Chapitre IX : Courage des mots

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J'ai toujours su être confrontée avec moi et moi seule. Mais ici, les choses avaient l'air d'être si différentes que la réalité me rattrape rapidement afin de me narguer. Je n'ai jamais été dépendante de personne et ce n'est pas maintenant que ça sera le cas. Soit, je resterai ici. Même si le proprio de cet habitat ne peut pas me voir en nature ni en peinture. Me reprenant de mes émotions, je m'en vais calmement à ma chambre le cœur préoccupé. Comment vont se passer les jours prochains ? Peut-être que par chance, je ne le croiserai que rarement ? Vu l'immensité des locaux, cette théorie permet de voir le jour. Malgré tous, quelque chose m'amène à relativiser. Nous sommes jeudi, je sais donc que je reverrai le reste de la famille dimanche. Trois jours, c'est faisable. En pyjama, sous la couette, je cesse de me triturer l'esprit de pensées lourdes et m'en vais, les yeux fermés, à la légèreté de mon inconscient.

Levée par ce qui me semble être le bruit des oiseaux, extérieures, je m'étire mes yeux s'habituant à la lumière naturelle. Je ne cesserai de m'habituer à ce genre de réveils. Tout est si différent, si apaisant. Je me lève, passe ma routine dans la salle d'eau. Lavée, habillée d'une légère tunique rouge je m'en vais au ménage de ma chambre. Rideaux ouverts, les affaires sales dans la corbeille de la salle de bain, matelas accompagnée de ses coussins et de sa couverture pliée à la perfection. Je souris face à la propreté qui émane de la pièce avant de sortir et d'être confrontée à la dame de ménage prête à toquer à ma porte. Aujourd'hui, son accoutrement est d'un pantalon bouffant, et d'un teeshirt blanc. Ses cheveux sont toujours aussi plaqués et son sourire toujours aussi gaie.

- Bonjour Azura. Le petit déjeuner est prêt.

J'acquiesce, avec joie, avant de passer le pas, Bianca devant moi. Malgré son âge, dans les eaux de début de la soixantaine elle agit telle une pile électrique. Elle a de l'énergie à revendre. Il doit être neuve heures du matin et la table a du prendre des heures à se faire de ses mains. Gênée, je suis qu'elle ai pu faire autant simplement pour deux personnes.

- Vous n'êtes pas obligée de faire tant pour moi. Jamais je ne pourrai manger tout ça.

Elle rit légèrement, venant embellir, de ce bruit, toute journée de chaque personnes l'ayant entendu.

- Ça me fait plaisir. Et d'autant plus si vous vous asseyez et mangez.

J'exécute n'attendant pas plus devant cette garniture passant de gâteau fait maison, aux fruits de la saison. Où va le reste de cette nourriture ? Personne ne peut manger tant en un seul repas. Je m'assois, pioche un peu de tout, les logent dans mon assiette et me laisse aller à la gaieté de ce début de journée. Crêpes, prune, jus de fruit pressé. M'aventurant à la vue du jardin, je réalise que depuis que je suis ici, je n'en ai pas profité. Voici donc mon activité de la matinée. Après avoir fini de me nourrir, je viens interrompre, gênée, le travail de Bianca, lavant la vaisselle envieuse de son activité. Entendant mes pas s'approchait d'elle, elle se retourne le regard interrogateur. Je dépose mon assiette, délicatement, dans le lave vaisselle et prend la parole, un sourire en pensant à ma demande.

- Avez-vous un livre à me passer pour la matinée ?

Les choses les plus simples de la vie, sont souvent les plus importantes. Le monde dans lequel j'ai atterri doit me laisser les pieds sur Terre. Mais également, parce que lire, me paraît être un luxe pour ma vie d'avant. ''Avant.'' il y'a moins de deux semaines. Mais j'ai l'impression que c'était il y'a des mois. Malgré les cauchemars, l'anxiété et les bruits forts qui me taraudent sans cesse l'esprit.

- Je peux vous trouvez ça ! sourit-elle.

Je la remercie, en m'asseyant à nouveau à ma place initiale dans la salle à manger en la voyant finir la vaisselle puis s'éclipser à l'étage. Je me perds dans mes pensées devant la corbeille de fruit. Si je peux ne pas le croiser jusqu'à dimanche, mon comportement sera moins anxieux et le temps plus court. Pour lui également, je suppose. Bianca, un livre à la main le secoue en me souriant quelques brèves minutes plus tard. C'est parfait. Je suppose avoir tout le temps avec en compagnie, ma personne, vu le nombre incalculables de pages.

Maudis-MoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant