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Saskia s'était réveillée une seconde fois vers quatre heure du matin et suite à l'allaitement, Lina n'avait réussi à se rendormir. Elle avait alors gardé la lampe de chevet allumée pour ouvrir un catalogue de mariage où des post-its et autres fournitures de bureaux fluos marquaient ses envies. Elle avait une idée claire dans sa tête, quelque chose de simple, petit, fleurie. Elle souhaitait le faire ici, sur le petit bout de plage qui leur appartenait, avec quelques amis ainsi que la famille de Mathieu. Et, c'était tout, rien de plus. Tout ce dont elle voulait c'était lui montrer, par cet engagement d'une vie, qu'elle était toute à lui.

Mais une priorité s'était imposée depuis quelques semaines, sa fille. Alors elle n'arrivait à se concentrer sur son magasine que quelques minutes avant de détourner le visage vers le poupon. Elle dormait dans son cododo, la bouche en cœur et le visage rond. Avec le temps, ses traits s'affinaient et on pouvait de plus en plus y voir le mélange de ses parents. La brune y épiait chaque détails de Mathieu, remerciant la génétique en la voyant lui ressembler. L'homme qu'elle aimait se retrouvait dans sa progéniture et pour elle, c'était la chose la plus magnifique qu'il soit. 

Le blond la chercha dans le lit, pris d'effroi, et ne put retenir un grognement de frustration lorsqu'il ouvrit un œil pour la voir assise en tailleur, sur le fauteuil, inatteignable. « Qu'est-ce que tu fais ? » Sa voix était rauque et étouffé par le sommeil. « Viens. » Elle ferma le catalogue pour le poser sur sa table de chevet puis déposer un baiser sur le front de Saskia. A peine l'avait elle rejoint qu'il encerclait son bassin et la tirait vers lui avant qu'elle n'ait la chance de s'installer. Il détestait toujours autant se réveiller sans qu'elle soit contre lui, même si, pourtant, ses cauchemars s'étaient temporisés. « Pourquoi tu dors pas ? Saskia s'est endormie depuis au moins une heure. »

« J'étais juste là. » Elle se délia de son emprise pour se réinstaller mais surtout regarder son visage. Elle pouvait y voir tout son inconfort. « Je ne fais plus de gros cauchemars comme avant. » Son ton n'était qu'un doux chuchotement qui elle l'espérait retirerait ce malaise de ses traits. « Tu peux dormir sereinement. »

Toutefois, ses mots eurent l'effet inverse et il se retourna sur le dos, les sourcils encore plus froncés. « Ça dépend. »

Néanmoins, elle n'abandonna pas et s'approcha de lui, de profil. Elle embrassa tout d'abord son épaule, lentement, avant de laisser ses doigts s'aventurer contre sa peau. Il avait encore les yeux fermés mais non plus pour fuir la conversation mais, seulement, pour profiter des tendresses amoureuses de Lina. Elle continua jusqu'à atteindre sa mâchoire pour le forcer à tourner la tête vers elle. Il le fit tout en gardant ses paupières en barrière. Elle y passa ses pouces avant  de monter à califourchon sur lui. Cette fois, il n'eut le choix que de la regarder pour connaître ses prochains gestes.

« Qu'est-ce que tu fais ? »

« Je t'oblige à me regarder. » Elle posa son front contre le sien. « Parle. »

« T'as trop pris la confiance. » Il secoua la tête, son sourire le trahissant. « J'ai besoin que tu dormes près de moi. »

« J'étais juste là, à quelques centimètres de toi, à allaiter notre fille et à regarder un catalogue de mariage. Je vais bien. Tu l'as dit toi-même, je dors beaucoup mieux depuis des mois. » Elle s'allongea entièrement contre lui tout en gardant son visage près du sien. Lui, passa ses mains dans son dos, appréciant cette proximité. « Alors, ne me fais pas croire que c'est seulement ton inquiétude que je fasse un cauchemar. »

« J'ai passé trop de nuits sans toi, à m'inquiéter pour toi. » Il serra la mâchoire pour retenir ses émotions avant de reprendre. « Depuis que t'as été chez Flav, depuis que t'es revenue.. chelou... jusqu'à ce qu'on te remette à l'endroit, les nuits ont été encore plus difficiles. C'est égoïste mais j'aime bien sentir que t'es contre moi, je sais que t'es là comme ça. » Elle n'eut le temps de trouver les mots qu'il reprit. « Que veux-tu... je suis complètement dépendant de toi. »

« Je suis désolée. Tu m'as déjà demandé de rester près de toi mais je n'avais pas compris l'importance. » Il passa ses mains sous son maillot pour suivre du bout des doigts sa colonne vertébrale. Pour lui, elle n'avait besoin de s'excuser parce que c'était lui qui s'était créé cette propre obsession. « Si je suis réveillée, je resterai contre toi. Je pensais sincèrement que si j'étais dans la même pièce, ça suffirait. »

« Regarde-nous. Deux adultes qui communiquent et règlent les problèmes. » Elle ne retint pas son rire. Du moins, jusqu'à ce qu'elle pose sa propre main sur sa bouche, se rappelant que Saskia dormait à côté. « Merde...» Elle papillonna ses lèvres sur son visage pour seule réponse. C'était chaste et joueur mais Mathieu se sentait beaucoup trop réceptif suite à cette conversation constructive. « Saskia est à côté. »

« T'es...»

« Obnubilé par toi, c'est sûr. Mais... C'est juste que je communique de toutes les manières. J'suis un très grand communicateur. » Elle pouffa encore une fois, contre son oreille avant de s'allonger contre lui. « Bonne nuit bébé. » Il embrassa son front et brisa le silence quelques minutes plus tard. « J'appréhende les prochains jours. » Elle resta silencieuse, caressant seulement ses cheveux. « Tu te rappelles ce que je disais avant ? On a d'ailleurs eu beaucoup de disputes à ce sujet, quand on a commencé à sortir ensemble. »

« La famille. Quoi qu'il arrive. »

« Est-ce que je suis censé ne plus jamais lui parler ? Après tout ce qu'il a fait ? J'ai l'impression de jeter par la fenêtre mes valeurs... et je crois toujours que la famille est importante. » Il joua avec les mèches de cheveux brunes qui glissaient sur son torse. « Je sais que toi, c'est ce que tu ferais mais moi, c'est différent. J'ai pas grandi comme ça. Puis... Saskia et toi, vous êtes ma famille aussi et... je refuse qu'on puisse vous blesser d'une manière comme une autre. »

« Ça reste ton choix. Je ne peux pas te dire de ne plus lui parler ou de continuer. Mais je te soutiendrais quoi que tu choisisses. » Elle embrassa son pectoral tendrement. « Je sais que tu feras le bon choix, s'il existe même un bon choix. Et... est-ce que tu es obligé de décider maintenant ? Peut-être que les choses doivent se faire par elles-mêmes, peu importe le sens. » Il acquiesça seulement, inquiet du futur. « Mais sache, que tu as une famille.. que tu as créé une famille qui t'aime et qui te respecte pour qui tu es et non pas pour ce que tu as à donner. Et tu as brisé le cercle vicieux de ta famille, bébé, il faut surtout que tu vois ça. Tu comprends ? »

« Alors... demain... »

«... demain... demain fais comme tu peux. Personne ne te le reprochera. »

« Tu seras là. »

« Bien sûr bébé, quelle question. » Elle embrassa une nouvelle fois sa peau. « J'te défendrai contre l'univers s'il le fallait. »

Golden Souls [PLK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant