Chapitre LVIII : Nourrice

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Je le regarde en fronçant les sourcils.

- Quoi ?

Il ne répond pas, lorsque j'essaie de comprendre la signification de son propos. Avant d'être éclairée par une discussion ultérieure entre lui et moi. « Si tu veux que les choses s'arrangent, appelle Charlie. » J'ouvre ainsi les yeux en grand lorsque je saisis ou il voulut en venir. Je ne pensais pas qu'il ferait vraiment. Ce fut une idée qui me passa a l'esprit sans pourtant penser qu'il le fasse. Je me mets à sourire bêtement face à cette révélation. Finalement, il n'est peut-être pas aussi détaché de la situation qu'il ne le laisse paraître.

- J'en reviens pas Enzo Galvani aurait finalement un cœur ?

- Ne m'insulte pas.

Il me sermonne du regard pendant que je ris à gorge déployée. Encore sous le choc. Que lui a-t-il dit dans son appel ? Même si je cherchais à le savoir, quoique Enzo a fait part à Charlie, il a écouté ce qu'il avait à dire. Si bien, que désormais Sinara et lui sont reparties de plus belles. Et ça pour bien longtemps je l'espère.

- Elle est au courant ?

- À quoi bon ?

- Eh bien pour qu'elle sache que tu n'est pas totalement mauvais dans l'histoire.

Il ne répond rien. Ne se rend-t-il pas compte de la bonté de son geste ? Enzo ne cherche pas à vendre ses mérites. Il ne me l'aurait pas même dit si ce sujet ne serait pas venu sur la table. Ce qui le rend encore plus beau.

- Alors j'ai quand même gagné.

Il dépose sa tête sur sa main fléchie par son coude puis sourit. Je suis bizarrement contente qu'il ne me l'ai pas dit. Parce que si je savais qu'il l'avait appelé je n'aurai pas proposé cette partie de billard. Et je voulais le retoucher sans avoir à revenir de moi-même. Il a eu ce que je voulais et moi aussi. Pour une fois je n'ai pas l'impression qu'il ait eu le dernier mot.

- Merci. Pour elle, je veux dire.

Nous nous taisons avant qu'il ne surenchérisse : « Moi aussi j'ai une question à poser. » Je tendis donc l'oreille, curieuse. Qu'est ce que Enzo Galvani aurait bien à se demander à mon égard.

- Toi comme moi savons que Nina ne te fait pas peur. Pourquoi ses menaces t'énervent-elles autant ?

Je détourne le regard. Je ne veux pas passer pour une femme qui ne lui lâche pas les basques à ressentir cette horrible sensation lorsqu'il est proche d'une femme.  Je ne me l'admets pas même à moi même. Comment pourrai-je le lui admettre ? Même si je le faisais, ce serait comme si cela devenait réel. Comme si cela prenait forme quelque part. Suis-je prête à concrétiser cette sensation ? Il comprendra lorsque je m'apprêterai à mentir. Mais je préfère cela à la vérité. Enfin je crois.

- Parce qu'elle se croit tout permit.

- Et ? persiste-t-il un sourire narquois en coin.

- Et c'est tout. Revenons à toi si tu veux bien.

Lorsque je pense avoir le dernier mot, il me fait comprendre que ce n'est que de façade. Un homme aussi curieux et dans le contrôle que lui aime tout savoir. Surtout qu'il ne laisse aucun mensonge passer à la trappe. Même si ce n'est qu'une question de temps, je cloue ce sujet.

- Un homme aussi démesuré et instable doit forcément avoir une passion.

- Je ne suis pas démesuré, j'ai simplement une vision différente des gens ordinaires.

- Quelle belle façon de dire que tu es timbré. Alors ?

- La peinture et le piano.

Enzo dessinait ? Je rêverai de voir l'un de ses dessins. Je serai même prête à mettre un million, somme pas tant ordinaire, pour en voir un. L'imaginer concentré sur une toile vierge avec un pinceau à la main me vient et un sourire nait sur mon visage. Ou encore l'idée de le voir assit sur un piano à queue et me faire la plus belle des mélodies serait un rêve merveilleux. 

Maudis-MoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant