PROLOGUE

286 32 6
                                    

 S'il n'avait pas fait si froid ce soir, il n'y aurait jamais eu de sombres nuages au-dessus de ma maison. L'air n'aurait pas été chargé d'électricité, la foudre ne serait jamais descendue des cieux. Elle n'aurait jamais frappé un câble électrique à haute tension proche de chez moi, au moment où je branchais mon sèche-cheveux. 

Elle n'aurait jamais fait sauter les plombs dans l'immeuble, en traversant les circuits, et je ne me serais jamais pris une violente décharge. Alors que le courant circule en moi en me causant une douleur fulgurante, je me sens sombrer dans un abîme. Il faut croire que ma course s'arrête ici et maintenant. Dommage que ce soit avant d'avoir vécu réellement.

Mon esprit s'embrume, je suis comme plongée dans un épais brouillard. Une horrible impression m'assaille, j'ai la sensation d'être projetée à plusieurs reprises en avant, puis en arrière. Ma tête est lourde. Je suis complètement étourdie, abrutie par les sensations. C'est comme si je n'étais plus maîtresse de mon propre corps. 

Suis-je morte ? Est-ce ce qu'on ressent lorsqu'on se sent partir ? J'aimerais pouvoir ouvrir les yeux avec le peu d'énergie que j'ai encore. Soulevant difficilement les paupières, je ne perçois que le noir et une chaleur réconfortante qui m'entoure. Épuisée, je sombre de nouveau dans le néant. Je n'ai pas peur. 

Au contraire, je me sens bien, entourée de cette douce chaleur qui apaise mes craintes. Et dire que dans quelques jours, nous aurions fêté Noël. Nous nous serions tous retrouvés : amis, familles, mais surtout, j'aurais passé le réveillon avec mon meilleur ami Benji. Bien sûr, son imbécile de cousin Derek aurait également été présent. 

Lui et sa nouvelle conquête du moment évidemment. Malgré tout, je pense que j'aurais passé une bonne soirée. Je me demande qui me trouvera le premier. Mes parents ? Benji ? Les voisins ? Ou peut-être personne avant des mois. Mes forces me quittent peu à peu et je m'enfonce un peu plus dans l'inanité la plus absolue. 

J'espère sincèrement que si je meurs ce soir, je ne leur causerais pas trop de chagrin. Les accidents, ça arrive et ça m'est arrivé aujourd'hui en ce 18 décembre à un peu plus de minuit.

A Lightning ChristmasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant