CHAPITRE 45

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Je n'aime pas qu'il puisse causer un tel trouble en moi. C'est prodigieusement dérangeant pour la femme que je m'imagine être dans ma tête. Une femme forte, belle, et intrépide, dont la marque de fabrique est son rouge à lèvres écarlate, qui fait tourner la tête de plus d'un homme.

J'adore ce rouge flamboyant qui me va si bien. Je ne m'en défaits plus depuis qu'on me l'a offert à mon anniversaire. 

Si je ne dis pas de bêtise c'est un Channel : rouge allure velvet. Le truc avec ce genre de rouge à lèvres, c'est qu'à chaque fois que vous le portez vous vous sentez irrésistible, sensuelle et pleine de charme. 

Dans l'absolue, c'est sans doute faux mais l'effet recherché est là. En y repensant, une petite retouche ne me ferait pas de mal. Je ne voudrais pas qu'il s'estompe avant la fin de la matinée.

— Tu comptes allumer qui comme ça avec ton jouet ? Se moque Derek en entrant comme dans un moulin.

— Je n'avais pas compris que travailler avec toi, voulait dire avoir un moulin en guise de bureau et écouter tes remarques à deux balles dignes des plus grands machos.

Derek continue de fouiller dans mes étagères nouvellement rangées à la recherche de je ne sais trop quoi. Je le suspecte d'avoir juste envie de me casser les pieds jusqu'à ce que je craque. Ça n'arrivera pas.

— Pas mal.

Je n'ai droit qu'à cette simple phrase avant de le voir retourner dans son bureau. Les remerciements sont encore une fois pour les chiens apparemment. On connaît la chanson me direz-vous. 

Pendant le reste de la matinée, Derek s'amuse à entrer et sortir de mon bureau, à m'appeler pour lui retrouver X dossiers et à me reprocher d'être trop lente. En fin de matinée, mon quota de patience a atteint le ras des pâquerettes.

— Chloé !

Je ne réponds pas.

— Chloé !!

Non. Hors de question. Je sais pourquoi il m'appelle depuis cinq bonne minutes. Pour une chose que j'ai déjà posée sur son foutue bureau à la con. Alors je vais rester là et attendre qu'il remarque qu'il a déjà ce qu'il attend sous son énorme nez !

— Bordel ! Mais pourquoi est-ce que tu réponds jamais lorsqu'on t'appelle ?

Hallucinant.

— Peut être parce que tu n'arrête pas de héler mon prénom comme un fou, en empêchant tes collègues de travailler sûrement, en plus. Que par la même occasion tu m'empêches de me concentrer sur ces dossiers poussiéreux et indigeste. Tout ça pour me demander une chose que je t'ai déjà donnée depuis une heure.

— Je te rappelle que tu bosses pour moi. Tu ne devrais pas me parler sur ce ton désagréable et hystérique.

— Hystérique ? Moi ?!

— Tu t'entends parler ?

— Non mais tu te fiches de moi ma parole ! C'est toi qui abuses depuis ce matin Derek ! Je viens de commencer et tu t'amuses à t'acharner sur moi.

J'essaye vraiment de me maîtriser, mais avec lui c'est toujours si difficile. Je ne hausse pas le ton, mais l'agacement profond que je ressens perce dans ma voix par moment, et la fait dérailler légèrement.

— Qu'est-ce que je disais ? Hystérique.

C'est trop. Il me rend complètement chèvre et je ne le supporte plus. Excédée par sa remarque, je commence à le frapper avec le dossier que j'ai entre les mains.

— Espèce d'imbécile heureux ! Retourne travailler avant que je ne t'assomme avec un volume plus dense !

Derek se protège tant bien que mal de mes assauts. Quelques feuilles glissent de mon dossier pour terminer leur course au sol, mais je n'en tiens pas compte.

— Complètement folle !

Il m'énerve.

— Sale...

La suite de ma phrase s'annonçait emplie de joyeusetés à son encontre. Mais ça, c'était sans compter sur moi et ma maladresse légendaire. Bien évidemment, je ne trouve rien de mieux que de glisser sur les feuilles que j'ai fait tomber. 

La chute s'annonce sans nulle doute mémorable. En prévision de l'impact, je ferme les yeux fortement mais rien ne vient. 

A Lightning ChristmasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant