Antoine partit dans un coup de sang, laissant les deux jeunes femmes dans l'appartement. Inès fit chauffer un thé et sortit les plaids les plus doux et chauds disponibles. Elle recouvra Lina qui commençait tout juste à émerger. Toutefois, la descente était horrible, ses tremblements lui faisaient claquer des dents et tordre ses muscles. Son amie s'installa à ses côtés pour la recouvrir et frotter vigoureusement ses bras. Elle alluma la télévision pour remplir le vide, espérant qu'une diversion l'apaise.
« Y a vraiment toujours de la merde à la télé, c'est dingue. » Elle la serra contre elle, zappant. « Tu te rends compte qu'on paye pour ça. » Elle embrassa sa tempe et fut soulagée de la sentir reposer sa tête contre son épaule et se détendre légèrement. « On dirait une vieille quand je dis ça, tu crois pas ? Mais en même temps, c'est vrai, non ? On va regarder les animaux. C'est pas mal. Il te faudrait un chien, ça serait trop bien. On l'appellerait mini Polak. Il faudrait que ça soit un chihuahua blond qui aboie tout le temps. »
« Je t'adore. »
« J'suis contente de t'entendre. J'ai cru que j'allais devoir continuer ce monologue pendant des heures. » Inès pouffa tout en la serrant un peu plus fort. « Et je t'adore aussi. Tu veux boire un peu ? J'ai fait un thé. » Lina acquiesça et son amie lui attrapa un mug. « Fais gaffe, il est brûlant. » Elle dut l'aider à la tenir tant ses mains tremblaient. « Est-ce que tu te sens mieux ? Qu'est-ce que je peux faire pour toi ? Est-ce que tu veux en parler ? »
« Elle savait depuis le début que je faisais semblant. » Elle racla sa gorge, celle-ci abîmée par ses cris ainsi que l'eau qu'elle avait inspiré quelques heures plus tôt. « Elle a mis je ne sais quoi dans mon verre. » Elle refusa de boire plus, tirant sur le plaid avant de s'allonger, la tête sur les genoux de son amie. « Quand on était chez Marcus... » Elle se mordit l'intérieur de la joue jusqu'au sang avant de reprendre. « Quand il était très en colère, il me mettait la tête dans l'eau, dans la baignoire ou sous le jet. » Inès posa sa main sur sa propre bouche, prise d'horreur. « Lucie le voyait faire et elle sait à quel point c'est devenu un traumatisme. Ce sentiment d'être si proche de la mort, ça reste, ça s'ancre au plus profond de ton être. C'était pire que tous les coups ou... ou le reste. C'était pire que tout. » Elle inspira pour garder son calme, fixant les animaux sur l'écran de télévision. « Elle a posé un torchon mouillé sur ma tête et elle a coulé dessus de l'eau. »
« Tu déconnes, pas vrai ? » Lina secoua la tête, les larmes coulant sur le pantalon de son amie. « Il faut qu'on aille voir la police, c'est pas possible. C'est.. c'est de la putain de torture ce genre de trucs ! » Elle quitta le canapé, manquant de faire tomber la brune. Néanmoins, elle était incapable de rester immobile. Tout lui semblait irréaliste, cauchemardesque comme si ce n'était qu'un concours de la pire histoire. « Merde, putain mais c'est quoi ces tarés ! »
« Je crois qu'on a vécu... elle et moi... nos traumatismes différemment. J'ai créé des phobies et des cauchemars.. et elle, elle est devenue comme lui. »
« Il faut que j'appelle Antoine... imagine si elle a une arme. »
Inès passa une main dans ses cheveux, angoissée, et attrapa son téléphone. Elle quitta la pièce et abandonna Lina à son propre sort. Celle-ci resta immobile, fixant l'écran de télévision sans pour autant la regarder, le film de la soirée repassant déjà dans sa tête. Elle passa une main dans ses cheveux et ne put que grimacer. Ils étaient emmêlés et sales à cause de l'eau et du torchon. Alors, elle se leva lentement, les crampes dans ses jambes ainsi que ses vertiges l'empêchant d'aller plus vite. Elle se dirigea vers sa chambre pour y prendre quelques affaires de toilette et des vêtements. Elle prit le temps d'inspirer l'odeur du sweater de Mathieu avant de rentrer dans la salle de bain.
Elle alluma le jet de la douche rapidement avant de s'en éloigner à toute vitesse comme si celui-ci pouvait se diriger de lui-même vers elle. Elle ferma les yeux, inspira longuement avant de se déshabiller. Elle resta plusieurs minutes à fixer l'eau couler. Inès, elle, s'était assise derrière la porte, secrètement mais surtout à l'écoute du moindre bruit suspect. Elle était prête à détruire la porte si besoin. Toutefois, elle n'en eut besoin. Lina entra sous la douche et se força à faire face au pommeau. Les paupières closes, elle se mit à pleurer, son ventre pris de soubresaut à cause de ses sanglots silencieux. Elle laissa la panique l'envahir mais elle ne la laissa pas gagner, restant debout. Et, enfin, elle put se laver entièrement. Elle sortit, épuisée et prit le peu de force qui lui restait pour s'habiller et s'écrouler dans le lit.
« Salut. » Elle quitta son oreiller pour voir Antoine. « J'peux rentrer ? » Elle acquiesça et il prit place au bord du lit. « T'as pris une douche ? C'est une bonne chose. » Il resta silencieux quelques secondes, l'analysant. « On l'a eu. » Elle rouvrit les yeux, les sourcils froncés et le cœur au bord des lèvres. « Polak est un bon gars. Il l'a toujours été, avec tout le monde. J'ai pas eu de mal à convaincre certains de nos amis en commun. On est allé chez elle. On l'a fait avoué tout ce qu'elle avait fait. On a tout filmé. » Il lui montra son téléphone mais elle referma ses paupières et s'enfonça dans son oreiller. Elle n'avait pas besoin de voir ça. « C'est terminé Lina. »
« J'suis fatiguée. On en parle demain, d'accord ? »
« Ouais. » Il posa une main sur son épaule avant de se lever. « Bonne nuit. »
« Antoine ? » Il se retourna. « Merci. »
« De rien. »
« Est ce que tu veux bien le dire à Mathieu ? Lui raconter la soirée ? J'suis pas sûre d'en avoir la force. » Il resta silencieux et Lina le sentit faire un débat intérieur. « On est pas obligé de lui dire maintenant, on peut toujours attendre. La tournée est importante. »
« J'm'en occupe. »
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Golden Souls [PLK]
FanfictionTome 1 : Rusted Souls Tome 2 : Phœnix Souls Tome 3 : Golden Souls « J'viens pas avec toi. » Elle avait tant murmuré que ses mots étaient presque silencieux. Elle se racla la gorge faiblement. « Je ne viens pas avec toi. Je pars sur Paris. » « Quoi...