ㅤ📃 CHAPITRE 62

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Contre Céleste, Kris était en paix. Ou en tout cas, il s'en approchait fortement. Ses bras ne le gardaient pas avec force, ne l'empêchaient pas de partir aussi soudainement qu'il le désirait ; mais ils le gardaient suffisamment pour qu'il ne puisse tomber, pour qu'on le rattrape à la moindre chute.

C'était tendre. Le visage posé contre l'épaule de la noiraude, l'adolescent laissait ses cheveux chatouiller son nez, l'envahir d'une odeur de savon habituelle. Elle ne changeait jamais vraiment et pour lui, c'était tout sauf une tare.

Quoi qu'il arrive, Céleste demeurait toujours Céleste, avec ses manies, ses parfums, sa tendresse.

« Est-ce qu'on peut rester ici... ?

— Bien évidemment. »

Le cœur de l'instructrice battait bien trop vite pour son calme apparent. Quelle tourmente la prenait ? À quoi pensait-elle ? Cette question, elle tournait éternellement dans l'esprit du blond, ne trouvait jamais de réponse.

Et plus elle prenait de longues inspirations, plus il restait contre elle, essayait de l'apaiser en silence. Lorsqu'il sentit sa main glisser dans ses cheveux, ses lèvres embrasser le haut de son crâne, il se raidit.

« Je suis sincèrement navrée que les choses se passent ainsi avec tes parents. J'aurai aimé que tu aies une bonne relation avec eux, qu'ils soient aussi fiers de toi que moi je le suis aujourd'hui.

— Peut-être que ça arrivera, un jour. Mais ça sera trop tard.

— Kris, est-ce que tu es sûr que tu me dis tout ? Je ne dis pas que les raisons que tu m'as données ne sont pas « suffisantes » mais... Je ne sais pas... J'ai l'impression qu'il y a encore autre. Si c'est le cas, tu n'es pas obligé de m'en parler, bien évidemment... »

Sa voix résonnait dans sa tête. Autre chose ? Il y avait tant qu'il pouvait se noyer. Mots, gestes, cris, tout ce qui lui avait donné, depuis le début de son existence, à se séparer d'eux. Il avait essayé de pardonner, de tendre la main, de chercher sous la surface, n'avait trouvé rien d'autre que leurs réponses amères.

Kris n'était pas Zeyn. Il était lui, simplement lui, mauvais, idiot. Vivant.

Leur haine, ils pouvaient la garder pour eux, il n'en voulait plus. Pas quand ici, dans ces bras-là, il était auréolé de chaleur.

Et même s'il ne répondait pas à la noiraude, il savait qu'elle comprenait malgré tout ce qui le plombait. Elle n'était pas inconnue à tout cela, avait elle-même ses propres casseroles, peut-être même plus lourdes que les siennes.

Combien de temps resta-t-il sans bouger ? Parfois, il sentait dans son dos le passage d'une main affectueuse, un geste parfois plus mécanique qu'autre chose. D'autres, il entendait la noiraude fredonner un air qu'il reconnaissait bien ; Lahssen n'était jamais trop loin d'elle.

Lorsque les ventres grondèrent, crièrent qu'il était l'heure de les remplir et de les rassasier, ils restèrent malgré tout quelques minutes sans bouger. Céleste ne bougea qu'au moment où Kris se redressa, plissa les yeux face au soleil.

Sans un mot, pourquoi en formuler ?, ils s'en allèrent au réfectoire, virent que le monde s'y était installé pour manger aussi. Ils s'installèrent ainsi sur la table occupée par les camarades de promotion du blond et même si on fut surpris de voir l'instructrice, on continua d'agir comme si de rien n'était.

De toute manière, on avait fini par avoir l'habitude de voir la noiraude, était d'ailleurs bien trop concentré à regarder Eren et Jean se « disputer » avant d'être séparés par une Mikasa bien trop habituée.

Lorsqu'il fallut débarrasser, Céleste était restée aux côtés du blond, discutait avec lui. Même quand ils sortirent du réfectoire, ils étaient encore ensemble. Finalement, leur discussion s'arrêta quand la silhouette de Levi se fit voir au coin d'un couloir et que l'adolescent se crispa légèrement.

DANSE À TROIS TEMPS ET MOTS EFFACÉS | levi x oc - T1 & T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant