ㅤ📃 CHAPITRE 32

128 19 5
                                    

« Tu n'as pas trop peur ? »

C'était la première fois que Levi parlait de lui-même à Céleste durant leurs rendez-vous nocturnes. D'habitude, il se contentait de rester assis avec elle sur le toit du quartier général, à regarder les étoiles ou lire un livre. Mais cette fois, il s'était tourné vers elle alors qu'elle finissait une broderie, le visage sérieux.

« Peur de ?

— L'expédition après-demain.

— Oh. Pour l'instant, je crois que je ne réalise pas vraiment ce qui est en train de se passer. J'imagine que demain, ce sera autre chose.

— Ne te stresse pas trop, il n'y a pas de raisons que ça se passe mal.

— Je sais que tu dis ça pour me rassurer, j'ai dit la même chose ce matin à Lahssen.

— Parce que c'est la vérité. »

La noiraude ne sut pourquoi il était aussi certain. Essayait-il lui aussi de se convaincre de quelque chose ?

« De toute manière, je suis obligée de rester en vie, je te manquerai trop si je venais à définitivement disparaître.

— C'est vrai que vu comme ça, il vaut mieux que tu survives.

— Après tout, avec qui d'autres passerais-tu tes soirées ? »

Elle savait que cette discussion venait d'un petit peu de nul part mais elle avait envie de penser à autre chose, de sourire. Et Levi semblait l'avoir compris puisqu'il continuait à lui faire la discussion alors que ce n'était pas quelque chose qu'il faisait généralement. Déjà que Céleste retrouvait du réconfort dans leurs rencontres nocturnes, parler au noiraud était bien mieux.

En effet, ils avaient fini par se retrouver presque tous les soirs sur les toits, pour passer un bout de leur soirée à regarder le ciel et faire ce qu'ils voulaient. Céleste avait alors commencé une broderie simple pour se vider l'esprit, tandis que le soldat semblait perdu dans ses pensées. Cela lui permettait de se détendre un peu avant d'aller se coucher, de souffler loin du monde. Et le noiraud l'avait très bien compris puisqu'il ne lui adressa presque jamais la parole, ne s'offusqua pas les fois où elle ne vint pas le retrouver parce qu'elle avait besoin de dormir et celles où elle ne restait que quelques minutes.

De temps en temps, Céleste eut l'impression qu'il voulait lui demander quelque chose mais il ne l'avait jamais fait. De ce fait, elle n'avait jamais fait le premier pas pour lui demander ce qu'il avait en tête et savourait ces simples moments de silence.

Zeyn s'en agaçait parfois ; lui qui voulait entendre que la mamie du trio avait trouvé un amant, il n'avait que des sourires apaisés et des « j'ai continué ma broderie » en guise de réponse. Et il savait très bien que c'était la vérité, ce qui était le plus agaçant.

« Et comment se sentent tes deux amis ?

— Je crois que Becca est comme moi.

— Et le morveux ?

— Je ne serais pas étonnée de le voir paniquer demain, ça lui ressemblerait bien. »

En réalité, Céleste avait un petit peu peur pour Zeyn. Elle savait qu'il était du genre à facilement perdre ses moyens, à céder à la panique, et elle craignait qu'il ne fasse des erreurs durant l'expédition. Erreurs qui pourraient au final le conduire à sa mort. Ça, c'était quelque chose qui la terrifiait ; perdre l'un de ses deux amis. Voir l'un d'eux disparaître lui tordait d'avance le ventre.

« J'espère qu'il ne va pas y céder, c'est le meilleur moyen de se faire tuer.

— Et toi ? Tu n'as pas peur ? »

DANSE À TROIS TEMPS ET MOTS EFFACÉS | levi x oc - T1 & T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant