Chapitre 10

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Mince ! Quelle plaie vraiment ! Columbus & Co est à 15 minutes à pied du bureau. M'armant de courage en pestant contre Morticia je quitte le bâtiment pour emprunter les routes de la ville. Dehors règne la cohue habituelle des gens pressés de se rendre au boulot ou de déposer leurs marmots à l'école.

Je me mêle à cette cohue organisée en priant pour que Derek ait le temps d'arriver. Bien évidemment lorsque j'arrive au café une queue impressionnante m'attend. Il aurait été trop beau qu'il en soit autrement.

Je me perds dans mes pensées en attendant mon tour, j'espère qu'elle ne va pas râler pour l'attente. Ce n'est clairement pas de ma faute sur ce coup. Mais sa logique et la mienne semblent en tout point différentes. Alors que la file d'attente me semble pas vouloir bouger je me mets à penser à ma charmante marâtre.

Depuis que j'ai commencé ce job après mes études je lui ai donné pas mal de surnoms, je dois l'avouer : Meryl, Emma, Morticia, la Marâtre, Ma sorcière bien-aimée, le bourreau. Mentalement je m'en donne à cœur joie.

La Marâtre étonnement lui a été attribué car j'ai la nette impression que derrière ses airs de despote madame Sinclair m'aime bien. Elle est presque gentille parfois, un peu comme Meryl avec Anne Hathaway dans le diable s'habille en Prada. Je pense qu'elle copie Meryl, peut-être qu'elle se croit dans ce film après tout. L'esprit humain est surprenant quelques fois et il faut l'avouer un peu dérangé.

Lorsque je parviens à atteindre le début de la file après des minutes à poireauter une délicate odeur sucrée m'interpelle. Cela me rappelle vaguement quelque chose. Le parfum de Derek ! Il est là ! Je me retourne vivement à l'affût en regardant de tous côtés mais rien. Personne. J'aurais juré que c'était son parfum, une odeur irrésistible de pop corn.

Oui, je sais c'est étrange de sentir le pop corn, mais c'est parce qu'il ne cesse de tirer sur ce truc. Ce truc qui fait de la fumée comme une chicha. Ah oui ! Je m'en souviens. Sa cigarette électronique. J'adore cette odeur très spéciale. Je raffole du pop corn en règle générale. J'en ai toujours dans mes placards pour les soirées télé. En parlant de Derek je l'ai d'ailleurs baptisé ainsi dans mes contacts.

Il arbore avec honneur le doux surnom de Pop corn Espécial. D'une parce qu'il sent le Pop corn à longueur de journée et de deux parce que cette odeur est spéciale et que je déteste ce mot « Espécial ». Il ne pouvait dès lors que lui convenir à merveille.

— Un latte avec une pointe de caramel et un grand café s'il vous plaît.

J'ai même ajouté un emoji cornet de pop corn pour que ce soit beau. En parlant de lui je me demande ce qu'il va exiger de moi pour ce double service qu'il m'a rendu. Ou triple peut-être si on compte le fait qu'il me ramène ce soir. Tant d'altruisme de sa part cache quelque chose forcément.

Sur le chemin du retour je souhaite à l'aveuglette que Derek m'attende au pied du bureau avec tous les dossiers du comptable. C'est pleine d'appréhension que je m'approche de mon bureau après la déception occasionnée à mon arrivée au boulot. Pas de Derek.
Mes les dieux sont avec moi car sur mon bureau m'attendent sagement tous les dossiers attendus.

— Merci mon dieu !

Je ne suis pas croyante, mais en de rares occasions comme celles-ci je veux bien croire à tout ce que vous souhaitez et mêmes aux miracles.

— Estella ? C'est vous ? Entends-je héler ma patronne.

Soupirant d'exaspération j'attrape les dossiers tant bien que mal et m'engouffre dans son bureau avec un sourire plaqué aux lèvres. Je deviens douée à sourire comme une forcenée de cette façon.

— Tenez Madame Sinclair, lui indiqué-je en posant les dossiers et son latte devant elle avant de poser le café face à l'homme qui occupe le siège d'en face.

Je relève lentement la tête et croise le regard de Derek assit négligemment contre le dossier de son siege, les jambes croisées et un sourire en coin amusé aux lèvres. Lui ! C'est lui, le gestionnaire qu'elle attendait ? Je comprends tout maintenant. Sa soudaine bonté d'âme n'en était pas une ! Il avait besoin de ces dossiers, c'est pour cette seule raison qu'il a accepté de les récupérer. Le marché est annulé ! Tricheur !

— Disposez.

Elle ne peut pas faire de phrase avec sujet, verbe, complément ? Ce n'est pas comme cela que l'on parle à ses collaborateurs et même aux gens en général. Dragon ! Horrible Kraken ! Deux de plus. Je vais battre un record de surnoms. De retour à mon bureau je tente de rattraper le temps perdu en boostant mon rythme de travail. Son rendez-vous dure toute la matinée et me permets d'avancer sans être dérangée systématiquement. Le bonheur absolu !

A Lightning ChristmasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant