CHAPITRE 39

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Je me sens enfin apaisée, sereine et l'esprit désencombré de tous les petits tracas du quotidien. J'aimerais rester où je suis pendant des siècles, profitant juste du plaisir de dormir.

— Chérie je t'aime, mais tu me baves dessus c'est... dégueulasse.

Oh non... ce n'est pas possible. Ne me dites pas que ça recommence. Pourquoi diable est-ce que je fais tous ces rêves complètement dingues ?

Tónto.

— Oui, mon poussin.

— Hum.

— Eh oui ! Il faut dire à Tatie de se pousser pour que je t'attrape.

Derek ? Jouer avec des enfants ? Ouvrant les yeux, je me sens mal à l'aise et rougis. Je dormais sur son ventre, et mon visage est trop près d'une certaine partie de son anatomie à mon goût. Prise de panique à cette pensée, je me redresse à m'en donner des vertiges. J'ai les cheveux en bataille, ma vue se trouble l'espace d'une seconde avant de se rétablir. 

Le soleil m'aveugle tant il brille haut dans le ciel en cette journée d'hiver austral. Le vent caresse mes cheveux et on entend le bruit des enfants qui courent dans l'herbe fraîche. Le cousin de mon meilleur ami s'est déjà levé pour attraper un petit garçon dans ses bras, pour le soulever dans les airs. 

Le garçonnet éclate d'un rire communicatif en agitant les bras en l'air. À la vérité, je pense que l'altitude subite que Derek lui fait prendre l'effraie autant qu'elle l'amuse. Ce qui explique cette soudaine excitation chez le bambin.

— Bonne sieste ? se moque Amanda en me passant une bière fraîche.

Un rire nerveux m'échappe.

— Je vous trouve tellement mignons tous les deux.

Mon regard s'attarde sur l'amie de Benjamin, et j'aperçois les petites ridules sur son visage. Elles ne sont pas choquantes, mais elles commencent à apparaître. C'est ce qui me prouve qu'Amanda a pris de l'âge et que je dois rêver de nouveau.

— C'était pour le moins inattendu je dirais, mais quand on vous observe ensemble ça semble évident.

— Et ce n'était pas gagné, se moque Benjamin en s'asseyant à ses côtés après lui avoir posé un baiser sur les cheveux. J'en suis toujours aussi étonné d'ailleurs.

Comme c'est... bizarre de voir Benjamin et Amanda avec quelques années de plus. C'est véritablement perturbant. D'autant que ces rêves paraissent si réels aux premiers abords.

— Je n'en reviens pas que tu aies épousé ce crétin, rit Benjamin.

Je souris d'amusement.

— Tu ne pouvais pas faire pire ! Je pensais que tu le tuerais et que tu l'enterrerais dans ton jardin, pas que tu te marierais avec.

— Tais-toi, le réprimande Amanda en lui donnant une tape sur le bras. Tu dis véritablement n'importe quoi.

Mon amie lui adresse un regard assassin qui en dit long, mais qui ne dissuade pas mon meilleur ami de continuer sur sa lancée.

— Vraiment chérie ! Tu te souviens quand ils travaillaient ensemble ? C'était une horreur. À la limite de la boucherie !

J'écarquille les yeux en l'écoutant. Mon Dieu, il a raison. Pourquoi ai-je accepté de travailler avec Derek ? On court à la catastrophe ! Et puis... il y a eu ce... truc dans l'ascenseur. Je n'aurais jamais dû picoler autant. 

Non seulement je viens de prendre la pire décision à court terme, mais en plus je vais constamment me trouver au contact de ce nid à problèmes ambulant. Non ! Je serai ferme. Il ne se passera plus rien. Je m'y refuse catégoriquement. Nous aurons une relation purement professionnelle, sans bévue. 

A Lightning ChristmasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant