée, mes paupières s'attaquent à ma propre réalité avant de m'engouffrer dans un inconscient, qui je l'espère, sera clément.

***

          Réveillée deux heures avant mon réveil prévu, je n'ai cessé de faire le tour de ma chambre, anxieuse. C'est le moment, le jour. Je vais enfin en finir avec Igor. Il ne sera plus un problème. J'ai déposé les lettres écrites au préalables la veille depuis une bonne heure à présent, sur le bureau. Je suis prête, en tenue de sport comme convenue au téléphone. Tout en noir, comme si j'allais à mon propre enterrement. Nina m'a envoyé un simple message me demandant si je fus réveillée. J'ai répondu, avant qu'elle ne me fasse part qu'elle se mettait en route dans une vingtaine de minutes. Le chemin est irréversible, aucun retour en arrière. Mon cellulaire vibre dans la poche de ma veste à capuche en coton. « Je suis bientôt là. » Ainsi, regardant l'heure j'y lis quatre heures quarante trois. Deux minutes et ils s'en iront en pause. Le me ronge les ongles, tourne en rond avant que vienne s'affichait le numéro cinq. Sans tarder, j'entends une porte claquée, par signe qu'ils s'en sont allées. Il est temps. Comme un chat, j'avance par petits pas, limitant les bruits d'une quelconque présence éveillée, résonner dans la maison. J'ouvre la porte doucement afin qu'aucun grincement ne se fasse entendre. J'examine le couloir et n'y voit aucun obstacle. Je descends, frêle, les marches ainsi arrivant près de la cuisine. Une étape. La deuxième, je tourne le regard vers les escaliers du sous-sol et m'y aventure à toujours à l'aide du flash de mon téléphone. Je me rappelle avoir fait du sport, ici avec lui. À ce souvenir je ne peux m'empêcher de bloquer face à la porte qui cache derrière ce ring de boxe mais me revient que le temps presse. Il peut devenir mon pire ennemi. J'avance dans ma lancée, et la porte indiquée par Nina se dresse face à moi. La dernière au jour du couloir. Bleu canard, je dépose ma main droite délicatement. Un grincement se fait entendre et j'en grimace. Cesse de faire du bruit. Je continue ma lancée avec succès. Ainsi, je suis face à un garage comme convenu. Nina est devant sa voiture à inspecter la porte que je viens d'ouvrir. Lorsque j'apparais, ses épaules s'affaissent et elle me mime de me taire en signalant de refermer la porte délicatement. Je me tourne afin d'exécuter à la tâche qui me sépare de cette porte.

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