ㅤ📃 CHAPITRE 16

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L’annonce des fiançailles de Céleste et Connor eut l’effet d’une bombe sur le quotidien des Fosten. Maintenant que le frère et la sœur allaient se marier, il fallait commencer à organiser les événements, préparer les invitations, rencontrer les familles.
 
Heureusement, on s'occupait en priorité de l’aîné, laissait tranquille la demoiselle qui se concentrait encore plus sur ses études. Le point positif dans tout cela était que Charles-Henry était devenu un petit peu moins strict avec ses enfants, les laissait respirer, ne les toisait plus trop du regard lorsqu’ils passaient près de lui dans un couloir.
 
Cassandre n’avait toujours pas pu reparler à sa sœur, ne la croisait que de temps en temps. Mais il avait remarqué quelques changements chez elle. Peut-être parce qu’elle était presque une adulte, désormais, ou qu’elle allait un jour se marier, mais elle se tenait bien plus droite que d’habitude, le menton levé vers les autres, l’allure fière qu’il n’avait jamais connue chez elle. Peut-être qu’elle faisait exprès d’agir comme une noble, de se comporter comme elle avait toujours dû, mais cela l’inquiétait presque ; Céleste ne faisait pas attention, avant, à comment était son port de tête.
 
Le temps passa et il fut le moment de retrouver Claude. La noiraude espérait revoir Levi, lui demander s’il avait aimé le thé qu’elle lui avait offert.
 
Mais lorsqu’ils arrivèrent sur place, ils eurent un accueil glacial de la part de Claude. Il avait devancé son ami qui était resté auprès de leurs chevaux, s’était mis à crier en voyant son frère.
 
« Arranger la situation, n’est-ce pas ?!
— Ne commence pas, je n’ai pas envie de me battre.
— Et toi, Céleste, tu ne dis rien ?!
— Parce que je dois ?
— Tu lui as dit oui.
— Et tu penses que j’avais le choix ?! »
 
La noiraude abandonna bien vite ses deux frères qui se disputèrent allez savoir combien de temps. Elle n’avait pas envie de le savoir, voulait simplement se retrouver tranquille dans sa petite chambre, loin des cris des deux Fosten. Qu’ils s’époumonent, elle ne voulait pas faire partie de leur bataille.
 
Elle n’atteignit cependant pas sa chambre, étant vite rattrapée par Levi qui lui avait emboîté le pas.
 
« Tu vas aussi critiquer mon choix ?
— Non. Ce n’est pas ma place.
— Tant mieux, parce que je n’ai pas la force. »
 
Finalement, elle se dirigea vers les escaliers qu’elle venait de monter, s’installa sur l’une des marches tout en soupirant. Pour la première fois, le soldat s’assit à ses côtés, attendit qu’elle ne parle.
 
« Claude m’a dit que c’était ton anniversaire, récemment. Je l’avais compris, la dernière fois, lorsqu’il t’a offert un cadeau mais il me l’a confirmé. Du coup je t’ai pris quelque chose.
— Il ne fallait pas.
— C’était aussi pour te remercier pour le thé, je n’en attendais pas tant de ta part, c’était vraiment gentil.
— Tu l’as aimé ?
— Beaucoup. J’essaye de ne pas tout boire tout de suite mais il est très bon.
— Si tu veux, la prochaine fois, je peux t’en ramener à nouveau !
— C’est toi qui décides. Enfin, dans tous les cas, c’est pour toi. »
 
Levi sortit de la poche de sa veste noire un objet emballé. Céleste s’en saisit avec précaution et déballa méticuleusement le paquet, intriguée. Elle découvrit alors une petite boîte sombre, légèrement lourde et décorée de reliefs violets. Un instant, elle resta figée devant le présent, avant de faire les gros yeux au soldat.
 
« Je ne peux pas accepter ça.
— Je ne sais pas ce que tu aimes vraiment, alors je suis partie sur ça. Je me suis dit que tu pourrais y ranger tes bijoux ou quoi que ce soit d'autre. J'espère que ça te va.
— C’est le cas ! Mais c’est beaucoup trop, je…
— Accepte-le. En guise de remerciements pour ces après-midi tranquilles. Et les futures. »
 
Malgré le peu de temps qu’ils avaient tous les deux passés ensemble, la noiraude comprit. Ils venaient ici, tous les deux, pour se retrouver et rester dans le silence le plus total, profiter du calme qu’ils s’imposaient. Pourquoi rester auprès des deux frères alors qu’ils pouvaient s’isoler ici et profiter de leur simple présence ?
 
« Tu sais, des fois, j’envie un petit peu Claude.
— Comment ça ?
— Au moins, lui, il est tranquille.
— Je ne te comprends pas.
— Pourquoi ?
— Je sais que tu te sens piégée, maintenant, mais ce n’est pas une raison pour croire qu’il est en sécurité. Et puis, est-ce que tu as vraiment envie de l’envier, alors qu’il vous a laissé en pâture avec ton frère, surtout pour qu’il en devienne une.
— Parce qu’au final, il est allé au bout de ses idées. Et, malgré la colère et la frustration, je l’envie sur ce point. Au moins, il n’est pas là à subir ce qu’on vit. Je sais que la première idée qui te vient à l’esprit, c’est de nous dire de nous en aller, nous aussi. Mais ni mon frère, ni moi sommes capables de laisser nos parents seuls. La culpabilité, sans doute.
— La réalité, c’est juste que tu es morte de trouille. Tu es incapable de te dire que tu peux te séparer de ta famille et tu te caches derrière le justificatif que sans vous, ils n’y arriveront pas. Quoi, depuis quand tu en as quelque chose à foutre qu’ils aient des descendants ? »
 
Et comme à son habitude, il la regardait droit dans les yeux, attendant qu’elle lui offre une réponse. Et elle ne savait pas vraiment quoi lui dire, alors qu’il touchait à nouveau juste. Elle n’en avait rien à faire de la situation de ses parents et était peut-être même prête à fuir mais savait ce que cela ferait. Et puis, elle n’en avait pas le courage, de partir au vent et de tout laisser tomber derrière elle. Finalement, son confort avait raison d’elle. Ou était-ce la peur ? Celle d’aller au bout de ses idées incroyables, de ce qu’elle osait peut-être espérer pour elle, pour sa vie.
 
Elle qui s’était promis de se battre allait tout de même épouser Connor parce qu’elle n’avait trouvé aucun moyen d’y échapper.
 
« Oui, c’est vrai, je ne suis pas capable de m’enfuir. De toute manière, où est-ce que tu veux que j’aille ? Et je pense, oui, que j’ai peur. Mais est-ce si grave que ça ? Dois-je avoir honte d’avoir peur ? Dois-je vraiment croire que c’est quelque chose de mal, alors que c’est ainsi que j’ai toujours vécu ? Je ne m’y plais pas, c’est vrai, mais je ne connais que ça et je suis effrayée à l’idée de devoir tout plaquer.
— Je ne te dis pas de tout envoyer valser, loin de là. Je te dis simplement qu’il faudra qu’un jour, tu prennes tes décisions en ton âme et conscience, que tu arrêtes de te reposer sur ce que les autres pourraient penser de toi. À quoi est-ce que ça t’avance, de toute manière ? Essaye de vivre pour toi, un peu, ça pourrait te faire du bien.
— J’essaierai, un jour. Peut-être. Quand il ne me restera plus rien d’autre à faire, ou quand je souhaiterai changer les choses, j’y penserai. Et là, je verrai bien si c’était réellement la bonne chose à faire. J’aimerai avoir du courage, Levi, oser réellement parler en mon nom, me battre sans cesse pour défendre qui je suis. Mais je sais que je n’y arriverai pas… »
 
Elle avait un air triste, quand elle lui parla de la sorte. Un instant, il se demanda si elle ne taisait tout simplement pas ce qu’elle avait au plus profond de son cœur pour ne pas brusquer le monde. Pour ne pas prendre trop de place. Il avait pourtant l’impression qu’elle savait parfaitement ce qu’elle faisait. Et ça l’inquiétait un peu, à vrai dire. Tout en le fascinant presque. Et c’était dans ces moments-là, où elle parlait à cœur ouvert, qu’il se disait qu’il était peut-être content de venir. De lui parler et de l'écouter. 

Et puis, dans ces moments-là, il comprenait un petit peu plus la noiraude. Car elle avait beau sembler en colère contre le monde entier, elle gardait sa face inquiète de faire du mal à son entourage, la peur de blesser et de faire souffrir les gens qui auraient mérité un petit peu plus d’insultes que d’autres.
 
« Fais comme tu le sens, Céleste. Essaye juste, à la fin, de ne pas trop regretter tes choix, ce serait le plus triste. Peut-être que tu ne pourras jamais vivre comme tu l’as toujours voulu, mais si cela doit arriver, fais en sorte de ne pas regretter de ne pas t’être enfuie ailleurs. C’est le plus important, au final.
— J’essaierai de m’en rappeler. »
 
Au fond, Céleste avait envie de remercier Claude pour avoir imposé dans sa vie la figure de Levi. Il n’était peut-être pas des plus agréables mais avait au moins les idées. Et il bousculait la noiraude.
 
Peut-être qu’au final, c’était depuis qu’elle l’avait rencontré que la colère qui grondait de temps en temps en elle s’était aujourd’hui faite omniprésente. Avant, ce n’était peut-être qu’une étincelle mais qu’en était-il maintenant ? Levi avait, sans le vouloir, réveillé quelque chose qui aurait dû l’être depuis bien longtemps. Il ne devait pas s’en excuser, loin de là. Enfin, il fallait encore qu’il soit au courant de ce fait et Céleste ne semblait pas prête à le lui dire.
 
En réalité, il devait peut-être déjà culpabiliser de lui avoir proposé son aide et soutien si elle devait un jour entrer dans le Bataillon d’Exploration, de lui avoir soufflé à nouveau dans son esprit qu’elle avait un jour rêvé de combattre et de liberté, de lui avoir tendu une main vers le danger, loin de la sécurité que lui imposait son foyer.
 
Mais peut-être qu’il ne regrettait pas ses paroles, espérait au fond qu’elle le rejoigne. Qu’elle fasse enfin un choix égoïste, arrête d’agir pour les autres, pense un petit peu à elle.
 
Cela ferait les pieds à tout le monde, leur rappellerait que son regard énervé n’était pas que des menaces en l’air, que si elle acceptait son sort encore en ce moment, ce n’était pas pour le subir éternellement. Car un jour viendrait où elle s’en ira, ne laissera derrière elle qu’un mot et disparaitra dans la nature sans aucune trace si ce n’est que le regret de s’être laissée maltraitée pendant autant de temps sans n’avoir jamais rien dit.

 Car un jour viendrait où elle s’en ira, ne laissera derrière elle qu’un mot et disparaitra dans la nature sans aucune trace si ce n’est que le regret de s’être laissée maltraitée pendant autant de temps sans n’avoir jamais rien dit

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chez moi, on appelle levi une mauvaise influence et qui suis je pour le critiquer ?? ;

qu'est-ce que j'apprécie ce duo et plus on avance, plus je sais que je vais aimer écrire sur eux deux ;

au départ levi devait lui offrir un autre cadeau mais il apparaîtra bien plus tard au final ;

en vrai c'est un épisode un peu plus "filler" mais ça fait plaisir

DANSE À TROIS TEMPS ET MOTS EFFACÉS | levi x oc - T1 & T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant