Chapitre XVIII : Jour à celebrer (ou non)

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           La nuit dernière fut assez mouvementée, comme les précédentes. Nettement plus depuis que Bianca m'a fait part de la date exacte de ce jour. Le quinze novembre. Le jour de mon anniversaire, il y'a de ça, maintenant vingt deux ans. Le jour où ma mère ne se doutait nullement du tournant que ma vie allait prendre. Du jour où elle ne savait qu'elle allait succombé d'un cancer du sein. Ce jour était simplement synonyme de joie et bonheur. Je n'imagine comment mon géniteur devait être. Ni même si lui avait décidé du tournant de ma vie, sans en faire part à ma mère. Ce jour, j'aimerai le passer le plus rapidement possible. Mais déjà deux heures, après m'être retournée dans chaque recoins de ce lit, à espérer que le soleil se couche, rien n'y fait. Le temps est long, interminable, atrocement torturant. Je n'en ferai part à personne de cette date, qui est importante pour le reste du monde. Tout le monde aiment célébrer son anniversaire. Ce jour est censé être joyeux, entourée des gens qu'on aime. Je me retrouve avec un homme qui me déteste, que je déteste, sous le même toit. Par conséquent, je n'en dirai un mot. Bianca ferait d'autant plus à manger, appétit que je n'ai plus. Rien ne sert de leurs en informer. À quiconque.

Comprenant que le temps passera bien plus doucement si je reste dans ce lit, je prends la décision d'aller faire un tour dans le jardin. La température est la raison de mon pull en laine blanc. M'aventurant donc à l'extérieur, pensive, je me demande si ma mère me voit. Que penserai-t-elle de ce que je suis devenue ? L'endroit où je vis à présent ? Serait-elle fière ? Heureuse ? Garde-t-elle toujours un œil sur son unique et seule enfant ? Émue par mes pensées lui étant destinées, je balaie mes joues humides en retournant à l'intérieur, lorsque le ciel se met également à pleurer. La pièce est vide de silence, Bianca sûrement partie faire des courses. Ou en repos. Je m'assois sur le canapé, l'air d'en avoir que faire de la télé. La porte ouvre et se ferme rapidement sans que je ne me retourne. Les pas non pas cette même tonalité que lorsque Bianca habite la pièce. Mais sont bien ceux d'une personne que j'évite depuis un certain temps. Comprenant sa présence, sûrement dans la cuisine, je me lève à nouveau sans un regard derrière moi.

- Attend.

Cette voix en fait démarrer mon cœur à toute vitesse. Que me veut-il ? Ai-je halluciné ? Mal entendu ? Stoppée dans mon élan par l'étonnement, mes larmes ultérieures s'apprêtant à couler. Je souffle un bon coup, les orbites sûrement rouges sang. Je ne me tourne guère attendant ce qu'il a me dire sans avoir à le regarder.

- Retourne toi.

Son propos même si il ne veut me laisser sous-entendre comme un ordre en a tout l'air. Par conséquent, mon corps se fige légèrement sans pour autant me retourner. J'en suis incapable, épuisée. Étonnamment, l'air de le comprendre, des pas s'ébruitent derrière moi et me voici face à sa carrure imposante et dangereusement belle. Face à cette proximité, mon corps recule d'un pas dans l'escalier sans le confronter. Je ne veux qu'il remarque mes yeux. Il n'a pas le droit de me voir en état de faiblesse. Personne ne me voit ainsi. Je ne sais, si il est écrit sur mon front que je ne suis pas apte à parler, mais il a l'air de le comprendre. En sortant une chose de sa poche, je remarque une carte en or avec un cryptogramme chiffrée dessus. Tout en me tendant sa carte, j'hoche négativement la tête. Je ne veux de sa pitié, de sa fausse aide ou gentillesse. Il veut juste m'amadouer. Comprenant que j'en suis incapable, je peux l'entendre souffler. Le connaissant dès à présent un peu mieux, je peux même jurer qu'il serre la mâchoire, sans même le voir.

- Sinara passera la journée ici.

Je n'opine pas, je ne le regarde pas, l'air insensible à son affirmation. Même si la joie de savoir que la journée passera vite aux côtés de mon amie. Il en saisirai la moindre occasion, pour m'enlever tout ce dont j'aime. Je peux l'entendre se décaler, ultérieurement face à moi, en me laissant le champ libre. Sans tarder, je m'empresse de rentrer dans ma chambre en me laissant le postérieur à l'extrémité du lit. Il pensait pouvoir m'acheter ? Me tendre sa carte, afin de montrer un élan de sympathie ? Même de sa part, ce geste est bien trop grand. Trop généreux. Alors j'en doute, fortement. Le temps continue à s'écouler dans un puit sans fond avant que je n'entende, peut-être une heure plus tard, la porte de sa maison se refermer. N'étant pas sure que l'invitée présent soit mon amie, j'attends quelques secondes avant de discerner une paire de pas se refléter sous la porte de ma chambre.

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