Céleste peina à trouver le sommeil, cette nuit-là. Elle avait beau se tourner, se retourner, dans son lit, rien ne venait. Ses yeux étaient pourtant fermés, son corps épuisé, mais elle n'y arrivait pas. Et ça l'énervait de plus en plus.
En rentrant dans leur dortoir, elle avait compris avec dépit que les deux autres soldates n'avaient pas été aussi chanceuses. L'une d'elle passait la nuit à l'infirmerie, il paraissait qu'elle était blessée à la jambe, l'autre n'était tout simplement jamais rentrée.
Et si cela n'avait pas trop bousculé Becca, son aînée se retrouva à regarder pendant de longues minutes leurs lits. Elles n'avaient jamais été amies, ne s'étaient parlé que rarement, mais la mort s'était même immiscée dans leur intimité. Et elle empêchait désormais la jeune femme de sombrer.
Elle relativisait en se disant que, au moins, elle ne souffrirait pas de cauchemars cette nuit. C'était déjà ça de gagné, non ? Enfin... Dès qu'elle fermait les yeux, les images de l'expédition lui revenaient en mémoire. Au final, si elle n'avait pas réagi à la découverte du charnier, elle avait fini par être poursuivie par ce souvenir.
Et elle ne savait pas ce qui était pire : finir par un jour l'oublier ou y être habituée.
« Becca, tu dors ? »
Pas de réponse. Tant mieux, à vrai dire. La noiraude ne voulait pas se rendre compte que son amie n'avait, elle aussi, pas réussi à se reposer. De toute manière, ç'aurait été étonnant qu'elle soit éveillée, elle somnolait déjà lorsqu'elles étaient rentrées au dortoir.
Le pire dans cette situation était que le ventre de Céleste, lui, avait fini par se manifester. Au départ, il n'avait fait que gronder un tout petit peu mais il avait fini par faire de grands bruits dans toute la pièce et c'en était presque douloureux. Comprenant qu'elle ne pourrait pas s'endormir sans avoir calmé la bête qui remuait dans son estomac, la soldate se décida à se lever.
Dans les couloirs déserts du quartier général, elle se repéra bon gré mal gré jusqu'au réfectoire qui était, heureusement, vide. Seul demeurait un feu dans l'âtre près des cuisines, où on pouvait faire chauffer ce que l'on voulait si on avait assez de dextérité.
La jeune femme se serait, en réalité, attendue à voir un petit peu plus de monde. Peut-être des vétérans en train de boire ? Mais il n'y avait personne et cela l'arrangeait un tout petit peu. Elle n'avait pas envie de compagnie.
La grande majorité du garde-manger était réservée aux cuisiniers mais il y avait toujours une partie pour ceux qui avaient loupé le repas ou qui avaient seulement faim entre les heures de déjeuner. Il y avait alors à chaque fois du pain, parfois des restes de soupe ou de légumes, des bouteilles... Céleste trouva alors son bonheur dans une marmite presque finie et attrapa par la même occasion un pichet d'eau ainsi qu'une pomme.
Installée à table, elle profitait de son repas silencieux (et un petit peu froid), du manque de monde dans l'immense réfectoire pour contempler les murs de pierre. Comment avait-elle fait pour tomber si bas ? Qu'en penserait Cassandre, tiens ? Serait-il fier de ce qu'elle avait accompli ?
Est-ce qu'elle aussi, elle avait sa place ici ? Elle n'avait pas fait preuve d'un immense courage sur le terrain, n'avait fait que suivre l'idée de Becca, les ordres de Caius, s'était enfuie face au combat et avait espéré qu'elle pourrait survivre à tout ça. Était-ce suffisant ? Elle n'en savait rien.
« Drôle d'horaire pour manger un truc aussi immonde.
— Faut bien se nourrir. Et toi ? Qu'est-ce que tu fais ici ?
— Me refaire du thé. »
Céleste regarda se diriger vers les cuisines. Il sembla fouiller plusieurs secondes dans les placards, avant de s'affairer à récupérer de l'eau. Finalement, elle n'était peut-être pas contre un petit peu de compagnie. La noiraude savait qu'elle ne pourrait chercher ni des larmes, ni des caresses mièvres de la part du soldat. Si elle lui racontait ce qui pouvait la tourmenter, elle était certaine qu'il ne la rassurerait pas mais qu'il lui dirait ce qu'il fallait qu'elle entende, la vérité. Et qu'il n'hésiterait pas à la présenter à elle, même si cela venait à trop la secouer.
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DANSE À TROIS TEMPS ET MOTS EFFACÉS | levi x oc - T1 & T2
Fanficㅤ✧ attaque des titans ㅤ✧ en cours Céleste n'a jamais voulu de la guerre. Ou tout simplement que sa vie y soit mêlée. Mais à trop vouloir échapper aux choses, on finit toujours par y tomber la tête la première. Alors, quand elle décide de parti...