Golden Souls [PLK]

14

Lina serra une dernière fois la main d'Ines avant de rentrer dans la boîte de nuit. Elle n'y était pas retournée depuis longtemps et n'avait pu qu'appréhender en recevant l'invitation de Lucie, ici. C'était l'ancien squat de Marcus et elle y avait passé quelques soirées avec lui, complètement ivre et droguée.

Lorsqu'elle entra, il lui fallut plusieurs secondes pour calmer son cœur mais il s'emballa de nouveau en voyant son ancienne meilleure amie. Elles ne s'étaient pas vues depuis l'incident en Corse alors l'appréhension était grande.

« Hey, salut ! » Lucie se retourna pour voir les deux filles.

« Oh vous voilà ! » Elle les embrassa chaleureusement. « Ça fait bizarre de vous voir... l'ancien trio... »

« Oui... d'ailleurs... » Lina baissa les yeux quelques secondes, s'apprêtant à mentir. « Je suis vraiment désolée pour les derniers événements. J'aurai dû te faire confiance. J'ai voulu croire que Mathieu était...sincère... mais il a clairement exagéré ce qu'il s'est passé. À cause de lui, on s'est disputé comme jamais. Tu m'as manquée... plus jamais on se sépare. »

« C'est rien. Au moins, tu as finis par voir claire dans son jeu. »

Elles se dirigèrent vers le bar et commandèrent toutes de l'alcool avant de se diriger vers une table. Lina ne put se retenir de s'inquiéter, si Lucie avait reprit la boisson, c'était pire que ce qu'elle n'avait osé imaginer. Et ça ne faisait que commencer. À peine elles s'étaient assises, qu'elle sortait un sachet de ce qui semblait être de la cocaïne. Inès regarda nerveusement son amie mais celle-ci préféra l'ignorer pour ne pas se trahir. Elle inspira profondément tout en pensant à Mathieu, l'imaginant à cette heure ci dans le studio à enregistrer des sons. Elle arrivait à le voir et à le sentir et son courage revint à la charge.

« T'en veux, Lina, comme au bon vieux temps ? »

« Non, une prochaine fois. » Elle se força à sourire.

« Polak t'a vraiment rendu coincé ! »

« Mais non, c'est juste qu'on rentre pas tard ce soir ! »

Inès grimaça derrière son verre. Ce plan allait être plus dur que prévu, surtout si Lucie poussait Lina à reprendre de mauvaises habitudes. Elle savait que la brune était prête à tout et que si une ligne de cocaïne permettrait d'avoir ses aveux, elle le ferait. Elles finirent leurs verres silencieusement avant d'en commander un nouveau. L'ambiance était tendue et aucune des trois ne savaient comment détendre l'atmosphère, et encore moins, amener Marcus sur la table.

« Tu peux me donner ton portable, j'ai plus de batterie et j'aimerais envoyer un message à la nounou de Luisa. » Lina fronça les sourcils, ne croyant pas une seule seconde à son excuse. Toutefois, elle lui tendit, se remerciant intérieurement d'avoir supprimer toute trace de Mathieu dessus. « Merci. Tu ne lui parles plus du tout ? »

Elle n'eut besoin de lui demander de qui elle parlait. « Non, c'est vraiment terminé. »

« Tant mieux. »

« Est-ce que je peux te poser une question ? » Lina se mordit l'intérieure de la joue, anxieuse. « Est-ce que tu regrettes ce que tu as pu dire ? »

« Une partie était vraie, tu crois pas ? » Elle haussa les épaules, aucune réponse adaptée n'était possible. « Mais je regrette ce que j'ai pu dire sur Marcus. Je le pensais pas. Ce connard méritait vraiment de mourir. » Inès regarda abruptement Lina, elles y étaient presque. « Et j'vais te dire, Mathieu mériterait la même chose pour t'avoir retournée contre moi mais ce putain de Ben n'a même pas été capable de faire son taff proprement. »

« Mais t'as dit plusieurs fois à Lin' que tu regrettais ce que t'avais fait à Marcus... »

« C'est bon, on va pas parler de ça toute la soirée... ce qui compte c'est que la vérité soit rétablie. »

Lina lança un regard suppliant à son amie. Elle voulait partir dorénavant. Les menaces envers son petit ami étaient insupportables et Lucie ne semblait pas prête ce soir, à avouer le meurtre de Marcus. Ines envoya alors un sos à Antoine qui ne tarda pas à les appeler, trouvant une excuse bidon pour qu'elles rentrent immédiatement.

Elles saluèrent alors rapidement la jeune femme avant de s'enfuir dans le premier taxi disponible. À peine avaient-elles donné l'adresse qu'elles se mirent à ricaner nerveusement jusqu'à ce que leurs éclats de rire deviennent des pleurs. Elles se serrèrent dans les bras l'une de l'autre.

« C'était vraiment horrible. » Inès essuya les joues de son amie. « Il y a encore quelques mois, elle voulait coucher avec mon mec et maintenant elle veut le buter... »

« ...elle est folle. J'suis désolée d'avoir garder contact avec elle sans te le dire. »

« J'ai besoin d'entendre Mathieu. » Son amie acquiesça, attrapant son téléphone pour l'appeler. « Merci. »

Mathieu était allongé sur un transat de la terrasse extérieure, complètement gelé mais ne se lassant pas de la vue. Il y trouvait un certain réconfort depuis que Lina lui avait raconté comment elle sortait de ses épisodes traumatiques, en l'imaginant lui et cet horizon. Alors, il faisait de même, passant même des heures à l'imaginer dans chaque pièce de la maison.

Il fut surpris de sentir son portable vibrer à trois heures du matin. Toutefois, il ne put retenir un sourire énorme en voyant le nom d'Ines parce que ça voulait dire qu'il allait entendre sa brune.

« Allo ? » Il serra la mâchoire, une montée d'émotion dans la gorge. « Mat, c'est moi. »

« Salut bébé. » Il s'allongea complètement sur le transat pour se perdre dans les étoiles. Il arrivait à entendre son souffle et il sût qu'elle pleurait. « J'ai envie d'entendre ta voix, parle-moi. »

« Tu me man... » Inès lui attrapa la main tout en cherchant son regard. Lina se devait d'être forte et elle essaya de lui transmettre ce message au mieux. Elle inspira profondément pour reprendre son calme. « Je...On avance avec Inès. Lucie y croit et on a commencé à parler de Marcus. Mais ça reste difficile de la faire avouer et d'enregistrer en même temps. Mais on va y arriver. »

« Et comment tu te sens ? C'est ça qui compte pour moi. »

« J'vais bien, t'inquiète pas. Je tiens le coup. Et toi ? Comment tu vas ? »

« Je suis sur la terrasse et je pensais à toi avant que tu m'appelles. Et tu me manques. » Elle regarda le ciel pollué de Paris tandis qu'il scrutait les étoilées corses. « Mais même si c'est dur, je suis fier de toi. Tu es une battante. »

« Tout sera vite réglé, j'en suis certaine. » Elle se pinça les lèvres, il était temps de raccrocher. Plus elle restait au téléphone, plus elle se sentait incapable de rester ici. « Il faut que j'y aille. Je t'aime. »

« Je t'aime encore plus. Fais attention à toi. »