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« Tu roulais trop vite ? » Mathieu n'eut le temps de faire les vingt minutes de route qu'une voiture de police, les suivant, alluma ses gyrophares. Il secoua la tête, il faisait beaucoup plus attention depuis que son avenir se trouvait côté passager. « Un soucis de feux peut-être ? »

Il se gara sur le bas côté tandis que Lina se retournait nerveusement. Deux policiers sortirent du véhicule pour les rejoindre. « Tout va bien. C'est juste un contrôle de routine, j'suis sûr. Dans cinq minutes, c'est terminé. »

L'homme en uniforme tapa sur la vitre tout en lui demandant de la descendre. Il le fit alors que l'autre personne faisait le tour pour évaluer la voiture. « Éteignez le contact et mettez les mains sur le volant. » La brune plissa les yeux, éblouis par la lampe. « Vous avez vos papiers ? »

Mathieu n'eut qu'à regarder sa fiancée pour qu'elle s'active et attrape son portefeuille dans la boîte centrale. Elle les tendit, inspirant profondément pour garder son calme. Ils ne dirent pas un mot avant de reculer vers son collègue pour vérifier les informations. Elle en profita pour chuchoter qu'elle était effrayée. Il aurait aimé attraper sa main ou embrasser sa joue mais il savait qu'un mouvement bête pourrait lui valoir une arrestation, ou pire. Néanmoins, il n'eut le temps de la rassurer qu'ils revinrent d'un pas hostile.
Peut-être finalement avait-elle raison d'avoir peur.

« Sortez du véhicule. » L'homme lui ouvrit la portière et Mathieu s'ordonna, les mains toujours en évidence. « Mains sur le capot, on va faire une fouille au corps. » Il releva le nez et vit Lina, les larmes aux yeux. Il tenta de lui sourire mais l'autre policier l'interpella pour lui demander de le suivre. « Où est-ce que vous l'emmenez ? »

Il la guida jusqu'au véhicule teintée sans répondre. Ils n'étaient plus visible l'un par l'autre et la tension augmenta d'un cran. « Votre identité et lien avec le conducteur. »

« Lina Diaz. » Elle baissa le menton, intimidée et apeurée. « Fiancée. »

« Est-ce que Monsieur Pruski vous détient, par la force, la peur, le chantage ? » Elle releva le nez, confuse. Elle secoua négativement la tête, une main se logeant sur son bas ventre d'un geste protecteur. « Est-ce que Monsieur Pruski a déjà été violent physiquement, verbalement, sexuellement ? »

« Qu'est-ce que vous racontez ? Bien sûr que non. » L'homme inclina la tête, peu comblé par ses réponses.

« J'vais vous demander de monter dans le véhicule et de venir avec nous. »

« Hors de question ! »

De l'autre côté, Mathieu avait le droit à une fouille ainsi que tous les tests disponibles. Heureusement pour lui, il ne buvait plus et n'avait pas fumé ce soir. Ils n'avaient absolument rien contre eux. Pourtant, ils continuaient de les garder comme s'ils étaient de grands criminels. Lorsque le blond entendit Lina crier ce Hors de question, il crut sentir son cœur brûler. Il tenta de se redresser et de l'appeler mais son élan fut couper par un coup de matraque derrière sa jambe. Il tomba sur ses genoux dans un bruit sourd.

« C'est quoi votre problème putain ? »

« J'sais pas. On fait juste notre taff. On est pas des influenceurs nous. » Le policier frappa de son bâton les phalanges de Mathieu encore sur le capot. Cette fois, il ne put retenir un râle de douleur. « Et tu vois, c'est bizarre pour un mec non violent d'avoir un poing aussi... » Il grimaça en regardant, comme si ce n'était pas lui qui venait de lui marteler la main. « Abîmé. Ça serait bizarre que ta meuf est la même marque sur le visage, non ? »

« Faites ça et je vous jure que vous aurez bien pire qu'un putain de live. » L'homme n'eut le temps de continuer cet abus de pouvoir que Lina arrivait en trombe. Elle s'était échappée de l'emprise de l'autre policier, se moquant des conséquences. Il se redressa immédiatement, refusant de l'inquiéter mais aussi de rester à genoux devant ce bourreau. « Lina, ça va ? » Elle s'approcha suffisamment pour qu'il puisse voir son visage et fut soulagé de ne rien voir. « Putain bébé. » Il la cacha derrière lui comme s'il pouvait les empêcher de faire quoi que ce soit.

« Pourquoi vous faites ça ? »

« Demande à ton mec. »

« Vous faites ça par rapport à ce qu'il a dit sur les policiers ? » Mathieu attrapa sa main et la serra, espérant la faire taire. Il ne voulait pas qu'elle envenime la situation et qu'elle se prenne un coup à son tour. « Si vous saviez mon histoire, vous comprendriez. Moi j'ai été chez les flics un million de fois. J'ai voulu faire les choses dans les règles mais on m'a jamais écouté ou aidé. Mon agresseur... kidnappeur... violeur... n'a jamais été surveillé. Les policiers ne m'ont jamais protégée... et ça s'est reproduit encore et encore. » Les deux hommes se regardèrent, comprenant soudainement qu'ils n'avaient pas eu toutes les informations. « Mathieu, lui, m'a protégée, m'a écoutée, m'a crue. Alors on a le droit d'être en colère. Surtout d'avoir balancé ma vie privée comme ça sur les réseaux comme si je n'étais personne, sans penser aux conséquences. »

Un des hommes tendit le portefeuille que Mathieu attrapa à toute vitesse avant qu'ils ne changent d'avis et Lina aperçut sa main abîmée. « Si vous parlez de ce qui vient de se passer. On utilisera ton casier judiciaire pour dire qu'on s'est seulement défendu. Devine qui ils vont croire. »

Il ne prit pas la peine de répondre avant d'indiquer à Lina de monter dans la voiture. Pour une fois, il ne lui ouvrit pas la portière, trop pressé de quitter les lieux. Il démarra en trombe avant même d'être complètement attaché. Elle fit de même mais se dépêcha surtout de se rapprocher de lui et de prendre sa main droite. Elle souhaita allumer le plafonnier pour la regarder mais il bloqua l'interrupteur. Au vue de la douleur qu'il ressentait, il avait aucune envie que sa blessure l'inquiète. Il voulait seulement rentrer chez eux, s'y réfugier, même.

« Mathieu. »

« Lina. » Elle secoua la tête, non amusé. « A la maison, s'il te plaît. Pas maintenant. J'ai besoin de digérer mais aussi de me concentrer sur la route. » Elle se pinça les lèvres. Elle retira ses chaussures et se recroquevilla sur son siège, essayant au mieux de ne rien dire, de ne rien faire alors que sa tête et ses muscles bouillonnaient. « Hey, Lin'... » Il posa sa main sur elle, la laissant percevoir sa blessure. Il se rappela leur retour en Corse où ils avaient fait un road trip de Paris à Nice. À ce moment là, Mathieu avait eu l'impression que tout irait pour le mieux. Encore une fois. « J'veux juste nous ramener sain et sauf. D'accord ? » Elle s'approcha et posa sa tête sur son épaule.

« Sain et sauf. »

Golden Souls [PLK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant