CHAPITRE 103

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Au bout d'un moment, je les regarde tous danser et il n'y a plus que moi, assise sur mon banc. Derek est assit en face de moi à quelques mètres plus loin et ne me quitte pas des yeux. J'écarquille les yeux en le voyant se lever pour me rejoindre. 

Il me tend la main, m'invitant à danser. Mon cœur bat soudain à cent à l'heure alors que je regarde autour de moi pour vérifier si quelqu'un nous observe. Je glisse ma main dans la sienne d'un air hésitant et le laisse m'entraîner au milieu des autres danseurs.

Je frissonne sous ma doudoune en sentant sa main se poser dans le bas de mes reins. Il me rapproche de lui, jusqu'à ce que nos bustes se touchent. Ma main gauche repose sur son épaule et j'y pose mes lèvres dans une vaine tentative pour cacher mon trouble. 

Je dois être horriblement rouge. Mon autre main repose fermement dans le creux de sa large main, étonnement chaude malgré la température du dehors. Nos têtes sont l'une contre l'autre, si bien que j'ose à peine respirer. Moi qui ne voulait pas me cacher, je suis servie...je devrais me méfier des souhaits que j'émets. 

— J'ai eu envie de t'avoir contre moi toute la soirée, chuchote-t-il contre mon oreille.

Oh merde... non seulement j'ai le cœur qui m'étouffe, mais en plus mes lèvres commencent à faire un numéro de claquette. Et je ne sais pas pourquoi, mais je ne crois pas que ce soit à cause du froid.

— Même si tu as passé toute ta soirée à draguer mon cousin.

— Je n'ai dragué personne, réussis-je à dire dans un souffle.

Derek ne répond pas tout de suite.

— J'aurais du te garder enfermée dans cette chambre.

Je ne prends même pas la peine de répondre à ça et me contente de suivre le rythme.

— Tu veux qu'on rentre ?

— Pourquoi tu demandes ça ?

Derek lève un sourcil mi-interrogateur mi-moqueur.

— Tu es gelée et tu trembles comme une feuille entre mes bras. De toute façon, il est déjà plus de minuit et demain on fera sûrement une nuit blanche. 

Derek n'a pas tort dans ce qu'il dit, pensé-je en le regardant dans les yeux pendant qu'il me parle. Nous finissons par nous arrêter de danser et Derek pose une main dans le bas de mon dos pour me guider vers la sortie. M'arrêtant d'un coup de marcher à hauteur de Rose et Anne-Marie, je me retourne pour rejoindre ma table.

— J'ai oublié mon portable.

— Ok, me répond-il en restant près de ces dernières.

— Vous rentrez déjà ?

— Oui, il est tard et elle a froid.

— Tu devrais l'inviter à danser plus souvent, glisse Roseline sur un ton loin d'être anodin.

J'entends Derek soupirer en écoutant sa tante, alors que je récupère mon smartphone le plus lentement possible.

— Ça ne vous dit rien de me laisser régler ça comme un grand ?

— Régler ça comme un grand ? Répète Rose.

Je me retourne finalement et reviens en direction de Derek, Rose et Anne-Marie d'un pas lent. Marjorie passe près du petit groupe qui s'est formé et s'arrête entre ses deux sœurs, avec de la vaisselle sale dans les mains. Assurément, ce n'était pas sa destination première.

— Mon chéri, ça fait plus de dix ans que nous attendons que tu règles ça comme un grand.

La charmante Marjorie n'attend même pas que son neveu réponde à cette pique venu du plus profond du cœur. Elle retourne à ses petites affaires et quitte le groupe pour rejoindre la cuisine. Je crois que je n'ai jamais marché aussi lentement de ma vie. Je me demande s'ils pensent que je n'entends rien à leur conversation ou s'ils s'en fichent comme d'une guigne.

— Non mais laissez-le, il attend qu'on la lui souffle sous le nez. J'aurai une calvitie avant que mon fils daigne me donner une belle-fille.

Dois-je réellement le rejoindre dans la fosse aux lionnes ? Ce sont des histoires de maman et de fils après tout...

— Jojo exagère à peine lorsqu'elle dit dix ans, renchérit Rose. Depuis au moins huit ans je dirais, quand tu avais dix-huit ans. Mais bon, qui compte ?

— Moi, répond Anne-Marie en marmonnant.

— Chloé tu as terminé ? M'interpelle Derek en levant les yeux au ciel. Parce que je te jure que je te laisse là si tu n'as pas rappliqué dans les cinq minutes.

 Il le fera. Je rejoins Derek et salue tout le monde d'un geste de la main pour dire au revoir. Le cousin de mon meilleur ami a déjà commencé à partir sans m'attendre. Je dois me précipiter à sa suite pour le rattraper. Cet idiot est plus grand que moi, ses pas sont eux aussi plus grands que les miens. Je finis par le rattraper dix mètres plus loin de la maison.

— Tu aurais pu m'attendre idiot.

— Tu n'as qu'à marcher plus vite, répond-il du tac au tac.

— Mes petites jambes et moi on t'emmerde Derek.

Sur ses belles paroles pleines de sagesse, je décide d'accélérer le pas pour le devancer. Je souffle l'air de mes poumons en commençant à m'essouffler, ce qui forme des nuages de vapeur. Je me croirais en métropole pendant l'hiver. 

Je me demande combien de degrés il doit faire actuellement ? Il fait si froid. Dehors l'éclairage se fait de plus en plus rare, à mesure que nous nous rapprochons de notre hébergement. Derek m'attrape soudainement la main et me tire en arrière jusqu'à ce que je lui tombe dans les bras. Et avant que je ne dise quoi que ce soit, il m'embrasse. 

A Lightning ChristmasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant