Frustrée par tous ces sentiments contradictoires, je me laisse tomber contre mon oreiller et fixe le plafond. Dans la cuisine, j'entends déjà une vive agitation qui me confirme que mes hôtes sont réveillés.
La machine à expresso se met à gronder et on entend le liquide s'écouler dans la tasse. J'adore ce bruit. Ça a le don de me détendre. Avec grande peine, je m'extirpe de mes couvertures.
Qu'il fasse chaud ou froid, impossible pour moi de dormir sans être couverte. Amanda et Benji chuchotent à voix basses, alors que je les rejoins dans la cuisine. Dès qu'ils m'aperçoivent, ils s'interrompent brusquement.
— Tu as tout cafardé, lâché-je en me laissant tomber sur un tabouret haut. Ce n'est pas grave, tu m'évites de tout répéter.
— Désolé, lâche platement Benji en m'offrant un café.
— Chloé je trouve ça super. Cela fait longtemps que nous attendons ce moment.
Je dois faire une tête bizarre parce qu'Amanda rit avant de poursuivre.
— Tu sais, vous vous prenez tellement la tête sur tout tous les deux, que ça me semblait étrange qu'il n'y ait pas quelque chose derrière tout ça. Et pour être honnête, je n'ai jamais vraiment pensé que vous vous détestiez Derek et toi.
— Oui, renchérit Benjamin. Vous vous chamaillez beaucoup, mais vous tenez l'un à l'autre à votre façon.
Amanda rit en l'entendant.
— Chéri avant hier soir, tu ne te doutais pas qu'il y avait des sentiments en jeu.Tu m'en as parlé pendant vingt minutes en boucle.
— Oui, bon. J'ai eu du mal à avaler la pilule.
Je souffle sur mon café en les écoutant parler de toute cette histoire.
— Derek, je le savais un petit peu après le coup qu'il t'a fait quand on était ados pour se débarrasser de toi en te dénonçant.
Benjamin s'interrompt brusquement en écarquillant les yeux d'horreur. Je hausse un sourcil interrogateur en serrant les dents.
— Comment ça Benji ?
Mon ton est relativement calme et posé, mais ce n'est qu'une façade. Comment ça Derek voulait se débarrasser de moi ?
— Explique-toi tout de suite.
— Alors là mon amour, tu te débrouilles !
Amanda fait mine de s'épousseter les mains pour lui signifier qu'elle s'en lave les mains. Benjamin regarde de tous les côtés comme une biche apeurée en se passant nerveusement la main dans ses cheveux bruns.
Posant ma tasse, je descends de mon tabouret et m'avance dangereusement vers mon meilleur ami.
— Il faut que tu parles Benjamin Henri Pomereau, le menacé-je. Parce qu'on peut passer de la manière douce à la manière forte.
Benjamin recule contre un placard en levant les mains comme si je le menaçais d'une arme.
— J'ai promis de ne rien dire.
— Je suis ta meilleure amie Benji.
Il panique, je le sens dans son regard.
— C'est mon cousin !
— Benjamin, je ne le demanderai qu'une seule autre fois. Une seule. Qu'est-ce que Derek a fait au juste lorsque nous étions ados ? Et la question comprend également la raison.
Je sens que je vais en prendre un pour cogner l'autre tellement fort qu'ils vont en finir dans les pommes. Bien évidemment, Benjamin ne crache pas le morceau, se contentant de répéter qu'il a promis comme une litanie salvatrice.
Même lorsque je le torture en pinçant l'os de sa clavicule jusqu'à ce qu'il me supplie à genoux. Je n'arrive pas à croire que même cette torture suprême ne lui délie pas la langue.
Amanda nous observe en sirotant tranquillement son café. Je finis par abandonner la partie pour le moment, et quitte la pièce pour aller me doucher.
— Tu aurais dû lui dire.
J'entends Benjamin soupirer en se relevant.
— Il n'a qu'à lui dire lui-même.
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Merci de votre passage sur cette histoire et merci particulièrement à @user49279943, @DavinaCMikaelson, @MarieDeLaFonchais, @joelle-dominique, @MelanieGendron, @CyndieOuimet, @sophieisabelledias et @caaaaaarine pour vos petites étoiles quasi quotidiennes ! A demain pour la suite !
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A Lightning Christmas
RomanceChloé mène une vie banale où jamais rien d'intéressant ne lui arrive. Elle joue les larbins dans le cabinet de ses rêves et n'est pas appréciée à sa juste valeur. De même à la maison, il n'y a personne qui partage sa vie. Elle n'a que ses amis : son...