ㅤ📃 CHAPITRE 12

58 10 2
                                    

Sous le regard brillant de Levi, Céleste ne sut quoi dire. Elle aurait, peut-être, préféré qu'il lui réponde « oui ». Ça aurait un petit peu allégé son cœur. Mais puisqu'il ne savait mentir, que ça ne servait de toute manière à rien, elle ne pouvait regarder ailleurs.

Pourquoi avait-elle posé cette question.

La sensation des lèvres du caporal flottait encore maintenant sur les siennes, tel un énième rappel de ce qu'elle avait fait. Elle était toujours convaincue que ce qu'elle avait fait devait être fait mais qu'est-ce qu'elle regrettait. Si elle n'avait pas tout gâché, peut-être que les choses auraient été radicalement différentes, peut-être qu'elle ne s'en mordrait pas les doigts, peut-être qu'elle ne voudrait pas tout recommencer tout de suite.

Le voulait-il ? Ce n'était pas parce qu'il lui répondait ça qu'il pensait la même chose qu'elle ! Sûrement était-il satisfait de cette expérience seule, n'en voulait pas plus, se contenait parfaitement du peu qu'elle lui avait donné. Peut-être qu'il n'avait jamais voulu tout cela d'elle, avait seulement accepté parce que ça se présentait à elle et... Et quoi ?

S'il regrettait vraiment, il le lui aurait dit. Avec la même netteté que sa réponse actuelle, avec cette voix qui ne laissait pas la place au doute. Mais quels étaient ses sentiments, alors ? Est-ce qu'il y avait encore quelque chose ? Est-ce qu'il y avait déjà eu quelque chose ? Pourquoi se posait-elle cette question, d'ailleurs. Elle-même ne savait pas ce qu'elle ressentait encore pour lui, ou en tout cas n'avait plus envie de trop y penser. Non. C'était un mensonge.

La noiraude aimait toujours avec la même ardeur l'homme en face d'elle, était encore attachée à lui. Même si c'était trop tard pour croire à quoi que ce soit. Même s'il ne la voyait même plus comme une amie... Au final, peut-être aurait-elle dû réellement rester sur cette idée, ne jamais demander plus... Elle n'aurait pas fini déçue, ne serait pas ici à-

« ... Céleste ? »

Elle sursauta violemment. Tremblante, l'instructrice mit plusieurs secondes à comprendre qu'elle avait complètement décroché ; il lui fallut encore plus de temps avant qu'elle ne réalise que son interlocuteur s'était penché vers elle, une main posée sur son épaule et les sourcils froncés.

« Qu'est-ce qu'il y a ? Tout va bien ? »

Elle vit l'inquiétude prendre son visage, tandis qu'il cherchait dans ses yeux une réponse. Qu'avait-elle ? Une minute plus tôt, elle lui posait une question qu'il ne pensait jamais entendre et l'instant d'après, son regard s'effaçait subitement. Quelque chose l'avait totalement prise, alors qu'elle avait fini par ne pas répondre à son « Et toi ? » teinté d'espoir. Lui qui aurait aimé lui retourner la question...

« Ça va.

— Ne me mens pas. Si tu ne veux pas me raconter, c'est pas grave, c'est ton droit.

— Tout va bien. J'ai juste eu une absence.

— D'accord. »

Il se recula d'elle, la laissant enfin détendre ses épaules. Se retrouver aussi soudainement proche de Levi l'avait surprise, elle ne s'attendait pas à ce qu'il s'approche soudainement d'elle.

« En attendant, bois ça, tu es gelée. En plus, je t'avais resservi, il s'agirait de boire. »

Il poussa lentement la tasse encore pleine vers Céleste. C'est vrai, elle lui avait demandé de la remplir... Tout en l'attrapant, elle revit parfaitement ces nuits où elle s'en allait dans le bureau du noiraud, où elle finissait par s'endormir.

Avoir un ami qui ne dormait que très peu avait au final parfois du bon et même s'il y avait eu une période où ils ne discutaient presque jamais, elle appréciait se retrouver auprès de lui. Le soldat arrêtait toujours quelques minutes son travail pour lui donner à boire, la forcer à s'asseoir sur sa chaise, tout en lui ordonnant de prendre le temps qu'il lui fallait pour remettre ses stupides idées en place. Et quand c'était fait, Levi se remettait à son boulot, plongé dans ses papiers, tandis que la jeune femme restait là, à regarder le liquide brun, attendant qu'il refroidisse. À chaque fois, le silence régnait en maître entre eux, vaguement interrompu par le bruissement du papier et le grattement d'une plume. Mais, dès que la noiraude ouvrait la bouche, que ce soit pour parler du fantôme qui hantait ses songes ou de quoi que ce soit d'autres, le stylo était posé sur le bureau et il écoutait sans rien dire. Parfois, il tirait sa chaise jusqu'à elle, se rapprochaient, s'installaient en face d'elle pour mieux comprendre ses bafouillements.

DANSE À TROIS TEMPS ET MOTS EFFACÉS | levi x oc - T1 & T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant