Golden Souls [PLK]

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« Qu'est-ce que tu fais là ? Comment t'as pu venir jusqu'ici ? »

« Une assistante sociale est venue et m'a pris ma fille. » Elle tendit le pistolet en direction de la brune. « Quelqu'un l'a appelé. Et si je fais par élimination, c'est Mathieu ou toi....ou un de vos amis puisqu'ils sont venus chez moi, pour me filmer et me menacer. Tu envoies maintenant des gens chez moi et tu dis valoir mieux que moi... »

« On a rien à voir avec ça Lucie, je t'assure. »

Lucie s'approcha jusqu'à ce que l'arme soit à quelques centimètres du front de Lina. Sa main tremblait, tant par la colère que par les substances dans son sang. « Peut-être pas toi. Mais ça serait pas la première fois que Mathieu fait un truc dans ton dos. Et puis, peu importe, je supporte plus de vous voir, heureux et ensemble alors que je suis seule, détruite, sans ma propre fille. »

« Je comprends. » Elle disait la vérité. Elle y avait pensé un nombre incalculable de fois, s'imaginant à sa place. Et tout ce qu'elle pouvait en dire, c'est qu'elle préférait être a la sienne avec toute la souffrance incluse. « Et j'suis désolée que ça se passe comme ça pour toi mais... » Elle ferma les yeux pour ne plus voir l'arme aussi proche d'elle. « J'ai été là pour toi, encore et encore. J'aurai tout fait pour toi mais j'en ai marre d'avoir cette conversation. Si tu dois faire quelque chose, fais-le, mais arrête de jouer avec mes nerfs. » Elle attendit sans un mot, espérant qu'elle parte mais Lucie retourna seulement le pistolet contre sa propre tempe. Lorsqu'elle rouvrit les paupières, son cœur se mit à battre si fort qu'elle pouvait le sentir dans tout son corps. « Qu'est-ce que tu fais ? »

« Ça serait beaucoup plus simple pour tout le monde. »

« Pas pour Luisa. Elle a besoin de toi. Arrête les substances et récupère la. » Lucie secoua la tête, refusant de l'entendre. « Enlève cette arme de ta tempe, putain. Pars maintenant, s'il te plaît, tu prends des risques à être ici. Il y a la sécurité et si tu te fais prendre, c'est certain que tu n'auras plus jamais Luisa. Et... j'aimerais que Mathieu ne te voit pas. Laisse-nous, ne reviens plus. Si tu m'as aimé un jour, laisse-moi vivre. »

Ce fut la goutte d'eau pour Lucie. Celle-ci avait toujours été impulsive et extrême. Toutefois, il y avait des gestes dont on ne pouvait faire marche arrière. Elle mit le canon dans sa bouche et Lina n'eut le temps de l'en empêcher qu'elle tira. La brune ferma les yeux par réflexe, le bruit raisonna dans la pièce et le sang jaillit sur le carrelage mais surtout sur elle. Elle entendit son ancienne amie tomber sur le sol ce qui la ramena à la réalité. Elle ne prit pas la peine d'essuyer son visage avant de s'écrouler au sol près d'elle. Son jeans s'imprégna immédiatement mais elle s'en moquait, tout ce qu'elle voyait c'était ses prunelles noyées de larmes.

« Lucie, qu'est-ce que t'as fait, putain pourquoi t'as fait ça ? » Elle essaya de lui répondre mais les déformations crées par la balle ainsi que l'hémorragie l'empêchèrent. « J'vais appeler les secours. Ça va aller, d'accord ? Bats-toi. Pense à Luisa. »

Elle le fit mais c'était peine perdue. Au téléphone, elle indiqua la situation et leur localisation. Lorsqu'elle se pencha pour entendre sa respiration, celle-ci était inexistante. Tout son sang était en dehors de son corps, comme toute présence de vie.
Lina éclata dans un sanglot effroyable, attrapant le buste de Lucie pour l'enlacer, priant pour qu'elle se réveille mais c'était trop tard, jusqu'au bout, elle lui créa des traumatismes.

Elle rouvrit les yeux et se retrouva dans la douche. Les examens medico-judiciaires étaient terminés et ils lui avaient enfin autorisé à se laver. Après avoir mis ses vêtements dans un sac, elle était entrée sous l'eau et avait laissé les derniers événements s'écouler sous ses paupières. Elle fut surprise de voir le blanc du sol être teinté de rouge. Au-delà de ses vêtements, ses cheveux avaient absorbé le sang de Lucie comme une éponge.

« Mademoiselle Diaz ? »

Elle souffla tout en éteignant l'eau. Elle voulait rester pendant des heures, espérant retirer toute trace de son ancienne meilleure amie sur elle. Néanmoins, elle savait que le sang pouvait s'infiltrer partout et que seul un bain pourrait l'aider. « Oui ? »

« L'officier vous attend. »

Elle sortit de la douche et enfila des vêtements prêtés, un jogging trop long, un pull trop large et des chaussettes d'homme. Lorsqu'elle sortit de la pièce, elle fut surprise de voir Mathieu sur un des bancs du service. Il se redressa brutalement en l'apercevant. Il se précipita vers elle et se logea contre son buste. Il glissa une main contre sa nuque et embrassa ses cheveux trempés.

« Comment tu vas ? » Elle ne répondit pas, ne sachant pas elle-même comment elle se sentait. « Qu'est-ce qu'il s'est passé ? »

« Lucie s'est suicidée devant mes yeux. » Il n'eut le temps de dire quoi que ce soit qu'on appelait Lina. Il était temps qu'elle témoigne de cette soirée. Elle se détacha à contre cœur.

« Où sont tes chaussures ? »

« Ils ont tout pris... J'avais du sang partout. » Il se pinça les lèvres tandis qu'elle baissait la tête. « Tu m'attends ici ? »

« Bien sur que je t'attends. On rentre ensemble. »

Elle se força à lui sourire avant de se diriger vers la salle d'interrogatoire où elle était appelée. Elle ne fut pas surprise de voir l'officier qu'elle connaissait bien, celui qui avait été là depuis le début, depuis son premier témoignage. Elle prit place à la table en acier et il lui tendit un gobelet de café ainsi qu'une barre de céréale. Puis, il s'installa en face d'elle pour lire le dossier et le rapport de ses collègues. Il n'arrivait pas à croire qu'il se retrouvait encore devant cette jeune femme et il lui semblait que cette histoire était l'enquête de sa vie.

« Où est-ce que tu vis maintenant ? »

« On a déménagé en Corse. »

« Toujours avec Mathieu alors. » Il n'essaya pas de retenir son sourire. « Est-ce que tu veux bien m'expliquer pourquoi on se voit encore ? Pourquoi l'arme qui a tué ton amie a tué aussi ton violeur ? » Il ferma son dossier, perdant toute sa bonne humeur. « Lina, dis-moi que tu n'as pas fait ce que je crois ? »

« C'est pas du tout ce que vous croyez. »

« Alors explique moi avant que tu ne termines en prison pour un double meurtre. »