Lorsque Mathieu entra dans la salle de bain, il surprit Lina qui se regardait de profil dans le miroir. Elle était en sous vêtements à la recherche d'un arrondissement de son ventre mais celui-ci était toujours plat comme si le petit être se cachait ou pire, comme si le test n'était qu'un faux positif. Il s'approcha d'elle pour l'embrasser mais elle tendit seulement sa joue, trop préoccupée par son reflet. Il n'insista pas, se faufilant seulement dans la douche en espérant l'attirer mais ni l'eau chaude, ni ses tendresses proposées ne furent suffisantes.
Lorsqu'il sortit, il enroula son bassin dans une serviette tout en la regardant. Elle avait quitté sa contemplation pour se peser.« Qu'est-ce que tu fais ? » Il s'installa derrière elle puis l'attrapa pour la faire quitter la balance. Le poids et l'appétit de Lina avaient toujours été un sujet sensible et il détestait la voir vérifier les chiffres. Pourtant, cette fois, elle rêvait de prendre.
« J'ai pas pris un gramme. » Elle se libéra de ses bras. « Ça fait trois mois depuis le cagibi et on voit rien. »
« J'y connais rien mais toutes les meufs sont différentes. Peut-être que ça se verra plus tard, nan ? Le test était clairement positif. » Elle baissa la tête tout en croisant les bras contre sa poitrine. « Allez bébé, on a bientôt le rendez-vous, tu seras rassurée. J'suis certain que tout va bien. Ça sert à rien de stresser avant l'heure et c'est pas bon pour le bébé. »
« T'en sais rien. » Elle fonça contre son buste et il l'enlaça. « Tu peux clairement pas me rassurer sur ça. » Il la serra fort tout en la secouant légèrement, espérant en faire ressortir un rire. Bien entendu il y arriva parce qu'il lui suffisait de faire l'idiot, parce qu'elle était trop amoureuse pour ne pas trouver toutes ses blagues ou ses pitreries drôles. « T'es vraiment pas possible. » Il haussa les épaules, l'air de dire que ça avait marché. « Au fait, après le rendez-vous et si tout va bien, j'aimerais que la première personne qu'on informe soit mamie. »
Il acquiesça sincèrement. Sa grand-mère était devenue une réelle figure familiale pour Lina et il était heureux de les voir s'aimer mutuellement. Finalement, il la relâcha pour s'habiller. Ils avaient déjà refusé le film hier soir alors loupé le petit déjeuner semblait impoli. Ils descendirent ensemble et saluèrent Inès et Antoine, seuls déjà réveillés. Mathieu se réfugia auprès de la cafetière pour sortir deux mugs et en servir un à sa fiancée qui restait encore préoccupée par leur discussion. Il embrassa sa tempe avant de sortir pour fumer une cigarette. Son ami le suivit et laissèrent les deux femmes toutes les deux.
« Ça va mieux ? » Lina fronça les sourcils, confuse par sa question. « Polak nous a dit que tu te sentais pas super bien hier d'où le fait que vous vous êtes couchés plus tôt. »
« Oh. » Ses joues prirent instantanément une teinte rosée, rose-cramée. « Oui, juste un coup de fatigue. »
« Tant mieux. » Inès pouffa. « J'suis heureuse de vous voir aussi bien tous les deux en ce moment. » Elle rejoignit sa meilleure amie pour l'enlacer. « J'suis fière de toi et j'espère que le reste de ta vie sera un long fleuve tranquille parce que tu le mérites, complètement. Et même si je suis la plus vieille, j'peux te dire que je t'admire par ta force d'esprit. »
Lina n'eut le temps de la remercier pour ses mots que Mathieu rentrait en trombe, son portable contre son oreille. Il monta les escaliers pour s'isoler, sans un mot, seulement un coup d'œil furtif vers elle. Elle tenta de le suivre mais Antoine lui attrapa le bras tout en secouant la tête. Il sortit son propre téléphone pour ouvrir Twitter.
La salle de concert où Lucie s'était suicidée avait réalisé une déclaration puisque l'affaire était close. Ainsi, ils annonçaient la mort d'une femme dans les toilettes ce soir là, par autolyse. Le rappeur était alors passé en TT mais surtout le nom de Lina. Celle-ci avait été aperçu par des fans et le harcèlement qu'elle avait reçu par ses dernières faisaient pour certains une raison valable à ce que la personne décédée soit la brune.« Pourquoi Mat est en colère ? C'est pas nouveau les rumeurs sur notre cas. » Elle secoua la tête tout en verrouillant l'écran. « On peut pas leur demander de supprimer ? »
Face aux malentendus, la police avait fait un communiqué pour calmer la situation. Ils expliquèrent la mort de Lucie ainsi que le dévoilement partiel du contexte, de l'histoire de Marcus et de sa violence envers les deux femmes. Néanmoins, ce que certains ressortirent, c'est que Lina était avec Mathieu, un jeune homme avec un passif, venant lui aussi d'un quartier, arrêté maintes et maintes fois et pour violence, notamment.
Et une comparaison entre les deux hommes étaient la plus effroyable possible. Mathieu était devenu un bourreau aux yeux des réseaux.
Pour aucune raison.
Et c'était la pire insulte qu'il pouvait recevoir.« C'est ce qu'il va faire. » Antoine se pinça les lèvres. « Mais il y a pas que ça, des assos ont pris votre histoire comme exemple. Ils disent que Polak a une main sur toi... comme Marcus. Ils ressortent tous ses dossiers. »
« ...mais ils sont complètement... cons ! Il suffit de me regarder ! » Elle leva les bras en l'air tout en se montrant. « Mathieu n'a rien à voir avec Marcus ! Il le sait ! »
« Je sais mais il le prend personnellement. Ils retournent la situation. Ils parlent de son passif et de ses histoires judiciaires. Ils disent que s'il n'est pas complice, il aurait pu empêcher ça. Ils ont carrément dit qu'il aurait du te protéger, et tu sais comment ça raisonne dans sa tête. Ils disent même qu'il est forcément violent avec toi et qu'il a une emprise sur toi. »
« Mais c'est complètement stupide. »
Elle abandonna ses amis pour rejoindre son fiancé. Il était de dos, assis au bord du lit, beaucoup trop silencieux pour qu'elle en soit rassurée. Elle s'approcha lentement, grimpant sur le matelas pour s'asseoir derrière lui. Elle posa une simple main dans son dos mais en sentant les soubresauts, elle s'accrocha à lui. Il était blessé parce que toutes ses pensées noires se matérialisaient devant ses yeux. Tous ses inconnus leurs donnaient raison. Il n'avait pas été suffisant. Il était lui-même violent, dépendant de substance, doué que pour écrire sur ses histoires de quartier. Il ne comptait plus les fois où il s'était enfui ou encore tus au lieu de la protéger. Il ne comptait plus le nombre de fois où il avait été salace au lieu de romantique. Il avait l'impression d'avoir menti à lui-même, à Lina, au monde entier, au petit être.
« Bébé... » Elle tira sur son sweater pour qu'il accepte de l'enlacer et il ne lutta pas, se logeant contre son épaule. « Je t'interdis de les laisser t'atteindre. Ils ne te connaissent pas. Pas comme moi je te connais. » Elle caressa sa nuque, laissant parfois des baisers contre son crâne. « Ce sont de simples imbéciles qui se font de l'argent sur ton dos. S'il le faut, on fera un communiqué. On dira la vérité sur notre histoire. »
« Pourquoi il n'y a que toi qui me voit comme ça ? »
« Parce que moi, je te vois. Vraiment. Pour qui tu es. Et ça serait une insulte de dire que je ne suis pas en capacité de voir le vrai toi, que je reproduis les mêmes erreurs que mon passé. Je suis avec toi parce que je me sens bien avec toi. Je me sens aimée, libre, protégée, estimée... » Il s'éloigna de son refuge pour la regarder. Son cœur semblait s'être rempli d'amour si brusquement qu'il dut inspirer profondément. « Je t'ai choisi. Toi. Pour le reste de notre vie. » Elle attrapa son visage en coupe et le caressa de ses pouces. « Et ce petit bébé dans mon ventre... il s'est battu, il s'est accroché à la vie pour te rencontrer. Il sait déjà que tu seras un père formidable comme moi je le sais. »
« Tu le penses sincèrement ? »
« Sincèrement. »
« J'veux qu'on trouve un moyen de les faire taire sinon... sinon j'arrêterai le rap, j'arrêterai les réseaux, j'arrêterai tout. »
« Comment tu le sens. Je suis à tes côtés. »
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Golden Souls [PLK]
FanfictionTome 1 : Rusted Souls Tome 2 : Phœnix Souls Tome 3 : Golden Souls « J'viens pas avec toi. » Elle avait tant murmuré que ses mots étaient presque silencieux. Elle se racla la gorge faiblement. « Je ne viens pas avec toi. Je pars sur Paris. » « Quoi...