ㅤ📃 CHAPITRE 60

70 11 19
                                    

« Ça vous dérange si je vous laisse ici ? Vous avez encore une bonne heure de marche mais je dois retourner au palais pour les autres invités.

— Non, non, ne vous en faîtes pas. C'est déjà très gentil de votre part de nous avoir déposés.

— C'est normal madame. Faîtes attention sur le retour. »

Tout en remerciant une dernière fois le cocher, Céleste regarda la route qui leur restait à parcourir. Même s'il faisait encore un peu sombre, le chemin était clairement dégagé. Lorsque la calèche fit enfin demi-tour et commença à disparaître, elle retourna aux côtés de Levi qui l'avait attendue sans un mot.

« Plus jamais je prends la route avec ton frère. Je n'ai jamais senti sur moi un regard plus appuyé, c'était...

— Infernal ?

— Trois heures à supporter ça, plus jamais. Il était pire que Claude quand il s'y mettait. »

Au moment où le caporal siffla sa remarque, il souffla du nez. Il revoyait encore le brun qui le fixait avec insistance pour qu'il accepte de l'accompagner et-

« Ah ! Oui ! Ils sont affreux, tous les deux ! »

Le rire soudain de Céleste le prit de court.

Ce n'était pas un grand éclat qui résonnait tout autour d'eux mais il avait quelque chose de... doux ? Peut-être que c'était parce que Levi voyait la noiraude heureuse ? Ce n'était pas un de ses légers pouffements qu'elle faisait plus par réflexe qu'autre chose ; c'était naturel, soudain, apprécié.

Est-ce qu'elle se revoyait avec ses deux aînés ? Le soldat avait envie de lui demander mais il préférait plutôt la regarder en silence, observer à nouveau tous les détails qui la composaient.

Elle était belle.

Lorsqu'elle apaisa son rire, elle se tourna vers lui.

« Désolée ! Ah, je ne pensais pas m'exclamer comme ça.

— Ne te retiens pas. »

Pas à pas, il arriva au niveau de la noiraude, attrapa sa main du bout des doigts.

« Tu viens ? »

Les lieux n'avaient beau ne pas être effrayants, surtout qu'ils étaient bien connus, c'était assez réconfortant de se tenir la main ainsi. Et comme à chaque fois, Céleste se raccrochait à la peau froide de Levi, souriait presque de se rendre compte que ça ne changeait toujours pas. En comparaison, elle avait l'impression d'être brûlante, se demandait même comment il faisait pour ne pas prendre feu lorsqu'elle était contre lui.

Assez naturellement, les deux s'écartèrent de la route d'origine, s'enfoncèrent dans la campagne. Les arbres furent remplacés par une grande plaine aux herbes hautes. Lorsque la noiraude sentit sa robe s'agripper un peu trop, elle l'attrapa du mieux possible. Elle n'avait aucunement envie de l'abîmer.

« Regarde. »

Le souffle du caporal arrêta net l'instructrice. Sous la lumière de la Lune, le champ de fleurs devant eux s'étendait à perte de vue.

« Je ne savais pas qu'il y avait ça ici.

— C'est parce qu'on est assez éloigné du quartier général. Je ne dirai pas qu'on est à l'opposé mais... On aura plus qu'une heure pour rentrer, c'est certain.

— En quoi est-ce que c'est un problème ? »

Tout en parlant, elle se baissa vers le sol, regarda sans rien ajouter de plus les fleurs.

« Je suis contente d'être ici. Avec toi. La soirée était très agréable mais je préfère tout de même passer du temps à tes côtés. »

Toujours à moitié accroupie, la robe ramenée sur ses genoux pour ne pas se salir, elle s'était tournée vers lui. Dans la nuit, ses yeux brillaient, demandaient à Levi une réponse, quelle qu'elle soit.

DANSE À TROIS TEMPS ET MOTS EFFACÉS | levi x oc - T1 & T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant