ㅤ📃 CHAPITRE 39

51 6 10
                                    

Les jours suivants passèrent à une vitesse incroyable. Comme Céleste l'avait prévu, la voiture qui arriva l'après-midi de la soirée apportait des tenues. Une couturière était même venue pour faire les dernières retouches, s'assurer que les vêtements tombaient à la perfection.

Céleste avait été habillée selon les couleurs de sa maison. La robe violette qu'elle portait dévoilait ses épaules mais cachait le bas de son corps sous un jupon large. Ce n'était pas réellement facile de se mouvoir dedans et il lui fallut plusieurs pas pour se réhabituer à la sensation ; quand ce fut fait, cependant, elle agissait comme si elle était née dedans et qu'il n'y avait rien de plus naturel pour elle.

Bien sûr, on avait glapi en voyant la cicatrice dans son dos. Heureusement, on avait réussi à cacher la chose sous ses cheveux en remontant légèrement son haut. Si elle bougeait trop, l'artifice disparaissait mais c'était suffisant pour la soirée.

Assise sur une des chaises du salon, la noiraude regardait Lahssen râler dans son costume. Contrairement à elle, il n'était aucunement à l'aise et il leva les yeux au ciel quand on lui mit une cravate. Mais il se laissait faire, surtout pour ne pas gêner Céleste.

Tout comme elle, il portait une tenue violette. En réalité, elle était plus noire qu'autre chose ; on remarquait la première couleur quand on regardait les détails de son veston de près ainsi que les boutons. C'était discret cependant suffisamment évident pour montrer son affiliation.

Quand il fut enfin l'heure de partir, le soleil commençait lentement à décliner dans le ciel. Ils étaient à l'heure, ce qui était assez admirable.

Désormais assis face à la couturière dans le carrosse, les deux instructeurs regardaient le paysage défiler sous leurs yeux.

« Dans quoi tu m'as fourré, mamie.

— Tu n'étais pas obligé d'accepter.

— Ça aurait voulu dire qu'une soirée avec ta famille, c'était plus loin que le bout du monde. »

Lahssen rit à sa propre phrase. Il avait répété sans se rendre compte les paroles de son amie et cette dernière l'avait remarqué puisqu'elle pouffa à son tour.

« Quand Becca saura qu'on m'a mis un costume trois pièces... Mieux vaut ne pas lui dire, elle va m'en parler jusqu'à ma mort.

— Moi je te trouve très élégant.

— C'est vrai, tu as raison. Je suis le plus beau et elle le saura. Ça lui fera les pieds.

— Je ne disais pas ça comme ça.

— Je sais. »

Il aurait aimé lui dire bien plus de choses. Seulement, on devait les écouter avec attention et le brun ne voulait s'attirer tout de suite des ennuis. Alors il se contenta uniquement de prendre la main de Céleste, de la serrer. Elle répondit à l'appel sans le regarder, le visage toujours tourné vers la fenêtre et l'extérieur.

Mais elle savait, elle entendait ce qu'il lui disait ; « ça va aller, je suis là. ».

Le reste du trajet se passa dans le plus grand des silences. Bercé par le mouvement de la voiture, l'instructeur avait fini par s'assoupir. Il fut réveillé par la noiraude quelques heures plus tard alors que la demeure Fosten était de plus en plus visible.

« Regarde. On voit mieux de mon côté. »

Du doigt, elle montra l'immense bâtisse qui s'élevait dans le début de nuit. Ce n'était pas un véritable château comme d'autres pouvaient avoir mais la construction était suffisamment imposante pour montrer la puissance de sa famille. Faite dans une pierre blanche où se reflétaient les flammes de torches plantées au bord de la route, elle présentait aux arrivants ses colonnes claires, ses grandes fenêtres, une partie de ses jardins.

DANSE À TROIS TEMPS ET MOTS EFFACÉS | levi x oc - T1 & T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant