Golden Souls [PLK]

9

Mathieu avait gardé une de ses habitudes de son adolescence, lorsqu'il avait le moral en berne, il sortait. Il allait dans les soirées les plus bruyantes pour camoufler ses pensées avec ses amis. Et ce soir, après leur visite aux urgences de la nuit dernière, il avait besoin d'une excuse pour se retourner la tête. Certes, il ne buvait plus d'alcool mais l'herbe et la fatigue étaient dorénavant suffisantes. C'est ainsi qu'il se retrouva sur une banquette de boîte de nuit, à quelques pas de l'hôtel, la tête complètement retournée.

Allongée toute la journée, Lina avait refusé d'aller au concert puis de le rejoindre à cette fête. Alors, le blond ne l'avait pas avec lui, pour lui mettre le holà et les joints s'enchaînèrent encore et encore jusqu'à ce que ses yeux se ferment seuls et que sa bouche devienne pâteuse. Son bonheur ne dura pas, les effets secondaires s'imposant.

« Les gars. » Mathieu se redressa. Il n'avait fait aucun effort pour discuter avec ses amis et ces derniers n'avaient pas insisté. Ils savaient tous comment s'était déroulé la nuit dernière, sans en connaître les raisons. Néanmoins, ils avaient pris l'habitude de se douter que les nouvelles n'étaient pas bonnes. « Oh, les gars. »

Lisko se retourna et ne cacha pas sa stupéfaction. Mathieu était blafard et cireux. « T'as une sale tête, freine un peu. »

« J'vais rentrer. » Il se leva, manquant de tomber tant la tête lui tournait. « J'ai envie de voir Lina. J'ai besoin de la voir. J'aurai pas dû sortir. »

« J'te raccompagne. »

Il essaya de refuser mais ses vertiges ainsi que sa nausée le dissuada. Son ami passa un bras sur ses épaules pour le guider jusqu'à l'extérieur mais surtout éviter qu'il ne tombe autant physiquement qu'émotionnellement. Le trajet se fit en silence parce qu'aucun des deux n'avaient les mots. Lisko connaissait quelques histoires terribles de leur relation mais il avait l'impression que les horreurs s'accumulaient et qu'aucune phrase clichée ne pourrait l'aider. Mathieu, lui, n'avait simplement plus envie de verbaliser ses peines. Il voulait seulement se réfugier contre Lina, sentir son odeur et oublier son état.
Lisko l'accompagna jusqu'à la porte de la chambre. Il toqua et une petite tête brune ouvrit, cachant par la porte son corps vêtu d'un simple t-shirt.

« Il a trop fumé ? » Elle laissa passer Mathieu. « Merci Peli, je m'en charge. »

« Il voulait rentrer. » Il fit des guillemets pour le citer. « J'ai envie de voir Lina, j'aurai pas dû sortir.. bla-bla-bla. »

Elle se força à rire et le remercia encore une fois avant de fermer la porte. Sa soirée n'avait pas été de tout repos parce que quelques saignements avaient perduré. Ce n'était pas grand chose mais suffisamment pour tâcher un caleçon de Mathieu. Ça avait être un drame pour Lina qui avait essayé de le nettoyer dans le lavabo comme si elle lavait sa peine mais aussi sa culpabilité. Et ça ne loupa au jeune homme qui était attiré par les toilettes. Toutefois, sa nausée disparut pour laisser place à à confusion.

« Tu fais de la lessive ? »

« J'ai saigné un peu... j'ai taché un de tes caleçons. »  Il s'approcha du lavabo pour voir l'eau rougeâtre.

« Jètes-le. C'est qu'un caleçon Lin'. Prends en un autre, j'en ai plein. »

Il le fit, évacuant l'eau, essorant le sous vêtement avant de le mettre à la poubelle. Elle acquiesça grandement pour se convaincre mais son menton tremblant la trahissait. Elle avait honte, c'était certain, mais surtout, elle avait mal au coeur. Terriblement. Plus les heures passaient, plus elle assimilait la nouvelle et celle-ci la rongeait. Et le pire, c'est que Mathieu était touché aussi. Pour elle, c'était de sa faute, elle lui en avait parlé, l'avait convaincue. Puis, finalement, tout tombait à l'eau et elle s'en sentait responsable. Mathieu tendit sa main et elle ne se fit pas prier pour la prendre et se réfugier dans ses bras.

« J'suis désolée. »

« Arrête... bébé. Tu t'excuses pour rien. C'est pas nécessaire. » Il caressa sa nuque, profitant de ses cheveux détachés pour y passer ses doigts. « C'est pas de ta faute. »

« Tu as beaucoup fumé. »

« Oui mais ça ne change rien, je reste honnête. »

« Mais ça veut dire que tu es contrarié. Et ça, c'est de ma faute. » Elle quitta son cou pour le regarder. Ses larmes trempaient ses joues et Mathieu eu l'impression de s'y noyer. « Et j'veux pas que tu sois triste. »

« Ça marche pas comme ça. » Il attrapa ses hanches pour la porter et elle s'accrocha à lui. « Et j'aimerais que tu comprennes que ça ne peut être de ta faute, si tu n'as pas eu un mot à dire. Les mots de Mme Romano, nana. » Il l'amena jusqu'au lit, impatient lui aussi de s'allonger. Il rêvait de fermer les yeux et de retrouver le confort et la douceur que lui offraient Lina. « Et si on gérait ça ensemble plutôt que de déprimer chacun de notre côté ? »

Elle acquiesça seulement et il l'enlaça contre lui tandis qu'elle caressait sa nuque, s'enivrant de sa chaleur. Elle resta sur ses genoux, se répétant inlassablement ses derniers mots pour s'assurer que leur sensation réconfortante ne parte pas. Mathieu, lui, resta immobile, tant parce qu'il était épuisé que parce qu'il était soudainement soulagé de l'avoir contre lui. Alors, il la serrait, ses bras faisant complètement le tour de son corps. Ils restèrent plusieurs minutes ainsi, jusqu'à ce que leurs corps s'endolorissent.

Il fut le premier à céder, se laissant tomber en arrière sans pour autant la lâcher. Il regretta ne pas l'avoir fait avant en entendant le rire cristallin de Lina. Elle se redressa pour le regarder et caresser son visage, un léger sourire sur les lèvres.

« T'es complètement défoncé. »

Il prit le peu de force restant pour échanger de position et s'allonger sur elle. Il inspira son cou profondément tandis qu'elle ricanait en se débattant. « Défoncé à toi ouais. »

« Mon dieu mais t'es ringard. »

« J'suis peut être ringard mais j'ai réussi à te gérer alors qu'est-ce que ça veut dire de toi, miss ? »

« Que j'ai fait un geste de charité. » Elle ria à gorge déployé tandis qu'il passait ses doigts contre ses côtes. « Ok ok, je retire ce que j'ai dit. » Il attrapa ses mains pour les lever au dessus de sa tête. « T'es pas du tout... ringard... juste... extrêmement... »

« Fais attention à ce que tu vas dire, j'ai tous les pouvoirs. »

« C'est seulement ce que je te laisse croire. » Elle se pinça les lèvres, les joues roses de le taquiner. «  Merci de me faire rire. »

« Merci d'être tombée amoureuse de moi. Je sais pas ce que je ferai sans toi et j'suis putain de chanceux que tu veuilles de moi. » Elle leva les yeux au ciel. « Ringard ? »

« Mais j'adore ça. »