CHAPITRE 93

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— Serre pas si fort princesse boudin, tu vas finir par me fêler une côte.

La voix de Derek me parvient à travers mon casque.

— Je dois rester en vie pour nous amener à bon port.

Je ne dis rien, trop effrayée pour avoir du répondant. Je n'ose même pas bouger d'un iota pour être honnête.

— Je suis sérieux quand même. Desserre un peu ta prise, j'ai du mal à bouger correctement.

— Tu vas trop vite, pesté-je. Ralentis !

— Je vais à la vitesse normale et si je ralentis nous y serons pour la nuit.

— Et alors ? Au moins nous y serons en vie. Ralentis.

Derek n'en fait rien évidemment. Pourquoi m'écouterait-il après tout ? Nous roulons effectivement à la vitesse autorisée.

— Derek ! Tu fais chier !

Je l'entends pouffer de rire dans son casque. Vivement que je descende de cet engin de malheur. La route est longue pour arriver à Cilaos et j'angoisse à chaque minute. J'en viens même à espérer que des policiers nous arrêtent en chemin.

Au coup d'accélérateur suivant, je glisse un peu plus contre Derek. Mon corps épouse le sien autant qu'il est possible de le faire dans cette position. Cette pensée me remplie de gêne et d'autre chose... ce trajet s'annonce difficile.

— Regarde autour de toi.

J'observe, malgré le fait que je sois toujours aussi crispée, et suis forcée de le reconnaître. Les paysages sont à couper le souffle. L'océan à perte de vue tandis que le soleil commence sa descente, des verts pâturages incroyables où nous croisons quelques bœufs et cabris.

Tout est vert partout où nous passons et c'est juste époustouflant à voir. Derek et moi mettrons plus de deux heures pour atteindre le village. Nous avons même le temps de faire quelques pauses en chemin pour se dégourdir les jambes, mais nous ne parlons pas.

Derek passe quelques coups de fil, dont plusieurs à son cousin pour se tenir informés d'où ils sont. Les parents sont déjà arrivés et apparemment nous ne serons pas tous ensemble. Ils n'ont pas trouvé de bungalows disponibles pour tout le clan.

Nous serons répartis dans plusieurs gites, villas ou autres, proches les uns des autres. C'est ce que j'entends Benjamin expliquer à Derek alors qu'il l'a mis sur haut-parleur.

— Roh putain, râle Derek. Ouais et... nous on va où au juste ?

— Nous quatre avec Amanda nous serons à la villa Soalic. Je te laisse chercher l'adresse sur le net, on se retrouve sur place.

— Ok. On fait comme ça. Je laisse Chloé se reposer encore cinq minutes et on reprend la route.

— Ah ouais, se moque Benji. Tu laisses Chloé se reposer...

Derek coupe le haut-parleur précipitamment et remet directement le téléphone à son oreille.

— Ferme-là putain Benji. Tu soules...

Je détourne le regard ailleurs et fais quelques pas pour m'éloigner, car je ne peux pas prétendre que je n'ai rien entendu. La délicate teinte pourpre qu'a pris mes joues le prouverait assurément. Benji...

— Ouais, je sais. Allez ! Raccroche-là, on reprend la route.

Derek raccroche le premier et s'approche de moi pour m'adresser quelques mots. J'espère que je ne suis plus rouge de gêne et que mon visage a retrouvé sa couleur d'origine. Il est très proche, vraiment très proche de moi et même si je suis furieuse après lui, je meurs d'envie de me hisser sur la pointe des pieds pour l'embrasser.

— Ça va ? On y retourne ?

Je hoche la tête doucement et le laisse me prendre la main pour me mener jusqu'à sa moto. Ce n'était pas utile, je sais parfaitement marcher toute seule. Je remets finalement mon casque, tout comme Derek, et enfourche la moto pour m'asseoir derrière lui.

A Lightning ChristmasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant