Chapitre XVIV : Rêve étrange

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Emportée par la beauté somptueuse de ce livre, je n'ai que très peu dormi. Peut-être trois heures ou quatre avant que le soleil ne vienne taper à la porte des fenêtres. Je ne sais, si Sinara a tant cherché ce livre ou l'avait déjà dans sa bibliothèque mais il est parfaitement à mon goût, si j'en crois le nombres de pages dévorés par mes yeux. Engloutie par mes doigts. L'histoire, à présent, au milieu, en est forte en émotion. Il évoque de nombreux sujets comme la passion, la naïveté, l'émerveillement de la richesse. J'ai comme l'impression que ce livre est en léger accord avec le monde dans le lequel je vis, et vivrai aussi longtemps qu'il le voudra. En fermant le livre à contre cœur, afin de descendre l'appétit légèrement retrouvé je m'en vais au rangement et la propreté. Tout en laissant mon livre sous mon coussin, afin qu'il n'enlève le plaisir que j'éprouve, parce que l'envie lui chante. Descendue, j'en remarque la table garnit comme les autres jours de la semaine, à rebord. Je m'installe, la tête dans les pensées. Verre de jus coulant dans mon gosier, viennoiserie à la main. C'est étrange, mais la lecture de ce livre a ouvert en moi quelques portails que je ne soupçonnais guère. La beauté des soirées de Gatsby, le personnage principal de mon livre, m'en donnent presque l'envie d'y être et de participer à ce monde haut en couleur. Mais je ne suis en capacité, mon anxiété ne me le permettrai pas. Le téléphone fixe se met à sonner, la où Bianca arrive comme par magie. Elle prend l'appel qui lui ne dure que de maigres secondes avant de venir à moi, l'air conventionnel.

- Le programme de ce soir a changé. Sinara et Dona arriveront ici dans une dizaine de minutes.

Le ton de Bianca, imbibée de politesse s'éclipse aussi vite qu'elle n'est apparue dans les alentours. N'ayant pas même le temps d'opiner sans qu'elle ne le voit, j'entends des pas dévalisées l'escalier. Ce bruit rapide, m'en fait rapidement tourné la tête ainsi voyant le propriétaire des lieux au téléphone. Tout en inspectant les lieux du regard en répondant à l'inconnu au téléphone, il a l'air de chercher quelque chose. C'est en le voyant arrivée, que je me souviens de mon rêve, agitée. Pourquoi ai-je rêvé de lui ? Dans une situation telle, inconnue ? Mes lèvres posées délicatement sur les siennes, j'en veux à mon cerveau de me torturer l'esprit même lorsque je n'en suis consciente. De rêves érotiques, je n'en ai jamais fait. Pourquoi cela devrait-il tomber sur lui ? Qu'ai-je fait pour être ligotée de la sorte ? Il est vrai que je n'ai jamais été touché par quelqu'un, ni même embrasser quelqu'un. Des œufs dans mon assiette, du bacon, je préfère me concentrer dessus. Je mange à ma guise, encore remuée à l'intérieur par ce rêve totalement absurde. La tension est oppressante, mon pou s'accélère silencieusement en moi. J'expire d'aise lorsque la porte s'ouvre trois minutes plus tard. J'aime le timing parfait de cette famille.

- Marco est tombé. Roberto a fait son rapport hier soir.

Je remarque la voix ensorcelante de Sinara par ce grain de voix magique.

- On a fait du bon boulot mais il reste Dop. Nous verrons ça avec Rican.

La voix de Vincenzo me fait malgré moi sourire. Puisqu'il vit à Rome, je ne l'ai que très peu vu ce mois-ci.

- Azura lance Sinara.

Elle m'accueille d'une accolade en me souriant du début à la fin. Vincenzo reste malgré lui, poli tout en me tendant la main.

- On peut cesser les formalités ? lui dis-je moqueuse.

Il agit comme si nous étions de simple collègues, d'une démarche formelle et réservée. Il laisse tomber sa main le long de son corps, avant de venir m'enlacer. Mon corps se contracte même si c'est cela que je désirais. Foutu traumatisme. C'est étrange, mais ce que je ressens lorsque nos peaux se touchent n'est guère l'équivalant de ce qu'il se passe en moi lorsque la peau de son grand frère rentre en contact avec la mienne. Pourquoi pense-je à lui ?

Maudis-MoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant