48

691 30 29
                                    

Malgré l'humeur instable de Mathieu, il accepta de sortir en groupe dans une petite boîte de nuit corse. Lina n'en avait aucune envie mais avait, elle aussi, suivi le mouvement. Ainsi, ils se trouvèrent tous pour leur dernière soirée ensemble dans cet endroit trop bruyant, trop sombre, trop blindé. La brune avait quand même décidé de profiter de la présence d'Inès et Marjorie pour danser, sous la surveillance du blond, quelques mètres plus loin.

Néanmoins, elles avaient à peine commencé qu'elle se fit reconnaître par un homme. Même si elle l'avait vu de loin, elle faisait semblant de ne pas le voir jusqu'à ce qu'il insiste en tapotant son épaule pour qu'elle se retourne.

Malgré ses joues roses et la peur au ventre, elle resta droite, la tête haute. « Quoi ? »

« Il paraît que t'aimes bien les Badboys. » Inès s'approcha tout en se mettant deux doigts en bouche et imitant un vomissement. Il n'eut le temps de continuer ses mots vulgaires que Mathieu arrivait, attrapant l'épaule de l'inconnu pour le reculer.

« C'est quoi ton problème ? » Il s'approcha, menaçant, rêvant de lui donner un uppercut pour remonter ses dents jusqu'à son cerveau. Toutefois, il n'avait aucune envie de correspondre aux préjugés qu'on lui collaient encore à la peau alors il ne fit rien. « Casse toi. Maintenant. »

« Tu vas faire quoi Polak ? Si tu veux on se rejoint dehors. T'as une réputation à garder, non ? »

« J'ai pas ton temps et j'ai rien à prouver. Dégage. »

Il sentit les doigts de Lina tenir l'ourlet de son sweater dans le bas de son dos. Il savait qu'elle était anxieuse rien qu'à la manière dont elle cherchait son contact et son attention. Il dut lutter contre ses propres pulsions pour ne pas se retourner. Il serra la mâchoire, son visage si ferme de colère que l'homme fit un pas en arrière. Mathieu ne le quitta du regard que lorsqu'il disparut de sa vue. Il se retourna et Lina se logea contre son buste, se moquant complètement d'être reconnue une seconde fois. Il la serra, lui aussi peu inquiet d'être perçu par d'autres.

« On rentre. » Ce n'était pas une question mais un ordre. Il avait sa dose mais elle aussi. Elle acquiesça, se détachant de lui seulement pour se laisser diriger vers leurs affaires. Ils attrapèrent tout leur bien avant de s'enfuir vers l'extérieur. Malgré l'ouverture de sa portière, Lina resta plantée devant lui. « Princesse Lina Diaz Pruski, vous voulez bien mettre vos jolies fesses dans le carrosse ? » Elle monta sur ses pointes pour embrasser la commissure de ses lèvres. « Ça va ? » Elle acquiesça.

« Et toi ? » Il haussa les épaules. « C'était complètement stupide cette scène. On se serait cru dans un film. Il m'a dit qu'il paraissait que j'aimais les bad boys. »

Il se força à sourire tout en inclinant la tête. « Et t'aimes ? »

« Seulement sous la couette. » Cette fois, il pouffa. Elle le connaissait par cœur. « Et seulement par toi. »

« Tu trouves toujours les mots. » Il s'humecta les lèvres tout en souriant. « Allez rentre en voiture, nenette. »

Elle le fit, sans manquer de lui tirer la langue avant de claquer la porte. La bonne humeur de Mathieu s'éteignît en voyant l'inconnu à la porte. Il secoua la tête et craqua. Il attrapa son portable et monta dans la voiture. Il alluma le plafonnier avant de mettre en route un live sur Instagram. Lina ne pipa pas un mot mais lui fit les gros yeux, surprise de ce revirement de situation. Elle pensait avoir réussi à le détendre. Il attendit que les chiffres montent avant de parler et de déposer son communiqué.
À la manière Polak.
Brut. Honnête. Ferme.

« J'vais être clair sur ce live parce que j'ai rien dit pendant trop longtemps et vous commencez sérieusement à tous me les briser. » Son regard était noir de colère et si Lina ne le connaissait pas par cœur, elle aurait pu prendre peur. « J'ai l'habitude d'être insulté ou de porter sur le dos des préjugés qui me suivent depuis des années. Par contre, je refuse de voir que j'suis un quelconque connard avec ma meuf. Elle est bien plus intelligente et indépendante que vous tous et si j'étais un connard avec elle, ça ferait longtemps qu'elle se serait barrée parce que contrairement à vous, elle s'en fout de l'argent, de la popularité ou de mon casier. Et c'est une putain d'insulte de la faire passer seulement comme... comme une fille dépendante de racailles après tout ce qu'elle a fait pour porter sa voix, pour se défendre. Elle n'a pas été aidée par la justice ou les flics. Pas une seule fois. Je suis peut-être pas parfait mais moi, moi, j'étais là. Et franchement, la police qui fait ce genre de communiqué sur les réseaux. Vous vous êtes crus pour des influenceurs ? Faites votre putain de taff au lieu de dévoiler la vie privée des gens. Une dernière chose, si encore un mec s'approche de Lina parce qu'il se prend pour un Bad Boy, je lui fais bouffer ses couilles. J'vais vous prouver que toutes les rumeurs ne sont pas fausses. »

Il n'attendait pas de réactions, certains qu'il pourrait les lire sur les réseaux rapidement. Il coupa le live puis éteignit son portable avant de le jeter à l'arrière de la voiture. Lina pouffa d'un rire cristallin, extériorisant sa stupéfaction. « T'es complètement taré. » Il ria à son tour, se rendant compte qu'il venait d'insulter tout le monde, fake fans, associations, police, justice. Personne n'était épargnée. « T'as moins bafouillé là que pour faire ta demande. »

« Grave. » Il éteignit le plafonnier avant de s'attacher et elle suivit son geste. « Mais toi, tu me fais perdre tous mes moyens. » Il lui fit un clin d'œil et elle fut heureuse de la lumière artificielle de la ville pour l'apercevoir. « La seule. »

« Merci d'avoir pris ma défense, notre défense. » Il hocha la tête, reprenant son sérieux. « Même si je n'en avais pas besoin car je n'ai jamais douté de mon amour pour toi. Je n'ai jamais douté non plus de tes intentions envers moi. J'espère seulement que toi, ça t'a fait du bien. »

« J'espère seulement qu'ils arrêteront de croire que je t'ai influencé à m'aimer ou que... que tu m'as choisis pour ce que je représentais. »

« Mais ce qui compte, c'est que toi, tu ne le penses pas. »

Golden Souls [PLK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant