CHAPITRE 8

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— Mon gestionnaire va bientôt arriver. Vous avez préparé mes dossiers ?

Son gestionnaire ? Mais qu'est-ce qu'elle raconte ? Je n'ai rien dans mon agenda à ce sujet.

— Vos dossiers ? Demandé-je en sentant des sueurs froides imaginaires longer ma colonne vertébrale.

Ma patronne me regarde en fronçant les sourcils puis ôte sa paire de lunettes empruntée à Rita Skeeter. Ça n'a jamais été à la mode...jamais. Quoi qu'il en soit je sais que je suis fichue ! Elle va m'incendier comme un petit paquet de paille sec et rabougri. Adieu mes chances de grimper les échelons. Bonjour Pôle emploi et le RSA.

— Vous vous fichez de moi ? Me demande-t-elle sur le ton de la conversation de sa voix éminemment hautaine et condescendante.

— Non madame. Jamais je n'oserai, m'aplatis-je comme une crêpe face à elle.

D'un geste négligeant de la main ma sorcière bien-aimée me répond en reportant toute son attention sur son ordinateur.

— Les dossiers récupérés chez mon comptable. Je vous ai dit qu'aujourd'hui je m'occupais de mes finances.

Non, évidemment elle n'a rien dit de tel.

— Ils sont sur mon bureau. Je vous les ramène, lui expliqué-je avec un sourire.

Je mens comme un arracheur de dent évidemment. Ils ne sont pas sur mon bureau, mais dans ma voiture...qui est chez moi. Purée ! Je vais me faire virer. C'est sûr.

— Bien. Merci Estella.

J'aurais dû rester raide morte hier soir, après ma décharge. Plus de 10 millions de volts auraient dû venir à bout de ma petite personne. Evidemment, il faut que j'ai la peau dure !

— Calme-toi Chloé, me chuchoté-je fébrilement en m'asseyant dans ma chaise de bureau. Réfléchis.

Je n'aurais jamais le temps de passer chez moi même en courant dans toute la ville ou en prenant le bus. Qu'est-ce que je vais faire ? J'ai envie de pleurer, cette bonne femme aura ma peau. Pourquoi je lui ai menti au juste. Me précipitant aux toilettes les plus proches, je m'enferme dans une cabine et m'assieds sur le couvercle. Je craque. Pourquoi elle me fait toujours des coups comme ceux-là ? Les larmes coulent d'elles-mêmes et j'ai du mal à m'apercevoir que mon portable vibre dans la poche de ma veste depuis plusieurs minutes.

Essuyant mes larmes d'un geste rageur j'attrape mon smartphone et lis mon SMS.

«  Je te ramène chez toi ce soir, mais demain tu te débrouilles princesse boudin. »

— Derek ! M'écrié-je soudainement.

Mais oui bien sûr. Pourquoi je n'y ai pas pensé plus tôt, Derek ne travaille pas aujourd'hui. Nous sommes lundi. Cliquant sur son numéro, je l'appelle dans la minute. Il faut qu'il me sauve la vie.

— Qu'est-ce que tu veux ? Me répond-il en soupirant.

— Il faut que tu me sauves la vie, lui avoué-je.

— C'est non.

Quel mufle !

— Derek je t'en supplie j'en ai vraiment besoin. C'est une question de vie ou de mort.

— Le service je te l'ai déjà rendu hier soir.

Je soupire. Comment j'ai pu croire qu'il m'aiderait.

— Dis toujours.

Whouah ! J'avoue que je suis surprise.

— J'ai des dossiers dans ma voiture chez moi. J'en ai besoin au plus vite ou je vais me faire virer.

— Désolé princesse mais je n'ai pas tes clés.

— Sous le paillasson.

— Tu sais que c'est le premier endroit où regardent les cambrioleurs ? Se moque-t-il.

— Derek pour le moment je m'en fiche de ça. Est-ce que tu le feras ?

Je l'entends soupirer à l'autre bout du fil.

— Tu as de la chance que je ne sois pas loin de chez toi. Mais je te préviens Chloé ce service ne sera pas gratuit.

Ok. Je sais que je vais le regretter amèrement, mais je n'ai pas le choix.

— Tout ce que tu veux.

— Tu vas regretter ces mots, l'entends-je maronner.

Oui, je sais...

A Lightning ChristmasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant