Golden Souls [PLK]

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Lina avait ouvert les yeux depuis plusieurs heures déjà. Malgré le temps et la disparition de ses bourreaux, les cauchemars étaient toujours existants. Ils semblaient moins vifs, moins réels mais ils la heurtaient toujours autant. Elle avait été réveillée par les mains de Marcus contre son cou et avait dû inspirer profondément tout en fixant Mathieu pour retrouver son calme. Elle n'avait fait aucun bruit, se battant seule contre son angoisse. Au final, elle s'était apaisée mais n'avait pas lâché des yeux le blond. Celui-ci dormait à poing fermé, une main empoignant l'avant bras de sa fiancée comme si elle risquait de s'enfuir. Néanmoins, malgré cette prise, il était détendu, si vulnérable qu'elle avait l'impression qu'il perdait plusieurs années et gagnait en innocence.

Vers dix heures du matin, il fronça légèrement les sourcils avant d'ouvrir un œil et de le refermer tout aussi rapidement, ébloui par la lumière. Il se rapprocha d'elle pour cacher son visage contre son buste.

« Depuis quand t'es réveillée ? » Elle passa sa main libre dans ses cheveux, l'autre toujours attrapée fermement par Mathieu.

« Des heures mais c'est rien, j'me sens quand même reposée. »

« Moi, j'suis crevé. J'crois j'suis entrain de décompresser de ouf. » Elle le sentit inspirer grandement. Il était brûlant mais surtout amorphe. « J'peux me rendormir ou tu veux qu'on se lève ? »

« Si tu restes contre moi, j'veux bien rester encore longtemps. »

Elle baissa la couette, certaine qu'elle ferait un malaise tant elle avait chaud. Il remonta jusqu'à son cou pour s'y loger et elle continua ses tendresses dans son dos. Elle le vit se détendre de nouveau et en profita pour fermer les paupières à son tour, espérant s'endormir à son tour. Néanmoins, rien n'y faisait, son cerveau était noyé d'émotion si bien qu'elle arrivait même à douter de la réalité. Elle rouvrit alors les paupières et regretta qu'il soit aussi proche, incapable maintenant de voir son visage et de s'en apaiser.

« Ton coeur accélère. » Sa voix était grave et endormie, mais il n'arrivait à plonger dans un sommeil alors que le palpitant de Lina semblait vouloir sortir de sa cage thoracique. « Qu'est-ce qui se passe dans cette adorable tête ? » Il quitta son nid douillet pour la regarder. « Hm ? »

« Ma tête va à cent à l'heure. » Il fronça les sourcils, s'appuyant sur son coude pour se redresser et pour lui montrer toute son attention. « Maintenant j'ai peur pour toi et pour... notre petit être. Je sais que tout va bien pourtant. J'vois pas comment quelqu'un pourrait venir nous faire du mal, ils sont tous morts ou en prison. » Elle essaya d'alléger son ton et de rire mais elle grimaça seulement. « On va avoir un bébé et je dois faire attention parce que c'est moi qui le maintien en vie. Alors la mienne n'a jamais été aussi importante. »

« Mais si il y a bien quelqu'un qui peut le faire, c'est toi. Peu importe ce que le médecin a dit ou ce que d'autres ont pu te dire ou te faire sentir, t'as réussi à l'accueillir et ça vaut tout l'or du monde. Ton corps est tout aussi beau que ton âme et peu importe ce qui doit se passer, Lin'... j'te jure que peu importe ce qu'il arrive, c'est déjà un putain de miracle. » Elle voulut le remercier par ses mots si réconfortants et touchants mais elle n'eut le temps que son téléphone se mit à vibrer sur la table de chevet. Elle essaya d'ignorer mais Mathieu l'attrapa, inquiet. Leurs amis proches étaient tous dans la maison et mamie l'appelait toujours en premier. « On devrait sérieusement laisser nos portables en dehors de la chambre. C'est ton avocat. »

« Un premier janvier ? » Elle fronça les sourcils, hésitant à répondre. « J'pense pas que ça soit pour me souhaiter la nouvelle année. » Elle appuya sur le bouton vert puis sur le haut parleur, son cœur reprenant de plus belle. « Allo ? »

« Lina, comment vas-tu ? » Elle laissa le silence répondre à sa place. Elle se redressa, dorénavant assise dans le lit. « J'suis désolé de t'appeler maintenant, je sais que c'est les fêtes et que tu as autres choses à penser. Les enquêteurs ont conclu à un suicide de Lucie mais aussi... ils ont trouvé les preuves qu'elle avait tué Marcus dans son téléphone. Elle avait reçu une vidéo d'elle-même parlant de ce qu'elle avait fait. Le dossier est clos. Tous les dossiers, d'ailleurs. C'est terminé, Lina. Ils refusent d'aller plus loin pour la séquestration et les violences faites par Marcus. »

Mathieu se tourna sur le dos, le bras cachant ses paupières mais surtout l'émotion derrière celles-ci. « Il sera jamais vu comme mon agresseur mais seulement une victime de Lucie. »

« J'ai tout essayé, j'ai expliqué le contexte mais rien n'y fait. J'suis désolé. » Encore une fois, elle ne répondit pas, trop hébétée par cette nouvelle injustice qui s'imposait à elle. « J'ai enquêté pour Luisa... le signalement aux services sociaux a été fait par Monsieur Deschamps Ben. Et grâce à Monsieur Pruski, on a retrouvé le père qui devrait prendre la garde de Luisa. »

« Merci, pour tout. J'dois vous laisser mais encore merci. »

Ils se saluèrent poliment avant que Lina ne raccroche, espérant ne plus jamais avoir besoin d'un avocat dans sa vie. Ils restèrent silencieux quelques minutes, l'un contre l'autre, sans bouger. Ils essayèrent de digérer les nouvelles, tant la bonne qu'elle était innocentée, que la mauvaise que Marcus garderait son image de victime, et de simple victime. Elle inspira profondément, sa cage thoracique se soulevant dans un soubresaut si brusque que Mathieu sortit de sa contemplation. Il l'attira alors vers lui et son contact rassurant et enveloppant la fit pleurer sans bruit. Il n'essaya pas de trouver les mots, l'enlaçant seulement. La chambre était si silencieuse qu'ils sursautèrent tout deux en entendant un léger toquer contre la porte.

« Mathieu ? Lina ? »

Il murmura contre son oreille. « J'crois vraiment que les gens se passent le mot pour nous emmerder. » Elle pouffa légèrement et il chercha un autre moyen de l'entendre.

« Vous vous levez ou quoi ? » Il imita Antoine de manière exagérée et elle ria encore. « J'entends Lina se foutre de moi ! »

« Je n'oserai jamais faire ça ! » Il entra dans la chambre, une main sur les yeux. « Enlève ta main, on fait rien. »

Il le fit, tout sourire. Toutefois, il n'eut le temps de les lever que tout le monde arrivait en trombe pour se loger dans leur lit. Mathieu pesta contre ses amis mais s'arrêta tout aussi vite devant l'amusement certain de la brune. Ses larmes avait séché pour laisser place à un sourire plein d'innocence. Il était prêt à subir tous les écrasements et les mauvaises blagues de ses proches si ça pouvait la faire rire. Discrètement, il embrassa sa tempe avant de lui faire un clin d'œil complice.

Elle articula vers lui. « Je t'aime. »

« Je t'aime aussi. » Le blond frappa la tête de Lisko. « Quoi ? Je lui réponds. »

« T'es vraiment naze. C'est moi qu'elle aime et personne d'autre. »