Chapitre XXX : Brèche

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Je touche cette robe aux perles blanche qui a su me tapé dans l'œil lorsque j'ouvris ma valise. Sinara. Est-ce une bonne idée ? Certainement pas. Mon collier appelle à enfiler cette robe. Les perles se sentent attirée entres elles, se regroupant pour un faire des milliers. Apprêtée, je me regarde donc. Non. L'ignorance est plus efficace, et emplit mon égo de bonnes ondes. Pourquoi suis-je donc habillée ? Par un élan de lucidité, je me déshabille prenant le pas sur cette hésitation. Mon avis est tranché. Je n'irai pas. Mon téléphone sur ma table de chevet, je remarque l'heure. Vingt heures. J'enfile mon pyjama, préférant choisir la seconde option. Assise sur le rebord du lit, l'air d'éviter l'inévitable, mon ventre me gronde quelque peu, n'ayant pas mangé de la journée. Je préfère l'ignorer et m'allonger sur le lit. La fatigue ne m'emporte pas, je reste donc cloîtrée à regarder le plafond étincellement blanc, sous ces draps en soi rouge.

Dix minutes passe lorsque je remarque qu'une demie heure après, je ne cesse de torturer mon estomac. Donc, je prends la décision de descendre n'ayant pas entendu un seul bruit depuis mon retour. Les marches se réduisent sous mes pieds nues, et ainsi le salon s'offre à moi. Le choc me vient lorsque j'analyse la salle à manger. N'est-ce pas ce que je crois ? Une cloche se trouve sous une assiette, aux côtés de couverts et d'un verre un cristal. Face à cette cloche, on y retrouve également un verre aux mêmes pierres, sans rien d'autre. Une carafe d'eau, une bouteille de whisky je n'ai nulle besoin d'en savoir plus. Il a emmené le dîner à nous ? Tournant le regard pour y voir l'auteur, je le remarque sur le balcon, une cigarette à la main, l'autre tenant la rambarde. De cette vue, de dos, il donne l'impression de conquérir le monde, plus qu'il n'a pu le faire. Ses épaules robustes et carré me donnent soudainement l'envie de les voir sans tissus. Tu t'entends ? Par cette pensée, je reprends mes esprits, bien plus qu'égarée. Finissant ce qui lui détruit la vie à petit feu, il se tourne en me voyant au pied de l'escalier. Nos regards s'entremêlent et une chose aussi lourde que le poids d'un éléphant vient s'abattre sur moi. Je l'ai assez côtoyé pour savoir de quoi il s'agit. Cette aura. Son aura. Il ne cesse d'inspecter chaque cellule de mon corps, et je regrette, presque, de m'être changée en l'inspectant à mon tour. Face à moi, la lumière intérieure venant égailler ses traits si sombres, son costard bleu nuit lui sculpte le corps à merveille. Une chemise blanche sous cette ensemble, une envie me parcours dont je n'en donnerai mot. Ai-je perdu la  raison ?

- Tu...as amené le restaurant à nous ?

Je n'ai pu m'empêcher de prononcer ces propos. L'ignorance, j'avais dit. Mais quelle personne ingrate serai-je si je ne relèverai pas cette attention, insoupçonnée. Savait-il que je refuserai ? Lui également a l'air perturbé d'une chose que je ne cesse de déchiffrer en vain.

- Si tu veux bien me pointe-t-il du doigt.

Ai-je fait tout ceci pour rien ?

- Pourquoi ?

Cette question en regroupe, bien, plus d'une. J'aimerai pouvoir donner du sens à tout ce qui m'entoure mais il réussit à rendre paradoxal et complexe tout ce qui l'entreprend que j'en perds mes sens, logiques.

- Tu dois avoir faim.

Il feinte l'innocence divinement bien. Voulant camper sur mes positions, mon ventre devient à présent mon pire ennemi. Il salive à l'idée de savoir ce qui se trouve sous cette cloche mais mon œsophage reste bloquée par ce qu'il me fait ressentir. Une chose frêle, égarée. J'arbore une confiance, propre à moi. Cette carapace de femme qui rien ne touche ni peut atteindre. Elle ne m'avait pas manqué.

- Tu sais bien que je ne parle pas de nourriture.

Il s'approche de moi, en contournant le salon aisément. Face à moi, son odeur vient m'enivrer m'accueillant d'un vertige douloureusement torturant. Je ne perds pas la face, garde la tête droite, les épaules raides. Il ne manquerai plus que je lui donne raison.

Maudis-MoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant