Golden Souls [PLK]

40

Avec le temps, Lisko et Lina étaient devenus de réels frère et sœur. Ils s'adoraient comme ils se chamaillaient. Et, Mathieu chérissait clairement leur relation parce que c'était sûrement les deux personnes qu'il adorait le plus sur terre. Toutefois, ce soir, ils étaient autour de la piscine à faire les imbéciles depuis plusieurs minutes. Ils se coursaient, pieds nus, sur le sol humide, tout en essayant de mettre à l'eau l'autre et le blond était certain de devenir fou tant il avait peur qu'elle tombe. Il rongeait son frein au mieux mais lorsque sa petite amie glissa et se rattrapa de peu, il perdit son sang froid.

« Lina ! » Il s'était écrié, sa voix raisonnant dans la pièce si fortement qu'elle sursauta. Lui même fut surpris de son ton, alors il souffla avant de reprendre. « Faites gaffe ! Arrêtez de courir comme ça, tu vas finir par te fracasser le crâne. »

Tout le monde le regarda comme s'il était un inconnu. Son inquiétude avait fait de lui une espèce de maniaque du contrôle. « C'est bon Polak, calme toi. Pas besoin de lui parler comme ça. »

Le commentaire de ses amis ne l'aida pas et il préféra quitter la piscine pour passer sur la terrasse du premier. Le froid le fit frissonner et il regretta de ne pas avoir remis un pantalon. Il enfila sa capuche avant de s'allumer une cigarette. La nuit était calme et on pouvait voir les étoiles si clairement qu'il s'en sentit apaisé. Face à son comportement, sa fiancée attrapa une veste avant de le rejoindre. Elle se colla immédiatement à son dos tant pour prendre sa chaleur que pour marquer sa présence affectueuse. Elle ne voulait pas faire la guerre, plus jamais.

« Désolée de t'avoir fait peur. » Il éteignit sa cigarette malgré son envie de remplir son corps de nicotine. « Tu veux bien te retourner ? » Il le fit alors à contre coeur, sachant très bien qu'il craquerait à sa vue. « Qu'est-ce que t'as ? »

Il ouvrit enfin les paupières. « Tu vas attraper froid. » Il embrassa son front tendrement, espérant qu'elle rentre et qu'il n'ait à insister. Toutefois, elle était inconsciente de sa bataille intérieure et décida de s'insérer dans ses bras. « T'es pieds nus et t'as les cheveux trempés. »

« Je me réchauffe contre toi. Parle-moi. Arrête...ça. »

« C'était juste dangereux. » Elle frotta sa barbe du bout des doigts. « Lisko et toi, vous êtes des gosses parfois. T'aurais pu te faire mal. » Il attrapa sa main pour l'accompagner au chaud. « Viens, on rentre. Désolé d'avoir crié. Mes émotions ont pris le dessus. »

Elle secoua la tête, refusant ses excuses. Elle le connaissait suffisamment pour savoir qu'il se renfermait, encore. Malgré qu'ils avaient tout deux évolués dans leur relation, ils restaient bloqué sur certains sujets. Alors, Mathieu se mutait et Lina s'enfuyait. Ils entrèrent et se séparèrent comme si rien ne s'était passé, comme s'ils ne venaient pas de passer un stade de tension. Celle-ci finirait bien par éclater s'ils continuaient dans cette direction et la brune pousserait le bouchon si besoin.

Il reprit place sur le transat à côté d'Antoine et Inès, après avoir renfilé un jogging et ajouté une casquette à sa capuche pour cacher complètement son visage. Elle, rejoignit le groupe au bord de la piscine, essayant de prétendre, difficilement, que tout allait bien.

Lisko le vit et la chahuta d'une épaule. Et comme toujours, leurs enfantillages s'envenimèrent rapidement et il l'attrapa pour la porter comme un sac à patate. Il s'assura qu'elle riait sincèrement avant de la jeter à l'eau. Mathieu se leva rapidement pour être certain qu'elle sortait la tête de l'eau et lorsqu'elle le fit, il fonça vers son meilleur ami, en rage.

« Tu peux pas la laisser tranquille putain ? »

Peli fronça les sourcils, confus. Il avait toujours fait attention à respecter la jeune femme. Il l'adorait profondément et ce n'était pas la première fois qu'ils faisaient les idiots dans la piscine. « On s'amuse juste, c'est bon. Elle va bien. C'est quoi ton problème ce soir ? »

Il le poussa, continuant d'envenimer tout seul la situation. « Fais plus jamais ça, t'entends ? » Il n'eut le temps d'injurier plus que Lina s'imposait entre eux deux. Elle posa une main sur le torse de Mathieu pour l'interpeller mais il était trop en colère pour la voir. Son ami leva les mains en l'air, abdiquant, mais ce ne fut pas du goût du blond qui contenait beaucoup trop de frustration pour se taire maintenant que la valve était ouverte. « Bien sûr tu te barres ! »

Elle tira sur son sweater pour qu'il baisse la tête. Le voyant incapable de sortir de sa torpeur, elle garda sa poigne sur son haut pour l'emmener dans leur chambre. Elle ferma la porte et s'y appuya tandis qu'il faisait déjà les cents pas, parlant pour lui même. Ses mouvement étaient erratiques. Un instant, il se pinçait l'arrête du nez tout en serrant la mâchoire et quelques secondes plus tard, il rangeait son bazar sur le meuble tout en marmonnant. Lina resta immobile jusqu'à ce que sa déambulation nerveuse se transforme en déambulation réflexive, lente et concernée.

« T'as toujours été protecteur. » Il releva la tête vers elle en entendant sa voix. Il ne s'était pas rendu compte qu'elle avait attendu qu'il revienne sur terre. « Et j'adore ça. J'en ai même besoin. Mais depuis qu'ils sont arrivés, t'as été... excessif. Pourquoi ? »

« Arrête de prétendre que ça t'intéresse. » Elle lui fit les gros yeux. Il n'était pas lui même, sortant tout et n'importe quoi tant il était frustré et nerveux. Il se détestait mais c'était plus fort que lui. « Ce que je veux dire c'est que la seule fois où je t'en ai parlé, t'as clôturé le sujet et c'était terminé. »

« Oh. » Elle baissa la tête, sachant très bien de quoi il parlait. « J'ai pris rendez-vous chez le médecin. »

« Après les fêtes. »

« Il pouvait pas avant. »

« T'as pas besoin d'un médecin pour pisser sur un bâton. » Il avait croisé les bras contre son torse, signe qu'il ne changerait pas d'avis. « Tu fuis. Que ça te fasse peur ou non, il se passe quelque chose et je le vois. Je te connais. Les yeux fermés, sans même te toucher. La seule possibilité positive, c'est que tu sois enceinte. » Il inspira profondément avant de reprendre. Elle n'avait pas bougé d'un pouce. « Je suis en train de vriller, Lin', sérieusement. J'suis mort d'inquiétude. S'il devait t'arriver... encore...quelque chose, je peterai un câble. Définitivement. J'vais finir par buter tout le monde. » Il secoua la tête pour cacher ses émotions d'un mouvement vif. « Et si c'est une maladie, j'pourrai rien y faire et... je...»

« ...Viens. » Elle l'interrompue et tendit simplement sa main, convaincue. Elle était certaine que dans la situation inverse, elle aurait fait une crise bien avant. « Si c'est ce dont tu as besoin, alors on va le faire. » Elle l'emmena jusqu'à la salle de bain. « Il me reste le test de la dernière fois. Je l'avais pas fait vu que j'avais eu mes règles. »

Il réajusta ses cheveux sous sa casquette. « J'suis grave stressé. Désolé de te l'imposer. »

« Tu as raison. J'peux pas rester dans le déni indéfiniment. »

Il l'attrapa pour l'enlacer.
Peu importe la réponse, il semblait que le résultat changerait leur vie.