CHAPITRE 67

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— Ça ne me fait pas rire Benjamin Pomereau !

— Excuse-moi, rit-il encore. Mais tu viens de me lâcher une bombe au visage.

— Attends je n'ai même pas terminé, me plains-je.

— Parce qu'il y a pire ? S'exclame-t-il au bord du fou rire. Vas'y dis ! Dis !

— Benji ! Le réprimandé-je. Arrête, je vais mal là !

Mon ami soupire et revient s'installer calmement à mes côtés. Il me passe une main dans le dos et me le caresse en signe de compassion. 

Nous ne disons plus rien l'espace d'un moment et ça me fait du bien de juste profiter du bruit du vent et de la nuit. Il y a des grillons qui chantent dans les herbes hautes, cachés à la vue des curieux qui les chercheraient.

— J'étais avec lui ce soir. Derek voulait que je remplace son plan du moment qu'il a largué au rencard qu'il avait organisé pour eux, en dédommagement des petits services qu'il m'a rendus.

— Ok, dit-il d'un air incertain.

— Et on s'est encore embrassé.

Benjamin ne dit rien et m'écoute, même si je prends du temps à trouver mes mots.

— J'ai passé le meilleur rencard de toute ma vie, si on peut dire ça. Je ne me souviens pas de la dernière fois où je me suis autant amusée.

J'ai la voix chevrotante et mes larmes coulent à nouveau.

— Tu sais ce qu'il a dit ? Qu'il ne me considérait pas comme son amie. Que j'étais seulement ta meilleure amie et que c'était l'unique raison pour laquelle lui et moi nous étions côtoyée toutes ces années.

— Oh le con, murmure Benjamin dans sa barbe.

— Et que demain, c'est-à-dire aujourd'hui puisqu'il est plus de minuit, je pouvais faire comme si rien de tout ce qu'il s'était passé entre lui et moi ces deux derniers jours étaient arrivés.

— Je suis désolé, Chloé.

— Pourquoi est-ce que ça me met autant en rage ? Je le déteste.

Benji sourit tristement et me sert plus fort contre lui. Son amitié et sa présence me font le plus grand bien en cet instant. Il pose un baiser contre mes cheveux.

— Je ne crois pas que tu le déteste tant que ça. Je veux dire, oui Derek a pu te rendre dingue de bien des façons depuis qu'on se connaît. Et effectivement, il est infernal quand tu es impliquée mais je pense plutôt qu'il ne sait pas comment s'y prendre avec toi. Vous êtes un peu la représentation parfaite de cette expression : qui aime bien châtie bien.

— Benji...

— Je pense que tu devrais peut-être essayer de mettre le passé derrière toi. Ce n'était que des histoires de gamins. Aujourd'hui, nous sommes tous des adultes et tu dois choisir entre ta rancune du passé ou ce que tu ressens vraiment pour Derek.

Je me mets à rire faiblement, sans joie. Benjamin à sans doute raison après tout, mais je suis toujours aussi tiraillée. Derek me fait peur.

— À quoi bon Benji. De toute façon, ça ne pourrait pas fonctionner avec Derek. Nous sommes trop différents et je ne pense pas qu'il soit du genre à se poser.

— Qui sait ? Tu ne peux pas le savoir tant que tu n'as pas essayé.

Je ne dis plus rien et lui non plus, nous restons juste là en silence à nous enlacer. Au bout d'un moment, nous parlons de tout et de rien. Et lorsque la fatigue gagne la partie, Benji m'invite à entrer pour dormir au chaud. 

Amanda me prête des vêtements pour la nuit, et me frictionne le bras gentiment en me voyant. Elle a noté les sillons de mascara séchés sur mon visage, et me montre sa compassion. Une fois couchée dans la chambre d'ami je me détends contre les draps propres en coton et ferme les yeux pour me laisser happer par le sommeil. 

A Lightning ChristmasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant