Golden Souls [PLK]

33

Lisko s'arrêta sur le parking du garage quelques minutes plus tard. Mathieu sortit en premier, préconisant à sa petite amie de rester à l'intérieur le temps qu'il trouve dans ses affaires une paire de baskets. Il ouvrit le coffre et fouilla tandis qu'elle s'était redressée pour le voir, un sourire timide sur les lèvres tout en fixant ses faits et gestes amoureusement. Finalement, il trouva son bien et refit le tour pour lui mettre à ses pieds. Les joues de Lina rougirent face à ses attentions.

« Merci. » Il releva la tête alors qu'il laçait sa seconde chaussure. « Est-ce qu'il y a un endroit où je peux me changer ? J'suis pas très confortable dans ces vêtements. » Il acquiesça. Il connaissait le garage comme sa poche pour y avoir travailler pendant des mois. Elle sortit de la voiture et pris quelques affaires avant qu'il ne prenne tous leurs sacs. Il les posa à l'entrée tout en pointant du doigt les toilettes.

« Tu peux aller te changer ici, si tu veux. »

Elle regarda les alentours. Encore sous adrénaline des derniers événements, elle était sous tension et angoissée. « Tu m'attends ici ? » Il hocha la tête mais ce ne fut pas suffisant pour elle. « On se rejoint ici. »

« J'bouge pas d'un pouce. »

Il la vit mordre anxieusement sa lèvre avant de partir, se retournant plusieurs fois avant de fermer la porte des toilettes, ne prenant pas la peine de la verrouiller. Mathieu quitta seulement sa direction de vue lorsque Norvan sortit de son bureau. Il avait déjà une clé dans les mains ainsi que des papiers pour les assurances. Il posa le tout sur le comptoir tout en regardant son ami, essayant d'évaluer la gravité de la situation. Il ne lui avait rien expliqué, l'appelant seulement pour le supplier de le dépanner alors il avait quitté son domicile pour le rejoindre ici, sans se poser de question.

« J'risque pas d'être dans la merde si je te prête une voiture, pas vrai ? »

« Non, on a juste loupé le vol pour rentrer. Lina veut absolument partir de Paris alors on va prendre la voiture jusque Nice et après le ferry. »

Il haussa les sourcils de surprise. « C'est un peu extrême, nan ? Il suffit d'attendre quoi... six heures pour un nouveau vol ? Entre la route et le bateau, ça fait dix fois plus long. »

« Sauf qu'il y aura tout ce qu'elle aime. Elle va adorer le ferry. » Il signa les papiers avant de prendre les clés. Norvan ne répondit pas, confus. « Lucie s'est suicidée devant ses yeux. Elle a besoin de calme, de vue sur la mer... »

« ...Et de toi. » Elle apparut discrètement. « J'suis prête. »

Il acquiesça, l'attrapant pour reposer un bras sur son épaule et un baiser sur sa tempe. Il remercia une dernière fois son ami avant de prendre ses bagages et de se diriger vers le véhicule. Lina le suivit, lui collant presque aux chaussures mais il resta silencieux, respectant son besoin et bien heureux de l'avoir près de lui après des semaines compliquées. À peine le coffre fermé et chargé, elle se réfugia dans ses bras. Il la berça d'un pied sur l'autre pour la réconforter, n'ayant aucunement les mots pour ce qu'il venait de se passer. Il fallut tout le courage de la brune pour se détacher.

« Ça va aller pour conduire ? Tu n'es pas trop fatigué ? » Il lui ouvrit la portière et elle s'installa.

« J'vais bien. T'inquiète pas bébé. » Il embrassa tendrement ses lèvres avant de faire le tour. « Prête pour un road trip ? »

Elle attacha sa ceinture de sécurité. « Prête. »

Il prit alors la route et elle s'installa confortablement, retirant ses chaussures pour se recroqueviller dans son siège. Elle appuya sa tête contre la fenêtre et il augmenta le chauffage pour être certain qu'elle soit à l'aise. Inconfortable malgré tout, elle attrapa sa main pour qu'il la pose sur elle. Ce qu'il fit, glissant ses doigts contre une de ses chevilles pour la caresser tendrement.

« Dors, Lin, j'serai là quand tu te réveilleras. »

Elle acquiesça et ferma les yeux. Il ne lui fallut que quelques minutes pour s'endormir. Toutefois, malgré le calme de l'habitacle et la présence de Mathieu, la violence de la mort de Lucie tourmenta ses rêves quelques heures plus tard. Elle sursauta lorsque l'arme se déclencha de nouveau. Elle ouvrit les yeux tout en se redressant sur son siège. Elle regarda les alentours pour se familiariser avec l'environnement.
Ils roulaient sur l'autoroute, dans la nuit noire. Mathieu posa une main ferme sur sa cuisse pour marquer sa présence mais surtout la calmer. S'il n'avait pas l'habitude de ses traumatismes, il aurait sûrement perdu la trajectoire.

« Tout va bien. Je suis là. » Il essaya de la rassurer mais la respiration désorganisée de la brune n'annonçait rien de bon.

« Arrête-toi, s'il te plaît. » Il accéléra tout en regardant le gps à la recherche d'une aire de repos. « Mathieu, je t'en supplie. J'arrive pas à respirer. J'veux sortir. »

« Dans quelques minutes. J'ai besoin que tu essayes de respirer calmement. T'es en sécurité. Je te le promets. Je suis avec toi. » Il resta concentré sur la route tout en priant qu'elle ne s'agite pas plus mais les lumières artificielles et la vitesse la rendaient encore plus folle. « Regarde-moi. » Il alluma le plafonnier et elle se concentra sur lui. « Tout va bien, moi, je suis calme. Comment j'ai l'air ? Décris moi. » En faisant des recherches sur internet, désespérément un soir, il avait trouvé quelques astuces pour lutter contre une crise et la description précise d'un lieu permettait de faire diversion.

« T... t'as l'air fatigué mais t'es tellement beau et réconfortant. Ta mâchoire, tes lèvres, ton nez... » Elle continua de le scruter et d'énumérer tous les détails de son visage jusqu'à ce qu'il s'arrête sur le parking d'une aire de repos. Lorsqu'il éteignit le moteur, elle se détacha pour monter sur ses genoux. Il éteignit la lumière pour être plus discret et l'enlacer contre lui.

« Tu veux remettre tes chaussures et sortir dehors ? » Elle secoua la tête, bien mieux dans ses bras que dehors. Il s'éloigna pour la regarder et prendre en coupe son visage. « Princesse. »

« Je t'aime.»

« Moi encore plus. » Ils se regardèrent comme si le temps venait de s'arrêter soudainement.

« Est-ce que l'info a fuité ? » Il secoua la tête. Heureusement, ils avaient eu cette chance là. « Je comprends pas pourquoi elle a fait ça. C'était tellement... surréaliste. Elle était dans un état tellement second que je ne l'ai pas reconnue. » Il embrassa son front puis s'appuya avec le sien. « Elle a pointé l'arme sur moi, au début. J'ai cru qu'elle allait le faire. Et tout ce que à quoi je pensais, c'était qu'on avait pas assez profité, toi et moi. On a toute la vie devant nous et je me rends compte à quel point je n'ai plus envie d'être loin de toi, à quel point me mettre des limites était ridicule. » Elle ferma les paupières. « J'ai essayé de la dissuader de le faire. J'voulais pas qu'elle se tire une balle. »

« Je n'en doute pas. » Il embrassa ses lèvres, avide de la rassurer. « Tu as fait ce qu'il fallait. Et je suis là. Il va falloir digérer tout ça mais tu y arriveras. On va se retrouver à la maison, tous les deux, loin du stress et... juste... »

« Dans notre bulle. »