DANSE À TROIS TEMPS ET MOTS EFFACÉS | levi x oc - T1 & T2

ㅤ📃 CHAPITRE 72

« D'accord... Il s'est donc passé tout ça... »

Les poings serrés sur ses draps, Céleste n'osait pas regarder Levi. À son chevet depuis plusieurs heures, il avait attendu qu'elle lui demande un rapport complet sur l'expédition pour oser parler ; entre-temps, il n'avait fait que l'observer sans rien ajouter.

Une sensation désagréable entourait sa gorge alors qu'elle baissait ses yeux, peinait à respirer. La douleur dans son corps ébranlait déjà son calme mais toute cette situation l'angoissait encore plus.

Officiellement, ils avaient gagné la bataille, mais à quel prix ? Toutes ces victimes pour trois malheureux carnets était bien trop cher payé, qu'importe ce qu'ils avaient à déclarer.

Du Bataillon, ils n'étaient plus qu'une poignée faible et blessée ; le feu qu'ils avaient créé n'était désormais plus qu'une braise à peine chaude.

« Ne te blâme pas, tu n'y es pour rien.

— Si nous n'avions pas été prises dans cette explosion...

— Céleste, toi et Becca n'auraient pu rien faire. De nous tous, je suis certainement le plus responsable. En laissant le Bestial s'enfuir...

— Levi... »

Elle l'avait entendu, le léger craquement dans sa voix alors qu'il prenait une longue inspiration, tapait du bout du pied sur le plancher.

Depuis son retour dans la chambre, il semblait plus tendu que d'ordinaire. Peut-être parce qu'il n'avait pas pu faire partir de suite Kris et Lahssen ? Après tout, le premier s'était endormi et c'était hors de question de le réveiller et le deuxième était bien trop accroché à son ami pour accepter de partir à nouveau.

Le caporal avait alors jeté l'éponge, s'était contenté de ramener à manger pour tout le monde. Et même si les deux hommes s'étaient regardés en chien de faïence une partie du repas, le brun avait fini par secouer l'adolescent pour l'emmener se coucher dans un vrai lit.

Dès lors, le noiraud avait fait retomber ses épaules crispées, s'était rapproché de Céleste pour vérifier sa température, l'aider à se remettre confortablement dans son lit.

« Non, n'essaye pas de me consoler. Ce qui est fait est fait et j'ai failli à ma promesse, c'est tout. »

S'il avait tenu un temps sa main, il s'était ravisé quand elle lui avait demandé de parler, restait désormais les bras croisés sur sa poitrine. La distance qu'il avait imposé entre eux la tordait presque plus que les faits tant ils lui criaient le soudain mal-être du soldat.

Lentement, Céleste releva sa tête, inspecta le soldat qui regardait ailleurs, faussement distrait.

« Approche-toi, s'il te plaît.

— Je ne veux pas d'une quelconque pitié, tu le sais parfaitement.

— Approche-toi. »

Elle avait la sensation que les rôles étaient inversés ; était-ce ce visage qu'il voyait lorsqu'elle refusait qu'il l'approche ?

Les yeux de Levi étaient épuisés. Au-delà des cernes, elle voyait ce tremblement familier, ce mouvement qu'elle ne connaissait que trop bien.

Petit à petit, il se pencha vers elle. Son assurance naturelle n'était plus qu'une façade désormais ; plus il tendait le cou, plus elle voyait son hésitation, son allure d'animal sauvage. Que craignait-il, si subitement ?

Lorsqu'il fut suffisamment proche, il sentit sa main cueillir sa joue, l'attirer encore un peu plus Lui qui n'avait aucun mal à l'approcher au début de la journée...