Bien trop souvent à mon goût au court des derniers mois, j'ai ressenti cette envie fugace de voir ma vie disparaître sous mes yeux dans un écran de fumée. Tout cela pour me retrouver un après-midi d'été de décembre, allongée sur le trampoline que j'avais à sept ans, et m'apercevoir que pendant tout ce temps je m'étais juste endormie au soleil. Ma vie n'aurait été qu'un rêve. Mais le fait est là, désormais je suis une adulte avec des responsabilités d'adulte, auxquelles je dois faire face. Aucun retour en arrière n'est possible.
Je me demande si tous les adultes ressentent ce sentiment d'être pris au piège dans leur propre vie. A toujours devoir faire des choses que nous n'avons pas envie. A être le spectateur silencieux de notre propre vie, qui continue de défiler son film sans que nous n'ayons une once de contrôle sur son dérouler. La définition même de métro-boulot-dodo. Prisonnier d'un carcan qui monopolise la quasi totalité de notre temps, laissant peu de place au loisir voire aucune. Je sens encore son emprise sur moi, mais je sens sa prise se faire plus leste maintenant que je n'ai plus de boulot.
Bien sûr, je sais que je vais devoir retomber très vite sur mes pattes, avec les charges qui me pendent au nez. C'est sur ces joyeuses pensées teintées de gaité que je passe la porte des Pomereau. Je les entends s'affairer en cuisine depuis le hall d'entrée. Amanda demande à Benjamin de lui passer les cornichons pour la salade. Je les entends même flirter comme des adolescents quand Benji lui demande de venir les chercher. Savent-ils que je suis déjà arrivé ? Je n'ai rien fait pour être silencieuse, j'ai même claqué la porte dernière moi.
— Tu veux un carton d'invitation poinçonné pour nous rejoindre dans la cuisine ou tu as retrouvé le chemin ? Me crie Benji en ricanant pendant que j'entends sa petite amie le sermonner.
Je soupire en levant les yeux au ciel d'exaspération.
— Ha ha ha ! Très drôle Benjamin. Je dirais même que c'est hilarant que tu puisses être aussi drôle.
Sarcastique ? À peine !
— Tu en as mis du temps, me reproche-t-il. J'ai cru que tu avais changé d'avis et que tu étais rentrée chez toi.
— J'y ai pensais, mais tu serais venu frapper à ma porte comme un détraqué, jusqu'à ce que j'ouvre la porte.
— Probable, admet-il.
Pas probable, c'est sûr. Il m'a déjà fait le coup après une rupture amoureuse. Les voisins lui ont gueulé dessus parce qu'il a continué pendant 1 heure, pendant que je faisais la morte. Je pensais qu'il se lasserait et partirait pensant que je n'étais pas là. Que nenni je me trompais lourdement. C'était mal connaître Benjamin Pomereau. Benjamin Pomereau est quelqu'un de têtu, qui n'admet pas qu'on lui dise non et qui est particulièrement rancunier. Que de belles qualités ! Je me demande ce qu'Amanda lui trouve. Enfin, j'en ai bien fait mon meilleur ami alors ça ne doit pas tourner très rond chez moi aussi.
Affalée sur la chaise haute à les regarder s'affairer en cuisine, je souris lorsque Benji pose un verre à moitié plein de rosé devant moi. L'alcool n'est en aucune façon une solution, mais il a le sont de rendre tous mes tracas aussi léger qu'une plume de canard. Tout le monde sous-estime les plumes de canard. Je les trouve magnifique. J'adorais caresser les plume de mon caneton lorsque j'étais enfant. Il a grandi avec moi et a eu de très belles plumes d'un noir de jais, avec de belles nuances d'émeraude sur le côté gauche de chaque plume. Je l'appelais Calimero.
Il couinait tout le temps d'un air malheureux comme Calimero du dessin animé. J'avoue que Benji et moi n'étions pas ce qu'on pourrait appelé « la douceur incarnée » à cette époque. Et le pauvre canard était embarquait dans toutes nos aventures. Jusqu'à ce que le père de Benji lui roule dessus en marche arrière. Nous lui en avons voulu...beaucoup. Benjamin n'a plus parler à son père pendant près d'un mois. C'était notre copain. Je devrais peut être m'en racheter un autre pour me tenir compagnie...
—À quoi tu penses ?
— A Calimero. J'aimerais me racheter un canard.
Benjamin soupire, secoue la tête et lève les yeux au ciel. J'ai déteins sur lui définitivement.
— Au lieu de raconter n'importe quoi Chloé, raconte nous ta journée.
Mon cœur s'emballe en repensant à cette journée. Que dieu me vienne en aide pour que je ne rougisse pas comme une tomate. Avec mon teint clair, j'ai 90% de chance de rougir à tous les coups. « Oh my » comme on dit chez les english. Je le sens, je rougis. Les plaques doivent s'éteindre jusque sur mes bras et ma poitrine.
— À ce point ? Demande Benji avec étonnement. Il faut vraiment que tu me racontes tout ce qu'il s'est passé pour que mon cousin te rende aussi rouge de rage.
S'il savait...
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A Lightning Christmas
RomantikChloé mène une vie banale où jamais rien d'intéressant ne lui arrive. Elle joue les larbins dans le cabinet de ses rêves et n'est pas appréciée à sa juste valeur. De même à la maison, il n'y a personne qui partage sa vie. Elle n'a que ses amis : son...