Chapitre III : Sauver ou kidnapper ?

456 35 2
                                    

- Tu feras le chemin avec Sinara.

Sa voix consonne d'un ton rauque, froid et lourde de gravité. Néanmoins, il affirme ce propos avec tellement de détachement et de lassitude que j'en lève les yeux. De près, sa beauté est bien plus. Plus nette, plus pigmentée, à couper le souffle. Les grains de sa peau matte sont fait à la perfection, la peau lisse. Son nez dur glisse parfaitement avec la forme de son visage. Ses lèvres sont pulpeuses accompagnées, elles, d'une cigarette, bientôt entamée avant qu'il ne sorte son briquet. Ses traits sont somptueux mais pourtant durs, froids. Il daigne me regarder avant qu'une femme ne prenne la parole derrière son dos.

- Qu'est ce qu'on fout ici ?

La voix de cette dame est remplie de toute colère et de dégout si je me fie à mes sens. Lui, l'inconnu se tourne vers elle et se déplace légèrement de sorte à ce que je vois qui était derrière. Les cheveux bruns, soyeux, les yeux verts clairs presque gris, sa beauté en est presque ensorcelante. Son corps est élancée, aux grandes jambes, elles, furibondes. Ses bras se balancent en harmonie avec son buste. Néanmoins, sa magnificence en est gâchée par ces traits crispés par la colère. Qui est-elle ? Elle remarque ma présence peu de temps après qu'il se soit décalé. Ses yeux se bloquent dans les miens et elle me regarde avec une lueur que je n'ai jamais vu, m'étant destinée. Je préfère dire que j'ai du mal voir. Elle ne peut me regarder avec émerveillement. Pourquoi me regarde-t-elle ainsi ? Personne ne me regarde ainsi, en temps normal.

- Qui es-tu ?

Voici le premier propos depuis que je suis ici qui m'est adressé. Ses yeux dans les miens, j'en flanche presque. Confuse, ne comprenant rien à ma situation je lui réponds malgré mes états d'âmes.

- Az...Azura dis-je doucement.

Ma gorge me fait atrocement mal, nouée, sûrement par l'effet secondaire du produit incrusté sur ce torchon magique.

- Qu'est ce que t'as fait Enzo ? lui demande-t-elle en s'approchant.

Elle le regarde mais tout comme moi, précédemment il daigne la regarder. Je ne sais pas qui est cet homme mais sa beauté à beau être merveilleuse, il a l'air d'être, assez, méprisable. L'aura qu'il dégage en est presque écrasante, ma cage thoracique compressée. Qui est-il ?

- Suis moi.

Elle pose délicatement ses mains sur mes épaules me portant presque sous son aile avant de sortir par l'unique et seule porte de la pièce. Ce touchée est agréable mais surprenant. Par conséquent, face à tous contacts humains, je me fige sans crier gare. Sa poigne est moins dure, plus délicate que le garde. Où allons nous ? Qui sont-ils ? Je ne me débats pas, l'air moins méfiant que cette femme ne me touche. Nous sortons directement dehors accueillies par la fraîcheur tardive. Le couvre feu ? Mon père ? Qu'est ce qui se passe ? Remarquant qu'elle ne s'arrête pas et que je m'éloigne, je ne sais guère où, j'essaie de me reprendre. Suis-je dans un rêve ?

- Non...non. Je suis...attendue chez moi. Le couvre feu. Mon père m'affolais-je en secouant la tête.

Je ne peux pas payer une amende de deux cent dollars. Je n'en ai pas les moyens. Et plus j'ai du retard, plus mon géniteur risque de sortir de ses gonds et m'attendre au tournant lorsque je serai dans son champ de vision.

- Je ne sais pas comment tu t'es retrouvée ici mais toutes ses questions ne sont plus utiles maintenant.

Elle m'informe son propos toujours en tenant mes épaules de ses mains chaudes et délicates. Elle en pose une sur mon menton de sorte à ce que nous nous regardions. Je suppose qu'elle doit lire mon affolement, ma détresse ainsi que ma réticence lorsque je regarde la lune, le temps qui continue à s'écouler et sa main délicate posée sur mon corps crispé. Malgré la douleur béante dans ma gorge, broyée, j'essaie de me reprendre.

Maudis-MoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant