A Lightning Christmas

CHAPITRE 32

— Tu peux y aller, m'autorise Benji. Pas besoin de me prendre avec des pincettes.

Je grimace, rentrant les lèvres dans une de ces horribles moues de celui qui se retient de dire quelque chose, mais qui est sur le point d'exploser.

— J'avais oublié des dossiers chez moi et j'ai demandé à Derek de les récupérer parce qu'il ne travaillait pas.

Benjamin fronce immédiatement les sourcils. Mince ! Il doit sûrement se demander pourquoi j'ai demandé ce service à Derek. Et également pourquoi est ce que je sais qu'il ne travaillait pas. Parfois je devrais réfléchir à deux fois avant d'ouvrir la bouche.

— Je l'avais...je l'avais croisé plus tôt dans la journée et j'étais désespéré lorsque je l'ai appelé pour ce service.

Il ne dit rien et continue de m'écouter en touillant dans sa casserole. Le bruit de friture couvre momentanément ma voix, me laissant une accalmie suffisante pour réfléchir à comment amener mon histoire.

— Derek m'a rendu ce service ce qui était étonnant, je ne pensais pas qu'il le ferait honnêtement. Morticia m'a envoyé chercher du café pour elle et son rendez-vous en ville, pesté-je. Comme s'il n'y avait pas de café au bureau !

— Je ne comprendrais jamais cette femme, me répond Amanda.

— Moi non plus, admet Benji en se tournant vers elle.

Amanda lui sourit tendrement. Ces deux-là transpirent l'amour par chaque pore de leur peau. J'aimerais bien connaître le même amour. Qu'une personne enfin m'aime vraiment. Je me rends compte que personne ne m'a jamais aimé. Aucune de mes relations. Et je pense au fond, et c'est triste à dire, que je n'ai marqué la vie de personne parmi ces anciennes relations.

— Vous m'écœurez tellement vous dégoulinez d'amour tous les deux, lancé-je avant d'avaler une longue gorgée de vin.

Amanda rit aux éclats et ses yeux s'illuminent lorsqu'elle lève la tête amusée. Ses longs cheveux bruns viennent onduler dans le vide dans un spectacle hypnotisant. Benji la regarde comme si c'était la plus belle chose qu'il ait vue. Ils vont bien ensemble assurément. Benjamin est grand, brun et arbore de magnifiques yeux mordoré et Amanda cette jolie brune élancée, arbore une teinte plus foncé. À n'en pas douter ils feront des bébés pépites.

— Je suis revenue au bureau avec ces foutus cafés et devinez quoi ! C'était Derek son rendez-vous c'est pour ça qu'il est allé chercher le dossier, il en avait besoin ! Mais bon, pour le coup ça m'a bien sauvé la mise. Je le lui concède.

— Là-dessus je ne le blâme pas. Au bout du compte, cela vous a tous les deux arrangés. Alors, comment ça a pu dérapé ?

Comment ça a pu dérapé ? Parce que c'est Derek ! Il bousille toujours tout lorsque ça me concerne.

— Il m'a suivi partout où Morticia m'a demandé de passer !

— En voiture ?

— Non, il m'a déposée.

Nouveau froncement de sourcil. Mince ! Je parle vraiment trop vite. Je me demande comment me dépatouiller de tout ça. C'est exactement pour cette raison que je ne souhaitais pas venir ce soir ici. Pas après avoir consommé de l'alcool et en continuant à le faire, sans avoir préparé une histoire édulcorée. Une histoire où j'aurais à taire que j'avais dormi chez Derek après un petit séjour à l'hôpital, et où nous nous sommes sauté dessus comme des bêtes en ruts dans un ascenseur.

— Ma voiture n'avait pas démarré.

Je commence à devenir douée pour les pirouettes improvisées. Je bois distraitement et continue de leur raconter mes déboires. Le passage chez les prestataires, les menaces d'appeler la police, nos « vols par effraction ». Benjamin et Amanda sont suspendus à mes lèvres. Je me doute qu'ils trouvent cela extrêmement surprenant de ma part. J'avoue qu'avec Derek on ne peut que s'attendre à l'improbable.