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Lina avait tout fait pour que Mathieu oublie la conversation autour de ses symptômes. Elle refusait d'y croire et d'admettre la quelconque possibilité qu'un petit être avait réussi à se construire en elle, dans cet intérieur abîmé, déchiré, traumatisé. Avec chance, ses nausées semblaient s'être calmées et ainsi, ses espoirs s'étaient légèrement tus. Bien entendu, elle avait pris rendez-vous chez un médecin mais celui-ci était dans plusieurs semaines grâce aux fêtes de fin d'année. Ainsi, le blond s'était légèrement apaisé mais pour autant, il ne pouvait se retenir d'y croire.

Elle attrapa sa main pour y embrasser ses phalanges mais surtout le ramener à la réalité. Il quitta l'horizon pour la regarder. Ils étaient au restaurant et se partageaient un dessert. La nuit était tombée mais la lune permettait de voir la mer. Toutefois, Lina, elle, était obnubilée par son fiancé. Les lumières chaudes ravivaient son teint encore bronzé de cet été, tout comme sa chemise blanche entre ouverte. Cette tranquillité lui avait manqué. Les événements parisiens semblaient bien loin.

« Joyeux Noël. » Elle se réajusta sur sa chaise pour se pencher vers lui et passer une main dans ses cheveux. « J'ai un petit cadeau pour toi. » Il secoua la tête, il n'avait besoin de rien et elle le savait.

« On avait dit pas de cadeaux. »

« C'est pas grand chose. » Elle fouilla dans sa petite pochette pour y sortir une boîte. « Tiens. » Il ouvrit et tomba sur une chevalière, à l'intérieur le nom Diaz y était gravé. Il l'enfila directement à son annulaire gauche. Il était tout à elle. « Ça te plaît ? J'voulais prendre un truc qui a une signification. Du côté de ma famille, on a pas de bijoux ou d'héritage ou quoi... alors je me suis dit comme mamie nous a donné sa bague familiale... on pourrait avoir deux bagues, une de chaque côté de notre famille. Il n'est jamais trop tard pour créer des traditions. »

« C'est parfait, merci bébé. » Il prit sa nuque pour la rapprocher et embrasser ses lèvres tendrement. « T'es la meilleure pour les cadeaux. » Il leva le doigt pour avoir l'addition. Il était temps de rentrer. « Mon cadeau est à la maison. »

Il paya avant de poser son bras sur les épaules de Lina pour la guider vers la voiture. Le trajet se fit silencieusement, leurs mains dialoguant d'elles-mêmes, l'une contre l'autre.

À peine il s'était garé dans leur cour qu'ils sortirent en trottinant, impatient de se retrouver dans la maison pour continuer leur soirée. Lina gloussait en ouvrant la porte d'entrée tandis qu'il taquinait ses côtes. Ils ne s'étaient pas sentis aussi bien depuis plusieurs semaines mais l'air corse avait su les apaiser. Et dans ces moments, rien ne comptait plus que leur moitié.
Lina se dirigea vers le salon pour s'asseoir sur l'accoudoir du canapé et Mathieu la suivit bêtement. Il semblait avoir oublié de respirer.

« T'es magnifique. » Il secoua la tête, n'y croyant pas lui même. La queue de cheval de Lina tomba sur une de ses épaules, glissant sur sa clavicule, alors qu'elle retirait ses escarpins. « Bordel. » Lui, déboutonna sa chemise, se sentant brûler. Puis, il s'approcha lentement pour s'accroupir devant elle et Lina rosit. Il détacha sa deuxième chaussure, s'attardant sur sa cheville. « J'ai envie de te faire trembler et de t'entendre me supplier. » Il déposa des baisers humides tout au long de sa jambe jusqu'à l'ourlet de sa robe en satin. Il se releva et appuya ses poings sur l'accoudoir de chaque côté de ses hanches. « J'ai envie de te faire l'amour, Lina. » Elle acquiesça timidement, croisant ses mains derrière sa nuque.

« Ça fait longtemps. »

« Depuis le fameux cagibi. » Il embrassa sa pommette. « Anxieuse ? »

« Un peu. » Elle l'enlaça, tant pour se rassurer par son odeur que pour susurrer les prochains mots. « Mais j'ai mon deuxième cadeau à te montrer. Sous ma robe. Si tu y penses depuis le restaurant, j'y pense depuis plusieurs jours. » Il attrapa ses fesses pour l'emmener dans la chambre et la déposer sur le tapis, soucieux qu'elle n'ait les pieds gelés par le parquet. Elle le poussa pour qu'il s'asseye sur le lit mais il l'en empêcha alors elle fit la moue. « Tu veux pas t'asseoir ? »

« J'aimerais juste te donner mon cadeau. » Il s'avança vers sa table de nuit et elle pouffa. Il cachait toujours tout au pire endroit tant il savait qu'elle respectait son jardin secret mais c'était parfois un peu trop évident. « Je l'ai emballé moi-même parce que.. C'est un cadeau fait maison. »

Il se gratta l'arrière de la tête, mal à l'aise. Elle le prit, impatiente de découvrir. Elle déchira le papier avec difficulté tant il y avait d'épaisseur et de ruban adhésif mais elle n'en fit aucun commentaire et apprécia seulement le temps qu'il y avait mis. Sa bouche s'ouvrît béatement en découvrant un album photo et ses larmes tombèrent en l'ouvrant.

« J'ai demandé à tout nos proches des photos de nous et d'eux aussi et j'en ai pris sans que tu le saches. Ça fait des mois que je bosse dessus. Ça me trottait dans la tête parce que tu disais qu'on en prenait jamais ensemble. »

« Merde, bébé. » Elle le serra contre sa poitrine. « C'est le plus beau cadeau. Merci. » Elle essuya ses joues, se remerciant intérieurement d'avoir investie dans du maquillage waterproof. « Merci, merci beaucoup. » Elle inspira profondément pour ravaler ses émotions, souhaitant lui donner son second cadeau. « Ok, je vais retrouver mon calme. Punaise. » Il pouffa alors qu'elle se redressait brusquement et qu'elle lui ordonnait de prendre sa place. Elle resserra sa couette tandis qu'il se détendait, réajustant son pantalon, impatient. « C'est très drôle de passer d'un moment aussi adorable à moi me déshabillant. »

Il tendit une main et elle approcha. « Moi, j'peux le faire. Crois-moi, j'vais vite refaire monter la pression. » Il caressa du bout des doigts le tissu. « J'aime bien cette robe. J'crois que c'est ma préférée. » Il suivit la couture sur sa hanche et remonta. « Elle te met vraiment en valeur. Et j'aime beaucoup ta couette parce que j'adore quand ton visage est dégagé. » A ses mots, elle vira ses cheveux dans son dos, le faisant rire légèrement. « Retourne-toi que je descende enfin la fermeture. » Elle fit alors, sans discuter, impatiente elle aussi d'être libérée de sa tenue. « Qu'est-ce que tu caches là-dessous, Lina Diaz Pruski ? » Il décala les bretelles et elle tomba aux pieds de Lina. « Bordel. »

« T'aimes bien ? »

Il glissa ses doigts le long du body. Son dos était seulement recouvert d'une simple dentelle transparente brodée de fleur bleutées. « Montre devant. » Le devant le fit encore plus trembler. Au-delà des armatures qui mettaient en avant ses formes, il apprécia son ventre dénudé ainsi que le rappel des broderies. « T'es magnifique. J'peux te regarder des heures. » Elle posa ses mains sur ses épaules pour jouer avec le col de sa chemise. « Je t'aime, putain, j'suis chanceux. »

« Joyeux Noël. »

Golden Souls [PLK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant