ㅤ📃 CHAPITRE 20

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Le quatuor s’était revu deux fois avant de se séparer pour les deux mois d’hiver restant. Puisqu’il commençait à neiger, Céleste et Cassandre ne voulaient pas se risquer dehors et se retrouver bloqués parce que les routes seraient devenues impraticables. Ils avaient cependant fêté l’anniversaire des deux frères en même temps, l’un étant né en décembre et l’autre en février, s’échangèrent des cadeaux dans la bonne humeur.
 
La fratrie se promit aussi de rester en contact par l’écrit. C’est d’ailleurs ce qu’il se passa ; Claude n’envoyait ses lettres qu’à Cassandre mais mettait toujours dans son enveloppe un petit mot pour Céleste où il lui demandait de ses nouvelles. De l’autre côté, la noiraude recevait de temps en temps un message de Levi, échangeait des banalités avec lui.
 
Plus le temps passait, plus elle semblait rayonner quand elle voyait que le soldat lui avait écrit. Cassandre le voyait bien, ne disait rien, se demandait seulement si elle continuerait lorsqu’elle serait mariée à Connor. Est-ce qu’au moins, elle pourrait envoyer des lettres à sa propre famille ?
 
Pour le moment, elle avait de la chance, on se concentrait plutôt sur le mariage de Cassandre.
 
Après tout, dès l’arrivée du printemps, il allait rencontrer sa fiancée, découvrir qui se cachait derrière les lettres qui le gardaient parfois éveillé, savoir qui passerait toute sa vie à ses côtés.
 
Alors, quand le temps commença à se réchauffer, que mars arriva enfin, il se mit à compter les heures. Et puis, pour son plus grand bonheur, sa relation avec sa sœur s’était rétablie, il respirait enfin correctement.
 
Lorsque le jour de la rencontre arriva, il se précipita dans la chambre de sa sœur pour lui montrer sa tenue, tourner sur lui-même et lui demander ce qu’elle en pensait.
 
« Alors ? Comment est-ce que tu me trouves ?
— Tu es splendide. »
 
Elle l’avait regardé avec un sourire, tout en replaçant une mèche rebelle de sa coupe de cheveux. Contrairement à lui, elle avait longtemps espéré que ce jour n’arrive jamais mais ils étaient là, prêts pour ce que l’avenir leur offrait. Cassandre rayonnait, lui qui était si pâle dans sa tenue claire. Le symbole de pureté qu’il devait aujourd’hui incarner lui saillait à merveille et il semblait heureux, presque impatient, de ce qui allait bientôt se passer.
 
« On dirait que c’est la première fois que tu vas la voir.
— C’est le cas. Contrairement à toi, ses parents n’ont jamais accepté que je la rencontre avant nos fiançailles. C’est le grand jour, je dois faire bonne impression ! Comme ça, le mariage mettra moins de temps à arriver.
— Pourquoi est-ce que tu tiens tant à l’épouser le plus vite possible, sérieusement. »
 
C’était là une question rhétorique, la presqu’adulte savait parfaitement pourquoi son frère désirait autant devenir l’époux de cette illustre inconnue. Car s’il le faisait, l’attention allait totalement se tourner vers lui et personne ne viendrait se concentrer sur Céleste pendant un moment. Et Cassandre ne désirait que cela ; que l’on laisse sa sœur en paix. Il lui devait bien ça.
 
L’héritier était cependant déçu ; normalement, Claude aurait dû venir dans la journée, passer en douce par une porte dérobée, pour qu’ils fêtent cet événement mais cela avait été rendu impossible à cause d’une expédition. Pour une fois que le noiraud pouvait faire ce genre de choses, il avait fallu que ce soit impossible ! Bien sûr, le soldat lui avait envoyé une lettre, s’excusant de son absence et souhaitant ses meilleurs vœux, promettant avec force qu’il serait bientôt de retour et fêterait dignement ces fiançailles avec sa famille, sa fratrie lui manquait affreusement.
 
Enfin, il disait surtout cela parce qu’ils n’avaient pas pu se voir pendant deux mois à cause de l’hiver. Et aussi car, comme il l’avait raconté dans sa dernière lettre, Levi se montrait de plus en plus désagréable. Le brun le connaissait cependant depuis assez de temps pour savoir que ce n’était pas de sa faute à lui et la rejetait plutôt sur le fait que son ami n’avait pas vu la seule personne qui ne l’emmerdait pas.
 
Pour sûr, Levi appréciait Céleste et le fait qu’elle le laissait tranquille alors ne plus la voir, profiter de moments calmes, semblait jouer sur son caractère déjà compliqué. Heureusement, ils avaient continué de s’envoyer des lettres. Et même s’il n’écrivait parfois que de courtes phrases par manque de temps, Céleste accueillait toujours ses réponses avec le sourire. Lui ne montrait pas l’effet que lui provoquait cette correspondance mais Claude voyait bien l’application que le soldat mettait à lire correctement les pages entières que la noiraude écrivait, à prendre connaissance de chacun de ses détails. La noble avait ce besoin incontrôlable de s’étaler durant des heures sur le papier, de tout raconter à son correspondant, et il avait l’air de s’en satisfaire.
 
« Tu penses que Claude s’en sort, dehors ?
— Il n’est pas le second de son escouade pour rien, Cæl, il nous reviendra vite. »
 
Et pourquoi ne le ferait-il pas ? Il n’y avait pas de raisons pour que le jeune homme succombe face aux titans alors qu’il avait maintes et maintes fois prouvé sa force. Et puis, il avait Levi, non ? Le noiraud pouvait l’aider, s’il y avait un souci. Alors, ils mirent de côté leur inquiétude, conscients que cela ne servait à rien de se faire du mouron alors que tout allait bien se passer.
 
Cassandre attrapa la main de sa sœur et ils sortirent tous les deux de la petite pièce. Ils parcoururent en silence un des nombreux couloirs de la demeure des Fosten avant de descendre l’escalier principal. Le reste de la famille ainsi que les invités demeuraient dans le jardin d’hiver, sûrement autour d’une boisson chaude. Même si le printemps était présent, le temps était encore frais et quelques flocons tombaient de temps en temps. Ce mois de mars s’annonçait frileux et les cheminées crépitaient toujours pour réchauffer l’immense bâtisse.
 
Quand ils pénétrèrent dans la véranda, un silence pesant s’abattit. On tourna la tête vers les deux nouveaux venus dans une tension palpable et Céleste sentit ses mains devenir moites. Ses yeux s’étaient agrandis quand elle avait remarqué qu’il y avait bien plus de personnes que prévu et elle s’auto-congratula d’avoir mis une tenue bien plus qu’adéquate à la situation. Pour une fois, d’ailleurs, son père semblait la féliciter du regard. La situation donnait l’impression, soudainement, de s’être arrangée entre eux mais cela ne dura pas. Très vite, le chef de famille se leva de son fauteuil et tendit sa main vers ses enfants.
 
« Xavier, Mylène, je vous présente enfin mon héritier ainsi que mon unique fille.
— Nous sommes ravis de vous rencontrer. »
 
Ils avaient parlé d’une même voix, telle une machine bien huilée, et se courbèrent dans une synchronisation parfaite. La fierté se lu sur le visage de leur mère, pourtant effacée dans son coin et Céleste capta le regard des invités. Elle associa les noms énoncés aux deux visages qu’elle ne connaissait pas, tandis qu’elle se remémorait ceux des deux hommes présents.
 
Ainsi, en plus de faire la rencontre de la noble famille Garett, les deux noirauds revoyaient le père Tinnend et son fils. Cassandre eut d'ailleurs du mal à réfréner une moue dégoûtée en voyant les deux hommes, surtout quand il se mit à fixer le fils.
 
« Connor, et si tu allais chercher Serena avec Céleste ? »
 
En un instant, les deux nouveaux venus comprirent que si la seconde famille était ici, c’était avant tout pour parler des fiançailles de la noiraude. Leur père faisait donc une pierre deux coups ? C’était bien son genre, après tout. Connor se leva de son siège sans dire un mot et se dirigea à pas légers vers la demoiselle, sans faire attention à Cassandre. Pourquoi faire, de toute manière ? Les deux hommes avaient fini par se détester sans raisons compréhensibles pour les autres,  et il ne suffisait que d’un échange de regard entre eux pour que les étincelles fusent. Un sourire amer fut échangé et l’héritier dû se contenir pour ne pas agresser le jeune homme en face de lui. Pire, il hochait sa tête, l’air malicieux, satisfait, tout en prenant le bras de la demoiselle.
 
« Vous venez ? »
 
Elle, pour le coup, n’avait pas l’air de ne pas apprécier sa présence. Ou alors elle ne le montrait pas bien. Ils s’éclipsèrent assez vite, partant trouver la fiancée qui devait attendre qu’on aille la récupérer.
 
Accrochée au bras de Connor, Céleste regardait son fiancé avec inquiétude. Les dernières lettres qui lui avaient envoyées étaient bien plus amères qu’avant. L’insouciance de leur enfance s’était envolée depuis longtemps et quelque chose lui disait que ça n’allait pas s’arranger avec le temps.
 
Céleste se demanda si, quand viendra son tour, elle allait elle aussi finir dans une petite chambre, à patienter dans le silence. Mais la noiraude connaissait celui qu’elle allait épouser, il se tenait d’ailleurs à ses côtés. Fier et les épaules hautes, Connor ne lâchait pas du regard sa jeune fiancée. Ils se connaissaient maintenant depuis plus de huit ans, étaient devenus des amis.
 
Pourtant, et le temps le lui avait bien prouvé, elle n’était pas parvenue à l’aimer. Il était quelqu’un de charmant, bien évidemment, mais gardait toujours cette nature froide et égocentrique qui effrayait la demoiselle maintenant qu’elle allait l’épouser. Et, encore aujourd’hui, elle ne voulait pas se lier à un homme qu’elle n’appréciait pas, s’y pliait tout de même par faiblesse.
 
« Dîtes-moi, Céleste, avez-vous encore des nouvelles de Claude ? J’ai entendu dire que votre frère lui parlait toujours, malgré ce qui est arrivé il y a longtemps…
— Je n’en sais pas plus que vous. J’ai simplement eu ouïe dire d’une expédition aujourd’hui, en passant dans les couloirs, mais rien de plus.
— Espérons alors que votre frère y survive. Et qu’il soit heureux dans sa vie incertaine. »
 
Il n’avait pas tort, sur ce point. Claude s’épanouissait réellement dans son corps d’armée, avec une nouvelle famille de soldats, loin des fioritures et du confort qu’offraient cette vie de noble. Mais, parfois, elle aurait préféré qu’il reste à la maison, qu’il ne parte pas. Car aujourd’hui, il pouvait mourir à n’importe quel moment, disparaître entre allez savoir quels crocs.
 
Malgré cette crainte là, elle restait envieuse du garçon qui, au final, n’était pas inquiété par ce qui l’attendait avec Cassandre. Lui, au moins, il pouvait fonder une toute nouvelle famille, rencontrer allez savoir qui et aimer qui il voulait.
 
La noiraude se demandait, alors qu’elle prenait les escaliers, ce qu’elle aurait fait si elle avait eu ce choix. Aurait-elle tout de même suivi les projets de ses parents ? Ou aurait-elle pris un autre chemin ? Avec qui, de toute manière. Personne en ces terres ne l’intéressait suffisamment pour qu’elle ose imaginer faire sa vie.
 
Il y avait, peut-être, l’image rémanente de Levi qui hantait régulièrement ses pensées mais elle le mettait de côté. Il n’était ni intéressé par elle, ni prompt à se marier. C’était un ami, qu’elle chérissait presqu’amoureusement, auquel elle tenait profondément et il n’y avait rien de plus, elle ne le voulait pas.

 C’était un ami, qu’elle chérissait presqu’amoureusement, auquel elle tenait profondément et il n’y avait rien de plus, elle ne le voulait pas

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comment ça céleste elle a un crush sur levi, je comprends pas comment ça se fait, oh la la ;

bon ça tombe un peu mal parce qu'elle est fiancée et que le fiancé est là mais bon hein ;

pis j'imagine que vous vous ferez un plaisir de le dégager, n'est-ce pas Astre ? ;

en vrai, malgré ça et le fait que c'est le chapitre "fiançailles", je sais pas pourquoi mais je le trouve très chill ?? ; en tout cas, ça fait plaisir de pas voir de tensions, surtout entre céleste et cassandre aha

DANSE À TROIS TEMPS ET MOTS EFFACÉS | levi x oc - T1 & T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant