Les vacances s'étaient merveilleusement passées. Elles avaient permis aux deux Fosten de se reposer un peu, de se préparer mentalement à leur retour. Et quel retour ! Céleste crut qu'elle n'allait plus jamais revoir la lumière du jour, pas parce qu'elle avait échappé de peu à la mort mais parce qu'elle ne sortait désormais plus. déjà qu'elle ne le faisait pas beaucoup, elle n'avait même plus accès au jardin.
Elle n'en était pas interdite, mais c'était tout comme. Dès qu'elle ne travaillait pas, ou ne faisait pas semblant de, elle était réprimandée. À croire que son père suivait tous ses moindres faits et gestes, attendait qu'elle fasse le moindre faux pas.
Mais Céleste avait décidé de ne plus se laisser faire.
Alors si ses lettres pour Connor et Becca étaient lues en détail, certaines passaient à travers les mailles du filet. Parce que quelques-unes de la noiraude, adressées à la demoiselle, étaient plutôt données à une servante qui les transmettaient dans la plus grande des discrétions. Il en était de même pour les messages que Cassandre envoyait à Claude. Il n'avait au final pas abandonné sa correspondance avec son frère, plus par affection pour lui que par simple rébellion.
Ainsi, faire cela leur donnait l'impression d'être un petit peu plus libre que ce qu'ils n'étaient vraiment. Ils ne l'étaient pas, assurément. Mais ils avaient l'illusion que si, ou tout du moins un tout petit peu.
La colère de Céleste ne s'était néanmoins pas affaiblie. Elle n'était pas directement au front mais était la première à défendre son frère dès qu'une pique lui était lancée, dès qu'il fallait agacer le maître des lieux.
La noiraude tentait aussi de refuser certaines obligations qui allaient pourtant lui être imposées. Car si Cassandre avait accepté ses fiançailles, elle ne voulait pas, ne pouvait pas !, dire oui à ce qui se présentait à elle. Rien n'avait été officialisé mais c'était évident ; on attendait qu'elle accepte d'épouser Connor et cela l'agaçait.
Ne vous méprenez pas, elle appréciait réellement le jeune homme. Il avait beaucoup de conversation, s'intéressait réellement à la demoiselle et occupait ses pensées lorsqu'ils s'échangeaient des lettres. Mais comme elle le disait à Becca dans ses écrits, Connor n'était rien d'autre qu'un ami. Il n'avait jamais été plus et rien ne laissait envisager qu'il puisse l'être.
La simple idée d'être mariée rebutait Céleste, en réalité. Se voir finir ses jours avec quelqu'un qu'elle n'aimait pas, devenir comme sa mère recluse dans sa chambre et devoir donner naissance à des enfants qui finiraient très certainement malheureux n'était pas ce qu'elle désirait. Peut-être que si elle avait trouvé l'amour en Connor, les choses auraient été différentes, mais ce n'était pas le cas. Sûrement car elle avait l'impression qu'il était au courant des arrangements entres Charles-Henry et Quilius, que cela l'arrangeait bien lui aussi et qu'il s'était bien gardé d'en parler à la principale concernée.
Peut-être même que toute leur amitié était basée sur cette finalité et cela la rebutait.
Cassandre avait essayé de la rassurer sur le sujet mais elle n'était pas dupe ; le jeune homme n'aimait pas le garçon, n'arrivait pas à le cacher et elle se doutait de plus en plus que quelque chose se tramait dans son dos.
Et elle se disait que si elle n'était toujours pas fiancée au garçon, c'était à cause de son aîné et elle lui en était reconnaissante. Elle ne savait pas comment il s'était débrouillé mais il avait réussi et c'était tout ce qui comptait pour elle.
Il était aussi parvenu à faire autre chose...
On était en novembre, au début d'un mois qui s'annonçait étonnement agréable. Céleste venait d'avoir seize ans et demi et, en cette année huit cent trente-cinq, elle se sentait déjà adulte. Elle ne l'était pas encore, bien évidemment, mais cela ne saurait tarder tiens !
Ce jour-là, elle était installée dans la bibliothèque, cachée derrière plusieurs livres et documents qu'elle était en train d'étudier ; pour une fois, elle faisait quelques mathématiques, lisait plusieurs dossiers qu'elle devait analyser du mieux qu'elle le pouvait. Même si elle était une femme, elle demeurait une Fosten et son rôle en tant que future épouse était de pouvoir épauler son mari dans ses affaires. Ainsi que son frère. C'était plutôt pour l'aider lui qu'elle s'acharnait dans ses études, prête à démontrer qu'elle n'avait pas besoin d'un époux mais seulement d'être aux côtés de son aîné.
Ce dernier était d'ailleurs rentré dans la pièce en courant presque, l'excitation visible sur son visage. Il venait d'avoir une nouvelle, très certainement une bonne.
« Cæl ! Cæl !
- Qu'est-ce qu'il y a, Sandre ?
- Lis ça ! »
Dans un mouvement du bras, il posa une feuille sur le bureau qu'elle occupait. Elle était légèrement froissée, de l'encre avait bavé sur un coin et elle avait été pliée plusieurs fois vu ses froissures. Céleste la prit en main, plissa ses yeux et émit un « Oh ! » en voyant l'écriture. C'était une lettre de Claude !
Elle s'empressa de lire le message ; si son frère voulait qu'elle le lise, cela devait être important !
« Cassandre,
Ma première expédition s'est passée. Je me suis remis de ma blessure au bras sans trop de mal, je suis toujours entier et en bonne santé.
Je serai heureux de te revoir, toi et Céleste. Je sais que c'est difficile pour vous de sortir, surtout avec père qui est constamment sur votre dos, mais je sais que vous êtes capables de trouver un stratagème pour lui échapper.
Serait-ce possible de trouver un jour où nous rencontrer ? La prochaine expédition n'est pas prévu avant un moment, avec l'hiver qui approche, alors je peux me permettre de sortir une journée.
Dis-moi le plus vite possible si cela est faisable.
Affectueusement,
Claude. »
Retrouver leur frère ? Comment ? Céleste savait que Cassandre était plein de ressources mais cela relèverait du miracle de faire accepter à leur père une sortie et...
« J'ai déjà répondu à Claude. Nous le retrouverons, si tout va bien, la semaine prochaine.
- Quoi ? Mais comment ?
- Ça, c'est secret. Mais dans tous les cas, on peut sortir et c'est tout ce qui compte.
- Si père a accepté, c'est que tu lui as vendu ton âme et je n'aime pas ça.
- Ou la tienne, qui sait. »
Un sourire espiègle se dessina sur ses lèvres, tandis que la noiraude maugréait. Il rigolait mais elle avait réellement l'impression qu'il lui avait promit une chose plus qu'impossible pour que cela se passe comme il le voulait. Un instant, elle se demanda même quel prétexte il avait utilisé mais une autre question lui vint à l'esprit.
« Et s'il nous faisait suivre ?
- Quoi ?
- Je ne sais pas quelle est ta couverture mais et si il demandait à quelqu'un de nous surveiller et que ce quelqu'un rapportait qu'on a rencontré Claude ?
- Impossible. Nous serons déjà chaperonnés par un servant choisi par père.
- Quoi ? »
Ça n'avait pas de sens. Cassandre sourit de plus belle.
« Le même servant qui se charge d'envoyer mes lettres à Claude. Il n'y a aucun risque, il va nous couvrir et certifier à mon père que nous ne faisons que des sorties « à but éducatif, pour découvrir la ville, les marchés et les affaires autour de notre demeure pour mieux les appréhender dans le futur ».
- Tu as vraiment des idées de merde, tu le sais ?
- Non, elles sont géniales et tout va bien se passer, tu vas voir. »
Céleste se plia bon gré mal gré au plan de son frère. Elle n'était pas vraiment sûre du succès de sa manigance mais voulait bien tenter cette stupide aventure, au moins pour retrouver Claude.
Le temps avait apaisé sa blessure, elle se sentait prête à revoir ce frère lâcheur, à affronter sa face traîtresse. À lui dire à quel point il avait tout foutu en l'air, les avait laissés dans la plus belle des merdes. Et il le méritait, tiens ! Il méritait de se faire fouetter de reproches.
« Tu ne seras pas trop méchante avec lui, hein ?
- Il n'aura que ce qu'il mérite et tu ne pourras rien y faire. ce garçon a besoin de se faire tirer les oreilles, c'est moi qui te le dis. »
Cassandre pouffa, tout en passant sa main dans les cheveux de sa sœur. Puis, il récupéra sa lettre, sûrement pour la cacher avec les autres, et tapota un des livres ouverts sur le bureau.
« Tu étudies beaucoup, en ce moment. Ça te plaît tant que ça ?
- Pas forcément. Mais il le faut bien. Alors autant que le travail soit bien fait, non ? »
Elle marquait un point. L'héritier sembla un instant hésiter à dire quelque chose mais il se ravisa. Il s'éloigna finalement de la noiraude, lui souhaita bon courage et sortit de la bibliothèque. Il devait lui-même aller étudier, il avait seulement profité de voir sa sœur toute seule pour lui annoncer la bonne nouvelle ; en faire une surprise n'était assurément pas une bonne idée.
Marchant en vitesse dans le couloir, Cassandre se mit à songer. Devait-il aussi dire à sa petite sœur que c'était elle qui avait été vendue pour permettre une telle sortie ? Peut-être qu'elle s'en doutait déjà, tiens. Elle n'était pas stupide, après tout, se posait beaucoup trop de questions pour être totalement innocente. Et si cette information là n'était pas encore parvenue à son esprit, cela ne saurait tarder. Alors, elle pensait sûrement que son aîné avait pensé à une solution en retour, une pirouette de plus - ce qui était le cas -, mais il était certain qu'elle lui en voudrait d'avoir promis à leur père de la convaincre d'épouser Connor.
Même si Cassandre pouvait éviter ça.
Même s'il avait une énième idée en tête.
Car c'était, assurément, la trahison de trop.coucou ! ça fait longtemps :D
après 2 mois d'absence (deux ? un ? je ne sais plus), je reviens enfin durant une journée totalement au hasard aha
je n'ai pas grand chose à dire mis à part que je n'ai pas trop modifié ce chapitre donc n'hésitez pas à relever les fautes et désolée pour ces dernières </3
j'espère en tout cas que la reprise des publications vous fait plaisir (moi oui ahah)
et oui heu ça sent la bagarre entre céleste et cassandre et je ne vais pas m'excuser
à dimanche ! (ou demain ??)
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DANSE À TROIS TEMPS ET MOTS EFFACÉS | levi x oc - T1 & T2
Fanficㅤ✧ attaque des titans ㅤ✧ en cours Céleste n'a jamais voulu de la guerre. Ou tout simplement que sa vie y soit mêlée. Mais à trop vouloir échapper aux choses, on finit toujours par y tomber la tête la première. Alors, quand elle décide de parti...