Pourquoi est-ce lui qui choisit alors que Vincenzo m'avait dit que leurs décisions se prenaient en famille ? Sans trop réussir à assimiler leurs dires, je le regarde, lui.
- Quand comptais-tu me le dire ?
L'ignorance est donc la seule réponse de sa part. Ce mutisme m'étant désagréablement culotté, je rétorque à nouveau. Comment peut-il être si doué pour ignorer quiconque ?
- En plus tu daignes ne rien dire ?
Le ton que je prends ne lui plaît guère, pourtant je n'en ai que faire. J'ai capté son attention et ne peux pas m'arrêter, guidée par la colère logée dans mes veines les plus vitales.
- Tu comptais ne jamais me le dire ? Attendre que je me fasse kidnapper avant que je comprenne la situation ? Voire pire ? C'est quelque chose qui me concernait, j'avais tous les droits d'être informée.
Comment réagirai-t-il dans ma situation ? Être constamment dans le flou de sa propre vie ? Certainement frustré, en colère que l'on décide à sa place. Mais remettons les pieds sur terre et les pendules à l'heure. Enzo ne se retrouvera jamais dans une situation telle qu'elle. J'en oublie la famille qui m'entoure. Eux, sont de mon camp. Pas lui. Il insère son regard dans le mien, pour la première fois où je suis apparue ce matin.
- T'as fini ? aboie-t-il à son tour.
Les hostilités démarrent, et j'ai comme l'impression que ça ne sera pas beau à entendre.
- Tu crois que j'ai demandé à faire le garde du corps ? Pour me trimballer en bonus une femme que son père daigne aimer ?
Mon cœur s'abat sur le sol, mon cerveau s'effondre. Il a frappé la où ça fait mal, là où mon cœur tente de cicatriser malgré les séquelles encore bien trop vives. Mes tympans sifflent, mon corps lâche. J'ai l'impression que je quitte mon propre corps. Je sais bien comment il est, comment il fonctionne. Il blesse, s'éloigne pour être seul. Je l'ai analysé, sans en savoir sur son passé, contrairement à lui. Même si j'essaie de le comprendre, essayant constamment de jouer avec le feu, je finis par me brûler les ailes. Il a réussi. Il m'a brûlé à vif sur une plaie encore saignante. Je ne sais jamais ce qu'il pense, et il m'en fait, enfin, part. En fin de compte, je crois que je n'aurai jamais préféré savoir.
- Enzo affirme Sinara, et Dona outrée.
- Va te faire foutre lâchais-je au bord du précipice.
Mon corps en état de choc, je cesse de le regarder, son regard lourd pesant sur moi. Je m'efforce de garder la tête droite, ne pouvant voir quelle émotion impénétrable le parcoure, et ne veux le savoir. Respire Azura. Lorsque je pense bâtir quelque chose de potentiellement, cohérent il vient tout envoyer valser simplement de son revers de main. La voix de mon ami, vient se faufiler.
- Nous avons décidés de partir en Italie. Pour avoir un meilleur angle de vu sur la situation. Nous partons aujourd'hui.
J'acquiesce sans trop assimiler les dires de Vincenzo. Mes larmes menacent de couler, avant que je n'inspire un grand coup. Il ne le mérite pas. Pourquoi suis-je si blessée d'une affirmation que je sais depuis l'âge de huit ans ? Je savais, que le savoir, me pénaliserai. J'aurai du m'écouter. Je me lève, en confrontant un vertige et décide de monter, aux côtés de Sinara afin de faire ma valise. Je dois penser à autre chose. Je dois faire autre chose. Je ne veux pas m'effondrer plus que je n'ai pu le faire. Je ne veux pas avoir cette étiquette de femme qui ne fait que pleurer par les aléas que la vie a à lui amener. Sinara ne dit rien de plus, en comprenant mes intentions en sortant une valise du dressing. Même si, je sais que l'un des rôles de Bianca est de nous alléger de tâches, le plus possible, je dois occuper mon esprit. Elle le comprend, en m'aidant à la déposer sur le lit. Ainsi, dans un silence bruyant, pour ma part, nous faisons ma valise eux ayant déjà des affaires dans ce penthouse.
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Maudis-Moi
RomanceLa vie n'épargne peu de gens. Si ce n'est pour dire : Personne. Les aléas de la vie en détruisent certains et en reconstruisent d'autres. Mais que se passerait-il si deux âmes, brisés, pourtant si différentes, de prime abord, viendraient à se rencon...