De retour à la banque, nous rejoignons une salle de repos où plusieurs personnes sont déjà installées. Elles discutent sans prêter attention aux nouveaux arrivants, s'abreuvant de leur café noir comme la nuit, en profitant des derniers instants de la pause méridienne.
L'ambiance y est décomplexée et joviale avec toutes ces discussions frivoles et plaisanteries échangées. Romain se fraie un chemin jusqu'à une table à manger où discutent une femme et un homme.
Ils rient d'une blague connue d'eux seuls sans le voir arriver. L'homme est accoudé au plan de travail de la kitchenette, tandis que la femme savoure son fromage blanc à table, entre deux éclats de rire.
— Salut vous deux !
— Ah tu tombes bien toi ! S'exclame l'homme brun. Il parait que Pomereau à une nouvelle assistante. Et ça commence déjà à se crêper le chignon.
Romain rit.
— Justement. En parlant de ça, je vous présente Chloé.
Mon nouvel ami me désigne d'un pouce désinvolte par dessus son épaule, en s'installant près de la jeune femme. Elle est brune de peau comme de cheveux et arbore des boucles serrées qui cascadent sur ses épaules frêles.
Sur notre île, c'est ce qu'on appelle une Kafrine. C'est sûrement Sandra, la femme que Romain souhaitait me présenter. Et le brun à la peau claire doit être Jérémie. Il est comme moi : un créole blanc.
C'est parfois un peu compliqué d'expliquer aux étrangers à l'île nos us et coutumes, ou encore l'argot que nous utilisons. Je pourrais juste dire qu'à la Réunion nous sommes pour la plupart tous métissés.
Les créoles blancs sont ceux qui n'entrent pas dans une case. Ni chinois, ni arabe, ni Malgache, ni Kaf, ni Malbar, ni Yab ou Zoréol. Ce qui rend la Réunion si particulière c'est que nous vivons tous en harmonie, et perpétuons le métissage.
Dans ma famille, comme dans beaucoup d'autres, vous pourrez trouver des indiens, des chinois, des arabes, des blancs, des noirs.
— Oh merde ! Putain ! Tu ne pouvais pas me le dire plus tôt ?!
Jérémie peste dans son coin contre Romain, qui rit à s'en décrocher la mâchoire. Malgré moi je ne peux qu'avouer être amusée par la situation.
— Assieds-toi Chloé, me propose ce dernier après s'être calmé.
Il me tire la chaise pour que je puisse m'asseoir. Sandra lève les yeux au ciel en le regardant faire, pendant que je prends place.
— Arrête de la draguer bêta ! Elle vient juste d'arriver la pauvre.
Je ris en l'entendant. J'ai dans l'idée qu'effectivement, ces deux-là voire ces trois-là vont bien me plaire.
VOUS LISEZ
A Lightning Christmas
RomanceChloé mène une vie banale où jamais rien d'intéressant ne lui arrive. Elle joue les larbins dans le cabinet de ses rêves et n'est pas appréciée à sa juste valeur. De même à la maison, il n'y a personne qui partage sa vie. Elle n'a que ses amis : son...