Chapitre XXI : Un passé omniprésent

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Mon coeur s'arrête pendant un temps qui me paraît interminable. Suis-je toujours en vie ? Je l'entends se secouait dans ma cage thoracique lorsqu'il cligne des yeux. Que fait-il ? Que fais-je ? Attentive à ses moindres mouvements, j'en ferme les yeux lorsque son aura vient se rapprocher de mon corps qui n'attend que plus, à mon grand étonnement.

- Si innocente laisse-t-il échapper.

Ainsi, j'en reviens à la réalité. Son aura toujours aussi proche de la mienne, ses yeux dans les miens à présent ouverts. Les joues ayant virés au cramoisi, je ne vois que son air arrogant et satisfait. Je m'éloigne de lui, me rendant compte de son souffle si proche de ma peau. Je fixe la route, ne le regardant pas. Pourquoi ai-je accepté une telle proximité ? Je jurerai l'avoir entendu murmurer un rire. Je veux sortir de cet habitacle, être le plus loin possible de lui. Je n'arrive plus à respirer depuis deux bonnes minutes. Il passe les vitesses sans mot ou rire de plus. Je n'ai jamais été aussi confuse de moi-même. Par moi-même. Qu'était donc ce comportement ? Toutes ses questions sans réponses écoulent le temps jusqu'à l'arrivée devant son domicile. Lorsqu'il coupe le contact, bien trop gênée des événements je m'en vais à l'allure d'une brebis prise en chasse. Désormais à l'intérieur, je cours vers ma chambre, m'habille en conséquence de l'heure et regagde le plafond. « Si innocente. » Tant d'arrogance en une seule personne. Qu'est-ce qui tourne pas rond chez lui ? Mais surtout chez moi ?

Aujourd'hui ce n'est pas un soleil verdoyant ou encore le champ des oiseaux qui me réveilla, mais le bruit de gouttes d'eau tombant du ciel après que la brume soit passée. Je reste sur le côté de mon coussin, face fenêtre en m'enlaçant de mes pensées. Je devrai pas l'éviter. Fais comme si de rien était. Ainsi me levant, je prie les Dieux pour ne pas me retrouver face à face, dès la matinée. Au rez de chaussée, descendant les escaliers l'allure confiante je m'assois à la tablée de festin, aussi bien garni tous les jours de la semaine. Je m'installe et me sert, malgré l'appétit réduit. Le temps passe sans bruit, apaisant mais redoutable. Sûrement dix minutes devant mon verre de jus en triturant mon croissant, la porte s'ouvre délicatement dans un grincement. Prions ensemble pour que ça ne soit lui. Je ne tourne pas la tête, ignorant comme si je ne fus pas là. La voix de mon amie résonna donc, préoccupée de bon matin.

- Azura me lança-t-elle.

Soulagée mais mitigée par ce ton, je tourne le regard et lui sourit. Je me lève la prend délicatement dans mes bras, et attend ce dont elle a à me dire. Ce n'est pas un passage de courtoisie.

- Bonjour. Comment tu vas ?

- Bien et toi ?

La réponse est incrustée sur son visage.

- Tu me fais confiance ?

Elle n'a pas l'air d'avoir le temps de tergiverser ni même la patiente. Quelque chose la préoccupe  grandement, ne laissant aucune trace de sa joie et sa confiance habituelle.

- Oui dis-je sans hésitation.

- Je ne peux pas passer par quatre chemins car le temps presse. Alors pardonne moi d'avance...Que... t'as fait ton père ?

Cette demande résonne à l'intérieur de moi, n'iriguant plus de sang jusqu'à mon cerveau. Cette question, est inhabituelle. Du jamais vu. Pourquoi me demande-t-elle ceci ? Par le choc, j'en lève le regard ainsi la regardant, elle, l'air perdue.

- Qu...quoi ?

Voici les seuls mots qui ont su extériorisés l'étonnement, la peur que je ressens. Parler de cet homme aura toujours son effet indéniablement douloureux. Nettement plus depuis que je sais que je ne suis la personne qui détient mon retour entre les mains. Veut-elle savoir que je suis en danger, si j'y retourne, pour m'y emmener à nouveau si son frère en est au courant ? Elle s'approche de moi, l'allure bienveillante de petit pas pour ne pas me brusquer. Je lui avais déjà lancé une bribe de ce que j'avais vécu. Jamais dans les détails. Je vis avec eux, il est peut-être légitime qu'ils soient au courant d'éléments sur ma vie ?

Maudis-MoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant