ㅤ📃 CHAPITRE 67

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Les mains pleines de sang, Céleste regardait les couleurs rapidement quitter le visage de Jorj. Elle qui avait essayé d'arrêter l'hémorragie avec Becca se retrouvait sans voix face à son corps. Un instant, elle resta silencieuse face au sourire qui était resté sur ses lèvres ; lorsque son amie glapit puis poussa un cri déchiré, elle sentit les larmes commencer à couler.

L'adolescent était le plus certain de succomber maintenant, il était le moins expérimenté d'eux tous mais qui se serait douté qu'il se serait fait faucher de la sorte ? Zeyn aida Caius à écarter la noiraude qui continuait à hurler, laissant le bras droit seule près du corps.

« ON DOIT LE RAMENER !

— Tu sais qu'on ne peut pas ! »

La soldate avait beau se débattre, les deux hommes arrivaient malgré tout à la maintenir. Ils comprenaient à quel point c'était important de rapporter les corps aux parents mais ils ne pouvaient pas se le permettre, pas dans une telle situation.

Pour la première fois, Becca craquait devant tout le monde, s'époumonait pour faire entendre sa voix. Même si elle savait que ce n'était pas possible, elle voulait tout de même tenter l'affaire. Ne serait-ce que pour éviter que Jorj ne pourrisse ici...

Seulement, quand elle vit Céleste se lever, enlever lentement sa cape et la déposer sur le garçon, elle s'arrêta.

« Il faut que nous avancions. Si nous restons trop isolés des autres, nous ne rentrerons jamais.

— Mais...

— Je sais. C'est injuste. Mais nous devons partir. Sinon, nous mourrons tous. Et je le refuse. Pas vous. Pitié. »

Les jambes lâchèrent et la noiraude tomba au sol, toujours soutenue par les deux soldats. Elle regarda une dernière fois la silhouette cachée par le tissu vert avant de tourner sa tête vers la droite, mâchoire crispée.

Il fallut une bonne minute pour que tout le monde remonte à cheval. La douleur de laisser l'adolescent derrière eux les empêchait de tout de suite galoper ; la bras droit donna malheureusement le coup de départ en accélérant le mouvement, forçant tout le monde à la suivre.

Si Caius commençait lui aussi à se laisser abattre par la situation, elle devait se montrer forte pour que tout le monde s'en sorte. Sinon, pourquoi avait-elle été appelée à ce poste ?

On continua de survivre tant bien que mal. Parfois, on croisait d'autres soldats mais c'était à peu près tout. Il n'y avait plus d'ordres, selon une bataille désordonnée, un bain de sang inévitable, un charnier qui s'imprimait dans toutes les rétines.

Et quand, quelques heures plus tard, le retrait fut annoncé, on soupira de soulagement. On pouvait enfin rentrer, quitter cet endroit de mort.

Ainsi que Jorj qui dormirait ici pour l'éternité.

Mais puisque l'aller avait été infesté de titans, le retour devait l'être tout autant. Malheureusement, la fatigue prenait désormais tout le monde. Ils avaient beau être beaucoup moins nombreux, c'étaient des soldats épuisés qui faisaient face au reste du monde. La panique était bien plus présente et le groupe se retrouva alors scindé en deux.

Désormais seule avec Caius, Céleste cherchait avec lui un moyen de rentrer sans trop de dommages. Au départ, ils avaient voulu retrouver les deux autres mais avaient décidé que cela ne servirait à rien ; ils se seraient courus après pour rien. Alors ils galopaient vers le mur, priaient pour que rien n'arrive.

Malgré le temps idéal et l'absence de quelques intempéries, la noiraude ne vit pas à temps l'obstacle sur son chemin. Son cheval se vautra littéralement sur un cadavre fumant de titan et envoya la jeune femme voler au sol. Elle réussit heureusement à bien se rattraper mais ce fut sans compter sur les deux titans qui approchaient d'elle.

DANSE À TROIS TEMPS ET MOTS EFFACÉS | levi x oc - T1 & T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant