Golden Souls [PLK]

29

Mathieu ouvrit la porte de la chambre d'hôtel et Lina le suivit. C'était leur dernière nuit dans la métropole avant de retourner en Corse tous les deux parce qu'il ne restait plus qu'un concert. Autant ils étaient heureux de voir la tournée et les déplacements se terminer, autant ils étaient inquiets de se retrouver ensemble après les derniers événements. Ils étaient même anxieux de se retrouver dans la même chambre d'hôtel, dans le même lit.
Le blond posa les sacs sur le lit avant de se diriger vers le mini bar pour attraper deux bouteilles d'eau. Il en tendit une à sa petite amie qui semblait encore plus inconfortable.

« Ça va ? » Il fronça les sourcils tout en buvant.

« J'ai demandé à ce qu'ils retirent l'alcool de la chambre. Et j'me sens mal parce que j'te fais confiance mais j'voulais pas que tu sois tenté ou mal à l'aise. »

Il s'approcha mais se retint d'embrasser son front tendrement. « J'avais remarqué, merci d'être attentionné envers moi. » Lina ouvrit son sac pour trouver une tenue de nuit. « Tu te couches tout de suite ? » Elle acquiesça puis retira ses vêtements pour mettre ceux confortables. « J'prends une petite douche et j'te rejoins. J'suis crevé aussi. »

Elle hocha la tête et le suivit, seulement pour faire ses soins du soir. Elle quitta la salle de bain avant qu'il ne termine et céda à la tentation. Elle ouvrit le sac de Mathieu pour attraper le premier pull disponible. Elle le renifla comme si c'était une drogue alors qu'il ne sentait que leur lessive. Elle l'enfila puis s'allongea dans le lit, à côté de son carnet. Elle voulait lui donner pour qu'il y voit les nouvelles actions, celles n'ayant comme limite que leurs consentements mutuels. Néanmoins, lui, en le voyant, sentit une montée de chagrin piquer ses membres. Il voulait jeter ce bloc note, le brûler, même, mais il allait être patient parce que c'était Lina, celle qui avait toujours été à l'écoute envers lui.

« T'es obligée de le...mettre là ? J'sais pas si tu te rends compte qu'il a été le sujet de nos dernières disputes et du froid qui reste entre nous. J'aimerais au moins qu'on se couche sans se prendre la tête. » Elle se redressa et il resta confus en voyant qu'elle portait son sweater. Il n'y comprenait plus rien. Il inspira profondément. « J'accepte tes règles. J'accepte tout ce que tu veux. Je n'ai pas envie de te perdre et je préfère avoir un peu de toi et de ton amour, ce que tu veux bien m'accorder, plutôt que rien... mais j'ai pas besoin de voir ce cahier. Je suivrais tout ce que tu veux. »

« Ouvre le. » Il secoua la tête, le repoussant vers Lina mais elle lui tendit, encore. « Ouvre et lit. »

« J'suis crevé. » Elle lui fit les gros yeux alors il céda. Même s'il était en peine, Lina restait Lina, sa Lina. Il prit place sur le matelas, dos contre la tête de lit, et elle s'installa contre lui, le menton sur son épaule. Il crut sentir sa peau revivre à son contact. Elle lui fit tourner les pages jusqu'aux nouvelles actions. Il y avait eu beaucoup de raté et de brouillon avant qu'elle n'arrive à écrire d'elle-même ses libertés, ses envies. « Qu'est-ce que c'est ? » Il lut quelques lignes dans sa tête.

« On a travaillé sur ça avec Inès. L'idée, c'était de remplacer des limites, que je m'imposais, en liberté. Depuis le début, tout ce que je voulais, c'était d'éloigner Marcus et Lucie de moi, de ma tête et ma mémoire. Mais tu avais raison, je m'empêchais de vivre et de ressentir les choses, que là... c'est profiter de la vie. Alors même si je suis impatiente, maladroite, tant pis. Ce qui compte, c'est nous deux. » Il suivit du bout des doigts les phrases, appréciant chaque mots. Inès avait su faire comprendre à Lina ce qu'était la vraie normalité, celle de simplement être. « J'suis désolée de pas t'avoir écouté et de t'avoir imposé des règles comme ça. J'espère que tu me pardonnes parce que j'ai conscience que ce n'était pas une dispute comme une autre... et ses conséquences... » Il ferma le bloc note puis ses yeux, délivré mais à la fois douloureux. Elle quitta son épaule pour regarder son visage. « Ça sera mon plus grand regret, de les avoir laissé gagner aussi facilement cette fois. Pour être honnête, je crois que j'étais tellement sous le choc après l'agression de Lucie. Tout ce que je voulais, c'est plus rien ressentir. »

« J'ai cru te perdre. » Il se pinça les lèvres mais rien ne pouvait retenir ses émotions et ses larmes ne tardèrent pas à couler. « T'étais là devant moi mais je te reconnaissais pas. C'est pas nos premiers moments difficiles mais là, j'veux plus revivre ça, tu comprends ? Je t'en supplie. J'ferai tout ce que tu veux. J'peux pas te perdre. Pas toi, pas la vraie toi. Tu mérites de ressentir tout le bonheur du monde. »

Lina sentit son cœur se faire grignoter par la détresse qu'elle continuait de provoquer. Elle passa sur ses genoux et Mathieu reprit son souffle. Elle caressa son visage, passant ses mains sur ses traits mais surtout sur ses joues humides. Elle descendit finalement sur ses épaules pour masser ses muscles tout en susurrant des excuses encore et encore jusqu'à ce que ses propres pleurs coulent. Elle s'excusait presque à elle même de s'être empêchée d'être heureuse. Elle posa son front contre le sien et il s'accorda à l'enlacer. Elle était follement amoureusement de lui et la sensation de ses mains dans son dos la fit éclater dans un sanglot.

« Je t'aime tellement Mathieu. » Elle attrapa sa nuque, presque paniquée à l'idée qu'il s'éloigne subitement. « Tu veux toujours de moi ? Tu veux toujours te marier avec moi ? »

« Bien sur que oui, Lina...bébé... ne doute jamais de ça. » Elle s'éloigna de son visage seulement pour renifler et essuyer ses larmes mais finalement elle glissa ses mains sur son torse nu. Son index effleura chacune de ses cicatrices. La première sur son torse par les hommes de mains de Marcus parce qu'il l'avait suppliée de sortir de la piscine, qu'il l'avait protégée de Franck et qu'il avait payé pour avoir été à son encontre . Les autres par les hommes payés par Ben parce qu'il n'avait pas vendu sa localisation.

« J'ai l'impression de te faire du mal, encore et encore. Tu as bu à cause de la situation... » Il secoua la tête parce qu'il ne voyait pas les choses ainsi. Il ne souhaitait pas qu'elle retourne la situation contre elle. « J'te promets de prendre soin de nous et de t'aimer jusqu'à la fin de nos jours. » Il ouvrit enfin les paupières pour croiser son regard. Il s'abandonna à toucher ses cheveux pour les déplacer derrière son épaule et dégager son visage. « Comment j'ai pu me dire que je pouvais vivre sans ce genre de tendresse... »

Il attrapa ses fesses pour la porter afin de s'allonger complètement dans le lit. Toutefois, elle essaya de se lever pour se mettre à ses côtés mais il l'empêcha. « Reste. Dors sur moi. »

« J'vais t'écraser. »

« S'il te plaît. » Elle embrassa sa joue avant de le faire, grommelant néanmoins lorsque sa poitrine rentra en contact avec le torse du blond qui ne loupa pas sa plainte. « Qu'est-ce que t'as ? »

« J'ai mal aux seins. »

« Règles ? » Elle secoua la tête. « Tu préfères dormir à côté, alors ? » Elle refusa une nouvelle fois. Elle passerait par toutes les douleurs si c'était pour sentir son odeur et entendre son cœur contre son oreille. « Je peux aider ? »

« Mathieu... » Elle pouffa. « Non, je risque de te frapper si t'y touches parce que j'ai beaucoup trop mal. »

« Tant que c'est pas une règle définitive. »

« T'es con. » Elle embrassa sa joue. « On dort ? Il faut que tu te reposes. »