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Lorsque Lina arriva à la table du petit déjeuner, tout le monde se retourna comme si elle était attendue. Ses joues prirent une teinte rose qu'elle essaya de camoufler derrière ses cheveux. Personne ne discutait avant qu'elle n'arrive, pourtant, elle sentait une tension visée insupportable. Elle se dirigea directement vers le buffet pour se servir un mug de café, incapable d'avaler quoi que ce soit. À peine s'était elle réveillée ce matin qu'elle avait été prise de nausée comme si c'était elle qui avait bu. La tasse dans une main, elle fila tout droit pour rejoindre sa chambre mais Inès l'interpella.

« Viens t'asseoir avec nous. » Elle regarda Mathieu mais celui-ci fixait son téléphone, une capuche cachant la moitié de son visage. Hier, de rage, il avait envoyé la vidéo compromettante à Lucie tout en l'insultant des pires atrocités. Il n'avait pas eu de réponse et prenait maintenant le soin de supprimer et bloquer ce dernier numéro conservé. Il supprima aussi ses messages demandant une arme à feu à un ancien ami du quartier. « Il a la gueule de bois, il risque pas de t'embêter. Et sinon, il peut partir. »

Lina accepta tandis que le blond levait son majeur en direction d'Ines. Toutefois, il inclina discrètement la tête pour voir où la brune s'était assise. Elle était à son opposé, au plus éloigné. Ça n'était jamais arrivé et il sentit son cœur brûler. Malgré les difficultés et les disputes, ils revenaient toujours l'un vers l'autre. Toutefois, cette fois, il semblait qu'aucun pas ne permettrait une réconciliation.

Il se leva et elle crut qu'il partait, quittant la table, ne supportant pas qu'elle soit ici. Elle baissa alors la tête pour camoufler ses larmes. Néanmoins, elle fut surprise de voir quelques secondes après, une assiette devant elle. Il lui avait servi toutes les choses qu'elle appréciait.

« Mange, s'il te plaît. Je t'aime beaucoup trop pour te voir dépérir devant mes yeux. »

« J'ai la nausée ce matin. » Il resta au-dessus d'elle, inspirant son parfum tandis qu'elle essayait de ressentir sa chaleur à distance. Malgré leur dispute, la tension amoureuse et charnelle était intact.

« C'est moi qui suis censé avoir la gerbe ce matin. » Elle tenta de pousser l'assiette mais il la bloqua avant. « T'as mal au ventre ? Tu saignes encore ? ... Lina, c'est de ma faute ? On peut parler d'hier ? »

« J'vais bien. » C'était faux et lorsqu'il s'éloigna pour reprendre sa place, elle crut étouffer comme s'il avait volé tout son air en partant. Alors, elle prit la fuite. Elle se leva, attrapa sa tasse et claqua un peu trop brutalement sa chaise contre la table. « J'vais faire mon sac. On se voit toute à l'heure. »

Mathieu ne tarda pas à quitter la pièce à son tour mais non pas pour la suivre mais pour fumer une cigarette à l'extérieur. Lui aussi, s'étranglait sans elle.

Lina se rallongea dans son lit, son bloc notes à ses côtés. Elle le rouvrit, retraçant du bout des doigts les mots qu'elle avait écrit. Pour elle, c'était la solution à toutes ses douleurs. Toutefois, la souffrance voire l'agonie qu'elle avait ressenti hier soir en voyant Mathieu ivre, puis ce matin, était au delà de tout. Pourtant, quelque chose lui échappait. Il avait toujours voulu son bonheur. Il avait été patient et compréhensif. Elle pensait que si elle prenait les choses en main, il serait heureux. Mais ça avait été tout l'inverse. Il était en colère, foudroyant tout sur son passage.

Et sur un coup de sang, elle attrapa son téléphone pour joindre la prison où Franck vivait. Elle dut expliquer qui elle était et la raison de son appel. Elle n'en avait aucune. Elle ne faisait pas partie de son entourage et se moquait bien d'avoir de ses nouvelles. Seulement, il faisait partie de ces personnes qui la connaissaient malgré tout. Bien sûr, il y avait sa mère qui l'avait vu grandir mais elle devait sûrement être dans les vapes quelque part.

« Allo ? »

Elle l'entendît rire de l'autre côté. « Lina Diaz. Quand ils m'ont dit que j'avais un appel de toi, j'pensais que c'était une blague, mais non, c'est bien toi. » Elle resta silencieux, regrettant presque de l'avoir appeler. « Comment tu vas ? Pourquoi tu m'appelles ? »

« J'ai besoin de ton aide. »

« Bien sûr, dis-moi. Tu veux quoi ? » Elle sentit à sa voix tout son intérêt. Il avait toujours été ainsi, dans cette dualité incompréhensible. Il avait été le premier à la violenter et à lui faire peur. Pourtant, si quelqu'un lui faisait du mal, il était là, prêt à tuer n'importe qui. Surtout depuis qu'il n'avait pas pu le faire avec Marcus ce jour-là. Il s'était condamné lui même en appelant la police puis en avouant le meurtre. « Lina, j'veux pas te presser mais je peux pas rester pendant des heures au téléphone. Quelqu'un te veut du mal ? T'as besoin d'argent ? »

« Est-ce que tu t'en veux d'être venue me chercher devant mon école ? D'avoir été horrible avec moi ? De ne pas m'avoir protégé contre Marcus ? Tu regrettes ? »

« Oh. » Elle se pinça les lèvres, se refusant de pleurer, de lui accorder cette émotion qu'elle avait déjà trop donné. « Pour être honnête, je ne regrette pas d'être venu te chercher parce que t'étais la seule en qui j'avais confiance et en qui j'aurais toujours confiance malgré tout. Mais oui, je regrette de t'avoir traitée comme ça et de l'avoir laissé... lui et son pote te faire ça. J'y pense tous les jours. Je m'imagine les buter, te défendre. Mais c'est comme ça Lina, on ne peut pas changer le passé et je suis puni pour ce que j'ai fait. »

« On peut rien y changer, non, c'est sûr. Mais on peut changer le présent et le futur. »

« Pourquoi tu me demandes ça ? »

« J'arrive pas à oublier. J'essaye pourtant et Mathieu ne comprend pas que j'essaye. »

« Alors comme ça vous êtes toujours ensemble ? J'en étais sûr. La première fois où vous vous êtes vu, j'ai tout de suite capté qu'il y avait un truc. Il était incapable de te quitter des yeux. » Ils ne leur restèrent plus beaucoup de temps alors il en profita pour tout déballer. « Tu sais, tu pourras jamais oublier. Mais... tu peux accepter. Moi, j'ai accepté, j'ai accueilli la douleur et je pense en être devenu quelqu'un de meilleur. Tu devrais faire pareil. Pleure, crie, insulte puis vie Lina, sans limites, sans contraintes ou peur. T'as toute la vie devant toi. N'aies pas de regret. »

« Merci Franck. »

« J'dois te laisser mais fais une chose pour moi, ne rappelle pas. Je t'adore, tu sais, mais il faut que t'arrêtes de t'accrocher au passé si tu veux avancer. Tu peux pas faire les deux. Et tu vaux tellement mieux. T'es une fille bien et tu dois t'entourer de bonnes personnes. »

« T'as sûrement raison. Alors, j'te laisse. Salut. »

« Salut, miss Lina Diaz. »

« Lina Diaz Pruski. »

Golden Souls [PLK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant